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Belgique : Les Cannabis Social Clubs explosent

Belgique : Les Cannabis Social Clubs explosent

On s’étonnera de la réaction du Maire de la ville de Namur, qui ne cherche pas à comprendre l’utilité sociale de cette initiative. Comme en France, nos amis Belges veulent provoquer un débat en déclarant leur Cannabis Social Club, et ils proposent une solution pragmatique pour remédier à la criminalité, tout en garantissant une utilisation responsable du cannabis, réservés aux adultes.

Entre une vision française où les promoteurs des Cannabis Social Clubs entendent faire appliquer la loi strictement en demandant d’être poursuivis pour "association de malfaiteurs et la production en bande organisée" devant la Cour d’Assises, et la réalité néerlandaise des coffeeshops, en Belgique et ailleurs ne serait-il pas temps d’adopter l’option des Cannabis Municipal Club ?

http://www.rtbf.be/info/societe/detail_le-bourgmestre-de-namur-ne-veut-pas-d-un-club-de-producteurs-de-cannabis?id=8175365


Ils créent un club de producteurs de cannabis à Namur

Jean-Michel et David consomment du cannabis depuis une trentaine d’années. Il ne veulent plus se fournir dans la rue. Ils ont décidé de créer une association sans but de lucre pour produire du cannabis et le distribuer à ses membres. Et pour se distinguer des organisations criminelles, ils jouent cartes sur table avec les autorités. Ou presque...

"Nous avons écrit au bourgmestre de Namur pour présenter notre association, expliquent les deux fondateurs de l’asbl. Nous attendons sa réponse". Il y a quelques semaines sont parus au moniteur les statuts de leur asbl, dont l’objet social laisse planer peu de doute. "L’association poursuivra les activités suivantes : la culture et la récolte de plants de cannabis appartenant aux membres en vue de leur distribution à ceux-ci et pour leur consommation personnelle exclusivement".

Le modèle vient de Flandre, où l’association Trekt uw Plant tente depuis plusieurs années de faire accepter aux autorités le principe d’une production contrôlée de cannabis, par des consommateurs qui ont "les doigts verts". Il n’est pas très difficile de se procurer tout le matériel nécessaire, quasi en vente libre : les semences, une lampe, un peu d’engrais. Il n’est pas très compliqué non plus de faire pousser un plant chez soi, discrètement, dans son grenier, sa cave ou son jardin. "Une étude criminologique de l’université de Gand en 2007 évaluait déjà à plus de 15.000, rien qu’en Flandre, le nombre de personnes qui se sont ainsi lancées dans une production récréative ou artisanale du cannabis, explique Joep Oomen, président de Trekt uw Plant. Beaucoup produisent ainsi pour leur consommation personnelle et éventuellement pour quelques amis. C’est ce type de producteurs que nous retrouvons dans notre association, qui compte aujourd’hui plus de 350 membres."

Des lieux tenus secrets

Actuellement, l’association Trekt uw Plant possède une douzaine de petites plantations, de 5 à 50 plants maximum, et produit environ 20 kg de cannabis chaque année. A chaque récolte, tous les deux mois, l’association organise une rencontre au cours de laquelle les membres viennent chercher leur herbe, en dédommageant les cultivateurs pour les frais de production. En fonction de la consommation personnelle de chacun, cela correspond environ à la production d’un plant de cannabis. Les lieux de plantation et d’échange sont tenus secrets. "Nous avons plus peur des voleurs et des trafiquants que des policiers", sourit Joep Oomen. Ce qui ne veut pas dire que la justice ferme les yeux. Les fondateurs de Trekt uw plant ont déjà été poursuivis au pénal à deux reprises pour différents chefs d’inculpation. "Nous avons été condamnés deux fois en première instance mais nous avons été acquittés deux fois en appel", constate Joep Oomen.

"Le cannabis de rue est dégueulasse"

A Namur comme à Anvers, les fondateurs d’un social cannabis club militent pour la dépénalisation du cannabis. "Quand vous achetez du cannabis dans la rue, explique Jean-Michel, les dealers vous proposent souvent d’autres drogues, comme de la cocaïne, des amphétamines ou des extazys. Leur marge bénéficiaire est plus grande sur ces drogues dures. Organiser une production contrôlée par l’Etat permettrait de couper l’herbe sous le pied des mafias et des trafiquants."

Et David d’enchaîner : "les drogues de rue sont dégueulasses, coupées avec n’importe quoi pour augmenter le poids : des produits chimiques, des micro billes de verre, etc." Et les deux consommateurs-militants de plaider pour une légalisation de la production de cannabis en Belgique, sous contrôle des autorités. "Les cannabis clubs comme le nôtre pourraient assurer cette production en toute transparence".

En attendant une hypothétique légalisation, les cannabis social club revendiquent une interprétation extensive de la politique de tolérance actuellement observée en Belgique. Le cannabis n’est pas dépénalisé mais les parquets accordent une "priorité minimale" aux poursuites de consommateurs pris en possession d’une petite quantité de cannabis, équivalant à une consommation personnelle. Dans les faits, cette tolérance s’étend de plus en plus à la possession à domicile d’un plant de cannabis permettant au consommateur de produire lui même l’herbe qu’il consomme. Par contre la vente, même de petites quantités, continue à être systématiquement poursuivie.

La justice ne ferme pas les yeux

"Dans un cannabis club, expliquent Jean-Michel et David, les cultivateurs produisent chacun plus que ce qu’ils consomment personnellement, mais pas plus que ce qui est nécessaire à la consommation de l’ensemble des membres. Et ils ne peuvent pas en tirer un profit, juste un remboursement de leurs frais." Cela dit, à Anvers comme à Namur, les administrateurs du social cannabis club reconnaissent qu’ils doivent parfois faire le ménage au sein de leur communauté de cultivateurs. "Il peut arriver que des producteurs rentrent dans notre association dans le but de faire du profit avec la drogue, reconnaît Joep Oomen. Nous devons être attentifs."

Mais les différents parquets du pays ne l’entendent manifestement pas de cette oreille, comme le prouve les poursuites à répétition dont Trekt uw Plant est la cible à Anvers. A Hasselt, le Mambo cannabis club qui avait joué carte sur table avec la police, en dévoilant même les lieux de plantation ont vu récemment toute sa récolte et son matériel saisi par la police. Quant au Parquet de Namur, le procureur du Roi dit ne pas être encore au courant de l’activité du social cannabis club sur le territoire de l’arrondissement. "Mais dans l’état actuel de la législation, estime Philippe Dulieu, je ne vois pas comment ne pas poursuivre ce genre d’activités."

Pour tenter d’éviter la déconvenue du Mambo club de Hasselt, Jean-Michel et David ont décidé de brouiller un peu les pistes : "Nous avons cinq plantations différentes, affirment-ils, dans cinq arrondissements judiciaires différents".

François Louis

http://www.dhnet.be/actu/faits/un-cannabis-social-club-52d610fc357038696e0645c8

L’objectif de la démarche est de relancer le débat autour de cette thématique.

Jean-Michel Sinte est le porte-parole de l’ASBL Sativa, qui devrait inaugurer prochainement son social Cannabis Club. De quoi relancer le débat autour de la substance.

Qu’est-ce qu’un cannabis social club et comment celui de Namur est-il né ?

"Il s’agit d’un club dont les membres font la culture commune de cannabis pour leur consommation personnelle. Cela existe depuis 12 ans, on compte 800 clubs de ce type en Europe. Leur objectif est avant tout de susciter le débat. En Belgique, les plus importants existent à Anvers et Hasselt, il y en a un à Liège. Mon frère et moi sommes originaires de Namur et il a eu l’idée de lancer cette structure en novembre. Cela s’est fait sous la forme d’une organisation à but non lucratif, qui s’appelle Sativa et dont les statuts ont été approuvés par le greffe du tribunal."

Combien de membres comptez-vous ? La production a-t-elle déjà débuté ?

"Nous comptons à l’heure actuelle une cinquantaine de membres, qu’il s’agisse de politiciens, de médecins, d’artistes,... Près de 1.500 personnes seraient intéressées de rejoindre le club. Nous possédons 16 plants. Aucune récolte n’a encore été réalisée à ce stade. Le principe est simple : chaque membre verse une cotisation annuelle de 25 €, le tout se fait dans l’anonymat. Nous faisons constater chaque récolte par un huissier puis tout est redistribué. Les surplus sont détruits, les bénéfices serviront à aider des associations. Nous vendons à 6 € le gramme, soit la moitié du prix du marché."

Quels sont vos objectifs ?

"Nous voulons avant tout susciter le débat : 300.000 personnes consomment du cannabis en Belgique. Tout en jouant un rôle de prévention et d’information, notre structure permettrait de réguler le marché noir et de garantir des substances de bonne qualité car nous cultivons bio, ce qui n’est pas le cas en rue. Cela peut réellement développer une économie sociale : 3 emplois par 50 membres sont nécessaires. La présence d’un psychologue ou d’un assistant social dans un club privé est envisagée."

Est-ce bien légal ?

"La directive ministérielle prévoit qu’une personne peut se balader avec un maximum de 3 grammes sur elle et qu’elle peut détenir un plant de cannabis pour son usage privé. Mais rien n’existe en ce qui concerne ce que nous faisons, à savoir de la culture en commun. Il y a donc un vide juridique à combler à ce niveau. Nous sommes pour une dépénalisation de la consommation et de la culture en commun. Nous sommes ouverts à un moratoire, sur une période de 5 ans, avec pourquoi pas des projets pilotes comme le nôtre. Nous avons informé le bourgmestre de Namur et le procureur du Roi de notre démarche."

Voir en ligne : Pour lire et visionner le reportage diffuser sur RTBF

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