Le Mercredi 26 janvier, le Groupe Horizontal des Drogues, formé par les états membres de l’UE pour coordonner la politique des drogues en Europe, devra décider s’il présente une objection contre la demande du gouvernement bolivien d’éliminer de la Convention Unique des Stupéfiants de l’ONUl’obligation d’interdire la consommation traditionnelle de la feuille de coca. La semaine dernière le gouvernement des Etats-Unis a déjà présenté une telle objection, et on sait qu’il fait pression pour que des gouvernements de l’UE suivent leur exemple.
Dans les pays andins la consommation de la feuille de coca fait partie intégrante d’une culture millénaire. Elle existe depuis plus de 5000 ans et encore aujourd’hui elle sert de complément alimentaire, de médicament, c’est un facteur de rencontres et de fêtes populaires. La feuille de coca est présente dans la vie quotidienne de millions de personnes qui vivent dans la chaîne de montagnes qui traverse le Chili, l’Argentine, la Bolivie, le Pérou, l’Equateur, la Colombie et une partie du Venezuela.
Il est possible de consommer des infusions de coca dans les hôtels, les restaurants, et même dans les ambassades occidentales de Bolivie. Les touristes occidentaux apprennent à apprécier la feuille de coca et nombreux sont ceux qui emportent avec eux quelques dérivés légalement disponibles au Pérou ou en Bolivie. Aujourd’hui on peut trouver ces produits dans des boutiques sud-américaines ou bien les commander sur Internet.
Au fil des années, aucun document scientifique sérieux n’a démontré que la consommation de la feuille de coca a des effets négatifs sur la santé physique et mentale. Au contraire, un grand nombre de rapports scientifiques d’experts andins et internationaux, y compris de l’Organisation Mondiale de la Santé, affirme que la consommation n’a que des effets bénéfiques pour les consommateurs.
Cependant, en accord avec la Convention Unique de 1961, la consommation de feuilles de coca devra être abolie sur une période de 25 ans ( sans que soit mentionner une telle exigence envers la consommation de cocaïne). Depuis lors, la seule utilisation légale de la feuille de coca est limitée aux laboratoires pharmaceutiques qui fabriquent de la cocaïne à des fins médicales, et Coca-Cola qui continue d’utiliser ces feuilles pour leur valeur aromatique. Les pays producteurs de la coca furent exclus de la liste des pays qui bénéficient de cette utilisation légale.
Donc d’une part la Convention Unique des Stupéfiants de l’ONU réserve le droit d’utiliser la feuille de coca comme matière première pour des industries lucratives dirigées par des entreprises occidentales, et d’autre part elle criminalise la consommation traditionnelle. C’est un des actes les plus honteux commis par le monde occidental contre des civilisations dans l’histoire récente.
Faire objection à la proposition bolivienne serait une violation flagrante de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Indigènes, adoptée en 2007, qui établit le droit des peuples indigènes à "maintenir, contrôler, protéger et développer leur héritage culturel, leurs savoirs et leur expression traditionnelle". Si le monde occidental veut éliminer cette pratique alors il lui faudra détruire la culture andine.
Interdire la consommation traditionnelle de la feuille de coca est un acte raciste.
Pour cela, la Coalition européenne pour des politiques justes et efficaces en matière de drogues (ENCOD), entamera une procédure pour porter plainte pour racisme contre les gouvernements européens qui décideraient de faire objection demain à la demande du gouvernement bolivien de modifier la Convention Unique.
Voir en ligne : Le site de l’ENCOD