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Cannabis : les États-Unis se préparent à ouvrir leurs premiers « coffee shops »

Les États de Washington et du Colorado ont légalisé la consommation du cannabis à des fins récréatives par voie référendaire en novembre dernier, mais la législation entre en vigueur au 1er janvier 2014.


Cannabis : les États-Unis se préparent à ouvrir leurs premiers « coffee shops »

par Michael THURSTON - Agence France-Presse (LOS ANGELES)

Les adeptes du cannabis aux États-Unis trépignent et comptent les heures avant l’ouverture, le 1er janvier, des premières échoppes du pays commercialisant la marijuana à des fins récréatives, dans les États de Washington et du Colorado.

Espérant montrer la voie à de nombreux autres États, les cultivateurs de cannabis se frottent les mains, tandis que les autorités sont impatientes de récolter leurs premiers impôts sur cette nouvelle activité commerciale — du moins dans sa forme légale.

Certaines sociétés offrent même déjà des voyages organisés, ciblant la masse de touristes attendus pour l’occasion dans l’État de Washington et sur les pistes de ski du Colorado.

Les deux États ont légalisé la consommation du cannabis à des fins récréatives par voie référendaire en novembre dernier, mais la législation entre en vigueur au 1er janvier 2014.

« La nouveauté en elle-même attire les gens de toutes parts », explique Adam Raleigh, patron du fournisseur de cannabis Telluride Bud Company. « J’ai des gens qui vont venir en voiture du Texas, de l’Arizona et de l’Utah, juste pour faire partie de l’Histoire ».

« Ces derniers mois, j’ai reçu chaque jour entre quatre et six courriels, et entre cinq et dix coups de téléphone de personnes me demandant des détails sur la loi et la meilleure date pour combiner vacances au ski et cannabis », assure-t-il à l’AFP.

La consommation de cannabis à des fins médicales est déjà légale et réglementée dans 19 États du pays. Et dans la plupart de ces derniers, la consommation à des fins récréatives n’est pas considérée comme un délit.

Mais le Colorado et Washington ont franchi un pas de plus en mettant en place un système où les autorités locales superviseront la culture, la distribution et le marketing de l’herbe pour le simple plaisir des consommateurs, faisant planer un parfum de « coffee shop » néerlandais sur l’Ouest américain.

Le marché est énorme : selon le cabinet d’études ArcView Market Research, les ventes légales de cannabis augmenteront de 64% entre 2013 et 2014, pour passer de 1,4 milliard de dollars à 2,34 milliards.

Appel à la prudence

Dans le Colorado, célèbre pour ses stations de ski, les autorités ont accordé des licences à 348 magasins, qui pourront vendre jusqu’à 28 grammes de cannabis par transaction aux plus de 21 ans.

Dans l’État de Washington, 3746 demandes de licences ont été déposées, dont 867 pour des magasins, selon le Seattle Times, qui appelle à la prudence dans un éditorial.

« La légalisation du cannabis (est) un séisme dans la politique de contrôle des drogues, peut-être le plus important depuis la fin de la Prohibition », écrit le journal, en référence aux 13 années (1920-1933) pendant lesquelles l’alcool était interdit aux États-Unis. « Les défenseurs comme les opposants n’ont plus qu’à retenir leur souffle ».

L’antenne au Colorado de l’Organisation nationale pour la réforme des lois sur le cannabis (NORML) assure pour sa part que tout le monde va bénéficier de la nouvelle législation.

« Cela va créer de l’emploi, des rentrées fiscales pour l’État, une activité touristique supplémentaire, et entraîner le développement d’une nouvelle industrie dans le Colorado », explique à l’AFP Rachel Gillette, avocate de NORML. « Cela permettra aussi de sortir le cannabis du marché noir », dit-elle.

Michael Elliott, patron du Medical Marijuana Industry Group, souligne que l’afflux de touristes pourrait même entraîner une pénurie de cannabis au Colorado.

« Il est difficile de savoir si l’offre correspondra à la demande, car il est difficile d’évaluer l’impact du tourisme sur cette nouvelle activité », déclare-t-il à l’AFP. « Apparemment, la demande va dépasser l’offre, et je pense que les prix vont augmenter. Mais avec le temps, il y aura plus de vendeurs et donc plus d’offre ».

M. Raleigh compare la légalisation du cannabis à celle du mariage homosexuel, aujourd’hui en vigueur dans plus d’un tiers des États américains.

« Laissons passer six mois. Quand les autres États verront l’argent que nous faisons et quand ils constateront que le monde ne s’est pas écroulé, cela s’étendra comme le mariage gai. On ne peut pas aller contre la volonté des gens », dit-il.

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