PARIS (AP) — Le ministre de l’Intérieur a estimé mardi que les Français avaient le droit de connaître la position de François Hollande, candidat socialiste à l’Elysée, sur la question de la drogue.
Pour M. Guéant, qui s’exprimait à l’Assemblée à l’occasion de la dernière séance de questions aux gouvernement de la législature, "les Français ont le droit de savoir et nous devons poser la question à François Hollande de savoir ce qu’il pense de cette question".
En effet, il serait bon d’avoir des réponses claires et objectives qui ne fondent pas sur la démagogie, le mensonge et l’hypocrisie pour en finir avec une politique de prohibition en échec total, sauf si l’objectif n’était pas celui de la santé publique mais celui de la répression tout azimuts.
"Nous, nous faisons un choix qui est clair : c’est celui de la santé de notre jeunesse", a-t-il souligné, sous les huées des députés de gauche.
Un "choix clair" : celui de faire découvrir les affres de la prison pour des simples usagers n’ayant pas le profil des grands trafiquants, de l´engorgement des tribunaux, de la "batonite" policière, au final bien utile pour les statistiques gouvernementales depuis 2002. Et quid de la "réduction des risques" ? Quand on constate qu’aujourd’hui meme la ganja est frelatée avec des billes de verre, sans parler des produits de coupe du Hasch, il serait grand temps d’envisager un système de production et de distribution permettant de garantir la qualité des produits consommés ! Bien entendu, on continue d’ignorer que depuis 40 ans, 4 générations de jeunes de 20 ans ont goutés au cannabis et aux joies de la répression... Quid de la protection de la santé des adultes, majeurs, socialement intégrés, parents et grands-parents eux-memes usagers du cannabis ? Enfin n’oublions pas toutes les personnes qui recourent au cannabis pour des raisons thérapeutiques et qui sont livrées à elles-memes... N’y-a-t-il pas non assistance à personne en danger, voire une mise en danger d’autrui par le seul fait de laisser au marché noir la possibilité d’accéder au cannabis.
Selon le ministre de l’Intérieur, "certains responsables socialistes, qui se présentent comme (les) porte-parole autorisés (de François Hollande), prônent la dépénalisation et même la légalisation du cannabis".
Comme à l’UMP, le PS est traversé par des courants contraires en la matière. Si le candidat vainqueur des Primaires avait indiqué vouloir un "débat au niveau européen" afin d’harmoniser la politique anti-drogue ; Il serait bon d’avoir en effet une proposition plus claire pour ce qui concerne notre pré carré, comme celle défendue par Daniel Vaillant.
"Certes, cette proposition aurait un intérêt, celui de casser le thermomètre et de faire baisser la délinquance", a-t-il concédé. Il a cependant fait valoir que "pour remonter aux trafiquants, il faut avoir un cadre juridique pour interroger les consommateurs" et que "la légalisation n’empêche pas les trafics, comme l’exemple des Pays-Bas est là pour nous le prouver".
Comment avec deux mensonges, une contre-vérité et un argument démagogique faire prendre des vessies pour des lanternes.
Deux mensonges : Nulle part au monde le cannabis est légalisé, pas meme aux Pays-Bas qui pratique une politique de tolérance bien encadrée. L’exemple des Pays-Bas prouve au contraire qu’une politique pragmatique offre de meilleurs résultats : diminution de la prévalence chez les plus jeunes, réduction des nuisances au niveau de la sureté publique, amélioration de la prise en charge des usagers problématiques...
Une contre-vérité : Il y a bellle lurette, avec l’augmentation du nombre des consommateurs et donc de l’offre, que la réalité démontre au contraire que l’interpellation des simples consommateurs n’a jamais permis l’arrestation de grands trafiquants. D’ailleurs les statistiques officielles de lutte contre la délinquance montrent que les poursuites pour trafic ont diminuées tandis que celles concernant les petits usagers-revendeurs continuent de s’accroitre, avec les effets désastreux des peines planchers pour récidive...
Un argument démago : en effet, "casser le thermomètre" en légalisant, en sortant de la politique de répression couteuse et contreproductive aurait le mérite d’orienter les dépenses de l’Etat vers des missions de réduction des risques plus efficaces et d’adapter la prévention à un discours plus en phase avec les réalités, donc mieux compris, notamment par les plus jeunes.
Assurant que la détermination du gouvernement sur question était "totale", Claude Guéant a souligné que "s’il y a une priorité en matière de sécurité, c’est bien celle de la lutte contre les trafics et la consommation de stupéfiants". AP - tl/mw
Le seul argument valable pour le maintien du statu quo répressif est d’offrir la manne extraordinaire du marché des drogues aux organisations criminelles et mafieuses, et ainsi de consacrer des budgets colossaux pour satisfaire les exigences d’une politique sécuritaire, tout en conservant avec des lois d’exception la possibilité d’un controle social aux allures totalitaires...
Voir en ligne : Pour lire cette information sur le blog d’Arnaud Aubron
Pour lire le dernier bulletin d’ENCOD : http://www.encod.org/info/BULLETIN-ENCOD-85.html