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Le JIM enquête sur la perception des professionnels de Santé.

On a peine à le croire et c’est un triste constat que nous faisons depuis le lancement de la campagne Cannabis Sans Frontières en 2009. La politiique de prévention en France est inexistante, totalement inféodée aux objectifs de la répression. Seulement 2% des 724 avis des professionnnels de santé, qui ont répondus à un sondage réalisé par le JIM du 8 au 17 avril 2023, jugent la politique de santé "adaptée", quand 56% la considèrent comme "inexistante" et 39% "à améliorer". Mais que fait Nicolas Prisse ?

On lira avec intérêt au bas de l’article, le commentaire publié du Pr Costentin qui dans sa prose habituelle ose cette provocation : "A ces addictologues à contre-emploi, on donne rendez-vous pour reparler de la légalisation des drogues, quand ils nous présenteront leur bilan, attestant de leur capacité à débarrasser des toxicomanies ceux qui s’y sont laissé piéger, après s’être assurés que la Prévention porte ses fruits".

Sauf que le bilan de 52 ans d’application d’une loi d’exception est implacable : la consommation augmente donc le trafic également. L’interdit ne protège pas, au contraire il est criminogène.

Exclusif : Les professionnels de santé très sévères sur la politique sanitaire anti-drogue du gouvernement

Paris, le lundi 17 avril 2023 – Selon notre sondage, 56 % de nos lecteurs jugent que la politique de santé publique à l’encontre des drogues illicites est « inexistante ».

Le 27 mars dernier, l’Office français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et Santé Publique France (SPF) publiaient leur derniers chiffres sur la consommation de stupéfiants en France, confirmant une tendance observée chez tous les addictologues : oui, la consommation de cocaïne est en forte augmentation en France. On compte ainsi 600 000 consommateurs occasionnel de cocaïne en France (au moins une fois par an), tandis que 2 millions de personnes l’ont déjà expérimenté.

Ils sont ainsi 8,4 % dans la population à en avoir consommé, contre seulement 3,9 % en l’an 2000 et l’on compte 1,6 % de consommateurs occasionnel chez les plus de 25 ans, contre 0,3 % en 2000. L’OFDT confirme également que cette drogue, au départ « réservée » à certains privilégiés (traders, stars du show-biz, grands patrons), s’est démocratisée, à cause notamment de la baisse de son prix et est désormais consommé dans toutes les strates de la société. Si un nombre important de Français pensent encore malheureusement que ce produit est relativement inoffensif, la consommation de cocaïne peut en réalité entraîner des conséquences désastreuses sur le plan sanitaire : SPF a recensé plus de 23 000 passages aux urgences liés à la cocaïne entre 2010 et 2023.

Seulement 2 % des professionnels de santé jugent la politique contre la drogue adaptée !

Les dangers de la cocaïne et des autres drogues illicites qui ont été tristement mis en lumière par l’affaire Palmade. Le 10 février dernier, le célèbre humoriste a, selon les premiers éléments de l’enquête, provoqué un grave accident de la circulation, qui a causé le décès d’un enfant à naitre et plusieurs blessés graves, dont un enfant de six ans. Le comédien avait déjà, par le passé, fait publiquement état de son addiction à la cocaïne. Lors de l’accident, il était sous l’emprise de 3-MMC, une drogue de synthèse aux effets proches de la cocaïne et de la MDMA, de plus en plus populaire chez les hommes homosexuels.

A la suite de cet accident très (trop ?) médiatisé, certains ont pu s’étonner voire s’émouvoir du silence du ministre de la Santé François Braun sur cette question de santé publique majeure. Interrogé le 1er mars dernier sur la question de la lutte contre la drogue par la journaliste Laurence Ferrari et sur le manque de campagne d’information du public sur la question, l’ancien urgentiste a offert une réponse quelque peu brouillonne, semblant considérer qu’il était tout aussi important d’inciter les jeunes à ne pas consommer de drogues…que de leur dire de se laver les mains et de mettre un masque !

Beaucoup d’addictologues auraient voulu que l’affaire Palmade et surtout les derniers chiffres de l’OFDT poussent le gouvernement à lancer un véritable plan anti-drogue. Et nos lecteurs semblent partager cet avis. Dans un sondage réalisé sur notre site entre le 8 mars et le 11 avril, 56 % des professionnels de santé jugent que la politique de santé publique vis-à-vis des drogues illicites est « inexistante » ! A l’inverse, ils ne sont que 2 % à la juger adaptée tandis que 39 % considèrent qu’il faut améliorer cette politique (3 % ne se prononcent pas).

Sondagé réalisé sur JIM.fr du 8 mars au 17 avril 2023

Le tournant sécuritaire de la politique anti-drogue
L’appréciation très sévère de nos lecteurs vis-à-vis de la politique anti-drogue du gouvernement est la même quelle que soit la profession de santé considérée. Chez les médecins, ils sont 59 % à considérer l’action des pouvoirs publiques inexistante, et seulement 0,5 % à la juger adapté (40,5 % veulent l’améliorer). Le verdict est à peine moins sévère chez les pharmaciens : 52 % considèrent que le gouvernement ne fait rien contre la drogue (au plan sanitaire), 14 % seulement que les autorités en font assez (et donc 34 % qui veulent améliorer cette politique de santé publique). Enfin, ce sont les infirmières qui se montrent les plus dures avec l’action des autorités : 66 % jugent la politique de santé publique vis-à-vis des drogues inexistante et seulement 1 % la considèrent adaptée.

Dire que la politique des autorités contre les drogues illicites est inexistante est sans doute excessif. Il existe en effet une « mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites actives » (MILDECA) qui coordonne l’action d’une vingtaine de département ministériels différents et dirige 28 programmes distincts.

Mais c’est l’orientation de cette politique qui suscite des interrogations. En effet, sur ces 28 programmes, seulement quatre relèvent uniquement de la santé, de l’enseignement et de la recherche, quand sept sont consacrés à la police et à la justice. Et sur les 1,6 milliards d’euros alloués à cette mission interministérielle, 80 % financent des actions de répression.

La lutte contre la drogue semble ainsi avoir pris un tournant résolument sécuritaire, au détriment de la réponse sanitaire, au grand dam des addictologues et des experts du secteur. Le combat contre la consommation de crack à Paris en est la parfaite illustration : alors qu’aucun projet de création de « salles de shoot » ne parvient à aboutir, les opérations de police musclées à l’encontre des consommateurs et des trafiquants se multiplient. Et tandis que François Braun gardait le silence, Gérald Darmanin a multiplié les déclarations à la suite de l’affaire Palmade, promettant notamment un renforcement des contrôles anti-drogue sur les routes. Une politique sécuritaire sans doute nécessaire pour limiter les effets néfastes de la drogue, mais qui n’arrivera pas à elle seule à vaincre ce fléau.

Nicolas Barbet

Voir en ligne : Pour lire l’article original sur le site du JIM

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