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Lecture commentée d’une série d’articles du Figaro

Faut-il tout croire des enquêtes journalistico-policières ?

Le Figaro se lance dans la description détaillée des conséquences de la prohibition, sans la dénoncer dans tous ses effets collatéraux. Juste de quoi impressionner la « France qui doute » et raviver la « France qui ne se sent plus chez elle ». On se croirait dans un mauvais roman policier, avec des erreurs de style et des approximations. Et pourtant, il faut reconnaître que le phénomène qui est décrit existe, et qu’il faut bien entendu s’en inquiéter. Seulement, il serait peut-être temps de changer la recette de la formule pour tenter de réguler, à défaut de le contrôler, le marché international des drogues.

Avertissement : notre commentaire est directement inspiré des nombreuses réactions postées par les internautes. Nous espérons ainsi donner le meilleur écho possible à leurs propos, que nous partageons

Cannabis : enquête sur les jardiniers de la pègre

Par Jean-Marc Leclerc

23/03/2011 | Mise à jour : 22:31 Réactions (122)

« La lutte contre ce trafic en France devient une priorité parce que les organisations qui s’y livrent figurent parmi les plus dangereuses qui soient » estime le commissaire François Thierry.

De Montpellier à La Courneuve, les mafias investissent dans la culture massive de cannabis en intérieur.
Orléans (700 pieds), Dinan (1000 pieds), Strasbourg (600 pieds), mais aussi Nîmes, Montpellier ou La Courneuve (700 pieds), sans oublier les plus petites villes, à l’instar de Pamiers (Ariège) ou encore Château-Gontier, paisible commune de la Mayenne, où les forces de l’ordre ont mis la main sur plus d’un millier de plans bien gras de la meilleure marijuana. La culture indoor de l’herbe de cannabis dans des locaux commerciaux désaffectés, des entrepôts, des hangars, diffuse partout dans l’Hexagone.

« Comme si le crime organisé avait décidé d’investir massivement dans de nouveaux outils de production plus proches des marchés de consommation », s’inquiète Étienne Apaire, patron de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt).
À l’entendre, ce type de culture rayonne en cercles concentriques depuis les Pays-Bas, où les autorités se montreraient plus pugnaces, ces temps-ci, contre les trafiquants.

Etienne Apaire ne veut pas reconnaître une évidence : l’autoproduction / autoculture est une pratique qui se développe pour plusieurs raisons, la première pour éviter le marché noir, la seconde pour une qualité garantie et/ou contrôlée, la troisième pour le prix raisonnable...

Mais en effet, il y a un gouffre entre des pratiques horticoles solidaires, dans un petit réseau d’autoproducteurs, et les réseaux mafieux et criminels réalisant l’investissement adéquat pour le développement d’une unité de production à grande échelle. Cette différence n’est que justice, dans un monde où « la loi du marché » semble une règle indépassable, et où toute marge pécunière est bonne à prendre... pour ceux qui vivent dans la crise comme pour ceux qui en profitent.

Comme par hasard, une contre-vérité est assénée : les Pays Bas serait le noyau duquel tout partirait, sous entendu que les autorités seraient aussi laxistes que compromises dans ce trafic.

Internet aide à diffuser les méthodes et le matériel.

Le matériel n’est pas illégal, et les méthodes consistent en une activité connue depuis la nuit des temps, avec des petits conseils utiles pour des néophytes.

Et les réseaux s’étendent au fil des mois. « À la manière d’une franchise criminelle », explique le juge Apaire.
Pour le commissaire François Thierry, nouveau chef de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants à la Direction centrale de la police judiciaire à Nanterre, « la lutte contre ce trafic en France devient une priorité parce que les organisations qui s’y livrent figurent parmi les plus dangereuses qui soient ».

La lutte contre le trafic est toujours une priorité, dans un état de droit où les lois ne seraient pas iniques, et totalement obsolètes ou rétrogrades, dans une société où les gens ne sont pas poussés à la schizophrénie parce que pour « vivre heureux mieux vaut vivre cacher »...

Mais de quel trafic précisément s’agit-il ? D’armes, de matières fissiles, d’organes, d’espèces protégées, de voitures de luxe, de fausses monnaies...
On s’étonnera que depuis l’action hyper médiatisée du sinistre Sarkozy à l’intérieur, puis de ses successeurs, des organisations criminelles s’atèlent aujourd’hui à produire du cannabis sous lampes... Surpris d’apprendre que des gangsters hypers « dangereux » se lancent dans des activités horticoles aux rendements aléatoires et nécessitant une immobilisation importante d’individus pour s’occuper des plantes.

Cependant, même sur l’autoculture à des fins personnels représente maintenant près de 40% de la consommation domestique, il est difficile d’admettre que des « jardiniers en herbe » ont franchis le palier pour se muer en « gangsters en herbe ».

(...)Ce policier issu du terrain connaît l’adversaire.

Constatons, qu’il est de plus en plus difficile de faire la distinction sur le terrain entre les méthodes employées par des flics et celles des trafiquants, ne serait-ce à la lecture et dans sa mise en application de l’Article 108 de la loi de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI).

(...) Durant des années, il a été le chef discret du Service interministériel d’assistance technique (Siat), cette structure très spéciale qui forme les agents infiltrés dans les réseaux du grand banditisme et du terrorisme.

"Chef discret du Service interministériel d’assistance technique (Siat)". Heureusement qu’ils n’aient pas appelé ça le Service Technique d’Assistance aux Services Interministériels, on peut imaginer que la population aurait eu quelques réticences !

L’affaire de La Courneuve, révélée le mois dernier, a fait l’effet d’un électrochoc. « Pour la première fois en France, ce type de trafic s’est révélé adossé à un vaste réseau de traite des êtres humains », note le commissaire Lucas Philippe, chef de la division du renseignement à l’Office des stups. Tout repose sur un calcul cynique : la pègre paie le voyage à des immigrés, venus en l’occurrence du Vietnam, et ceux-ci, tels des esclaves, remboursent leurs « bienfaiteurs » en travaillant comme « jardiniers » dans leurs entrepôts, où la drogue pousse sous lumière artificielle. Un système calqué sur celui des ateliers de couture clandestins. Parfois les « jardiniers » sont armés, pour leur propre sécurité. « Dans ce milieu, explique le commissaire Philippe , il n’est pas rare que la concurrence vienne rafler à force ouverte la production en cours. »
Ce durcissement des méthodes serait notamment venu du Royaume-Uni, où une mafia vietnamienne, justement, a su s’imposer pour contrôler la culture indoor.

Un effet « electrochoc » auquel on veut donner une publicité importante, pour décrire une situation prévue de longues dates par ceux et celles qui défendent une réforme de la politique en matière de drogues, et en particulier la légalisation du cannabis. Il n’y a pas qu’à la télé, qu’on peut être tenté de jouer à Qui veut gagner des millions ?

Il est tout à fait normal qu’une stratégie plus efficace, éprouvée d’abord outre-manche, éclose en France, surtout quand on connait le potentiel lucratif du marché français.

« Amsterdam a diffusé le process agricole, Londres fournit le management et le petit personnel », résume d’un trait un analyste de la PJ. La Belgique aussi subit de plein fouet ces évolutions.

La situation aux Pays Bas, où la politique de tolérance de la vente et de la consommation dans des coffee-shops attirant les touristes du monde entier et assurant une « zone grise » pour les usagers locaux, n’a pas résolu le problème fondamental en encadrant légalement la production et la distribution.

(...)En la matière, c’est le rendement qui compte. Ainsi, à raison de quatre à cinq récoltes par an, 700 plans saisis, comme à La Courneuve, correspondent à plus d’une tonne d’herbe produite annuellement. Soit environ 1,5 million d’euros de revenus criminels par an.

Faire pousser des plantes et les vendre est un crime, c’est bien ça le problème. Et puis, il y a une exagèration notoire : En effet, produire une tonne d’herbe avec 700 plants paraît peu crédible. Même avec 5 récoltes par an, cela fait près de 300 grammes par récolte et par plant, ce qui n’est pas réaliste du tout. Les chiffres sont à diviser au moins par trois (les semenciers promettent des rendements maximum de 125g par plant sur leurs catalogues), sachant que les 700 plants ne correspondent probablement pas à une récolte, il doit y avoir des plantes à différents stades de croissance ou de floraison. Alors volonté du journaliste de donner de l’importance au phénomène ou bien est-ce la police qui veut gonfler ses statistiques ?

Une tonne produite annuellement, ça rapporte bien plus que 1.5 million d’euros par an. Déjà en valeur marchande au détail, ça vaut pas loin de 4 à 8 millions (1.000.000 de grammes entre 4 à 8 euros le gramme).

« Ces cannabis factories ne coûtent pas cher à monter, mais elles rapportent 40 fois la mise ! », s’exclame un analyste de l’Office des stups.

Un grand merci à cet analyste de l’Office des Stups de nous montrer la voie pour la sortie de crise du monde paysan ! Qu’en pensent-ils nos paysans qui crèvent dans l’indifférence générale semble-t-il !!!

Il n’est pas rare que les gardiens de ces coffres-forts cannabiques piègent les récoltent pour feinter la police ou les éventuels gangs adverses.

Le pluriel du substantif "récolte" décliné en "ent", voilà une nouveauté ! Mettons cela sur le compte des automatismes incontrôlés du correcteur orthographique du traitement de texte, plus qu’à la plume policière à l’oeuvre dans ce torchon aux ordres du milliardaire Dassault.

En Belgique, les « jardiniers » avaient creusé un trou profond planté de pieux en bambou et caché sous une paillasse, pour que l’« ennemi » vienne s’y empaler. Une vieille technique en vogue au temps du Vietcong.

Oui, du temps où la French connection dominait « le milieu ».

LIRE AUSSI :

- Un vaste entrepôt de cannabis découvert à La Courneuve

- Cannabis : une production française

Cannabis : comment la police judiciaire mène la traque

Par Jean-Marc Leclerc

23/03/2011 | Mise à jour : 22:49 Réagir

Lampes, ventilateurs, engrais, et graines sont du
matériel qu’on peut trouver facilement sur
Internet.

Internet permet à la police de
retrouver des trafiquants qui achètent leur
matériel sur des sites spécialisés.

Les Pays-Bas n’en sont pas à une contradiction
près. Ils exportent sans complexe leurs graines
de chanvre tout en diffusant leurs techniques
d’enquête pour débusquer les centres de
production cannabique. À la Direction centrale de
la police judiciaire, à Nanterre
(Hauts-de-Seine), le savoir-faire des agents des
Stups fera bientôt l’objet d’une large diffusion
au sein des commissariats et des gendarmeries,
sous la forme d’un « Guide de l’enquêteur sur la
culture de cannabis en intérieur ». Histoire de
diffuser aux « collègues » les bons réflexes. C’est
que cette culture laisse une « signature ».
La plante réclame entre 20 et 28°C pour pousser,
et de l’eau à profusion. Pour la débusquer,
l’idéal est de disposer en hiver d’un hélicoptère
avec caméra infrarouge. Il saura détecter les
entrepôts étrangement chauffés, alors qu’ils sont
censés être désaffectés ou contenir des produits
froids, comme du bois ou du ciment. La police
peut également éplucher les factures d’eau et
d’électricité transmises aux propriétaires des
hangars ou des pavillons louches. Car les lampes
au sodium, indispensables à la croissance des
plants, mais aussi les ventilateurs utilisés pour
aérer les salles de production, consomment
énormément. À Tignes, récemment, un
cannabiculteur en appartement a été trahi par ses
excès de kilowatts. Autre méthode : surveiller les
poubelles des zones industrielles. Car du
chanvre, on ne vend que les sommités florales,
celles qui concentrent la substance psychotrope.
Le reste, soit 90% de la plante, n’est pas
conservé, « même si certains trafiquants utilisent
des déchets de feuilles et de tiges pour couper
le produit et augmenter ainsi leur bénéfice »,
explique un commandant de police.

Tout le matériel sur Internet

La traque policière se fait aussi sur Internet,
où les trafiquants trouvent leur matériel :
lampes, ventilateurs, engrais, et graines, bien
sûr. Pas moins de 400 « growshops » sont hébergés
en France, sous couvert d’inoffensives activités
de jardinage. Aux Pays-Bas, le site Sensi Seed
fait l’apologie de sa « banque de cannabis » dans
toutes les langues. On y vend des chambres de
culture ventilées, semblables à des
porte-vêtements, des « boosters de floraison » et
même de quoi apprendre à « cultiver avec la Lune »,
pour optimiser la pousse selon le calendrier
lunaire. De la « shiva shanti » à 20 euros les dix
graines, à la « Marley’s collie », à 120 euros,
« variété de ganja que célèbre le génial Bob
Marley », la banque propose des centaines de
variétés. Et même des produits dérivés :
casquette, tee-shirt, cartes à jouer. Le tout
sera livrable en colis express, dans le monde
entier. Des sites de « jardinage » à peine moins
explicites « poussent » de Saint-Laurent-du-Var à
Montreuil (Seine-Saint-Denis). Et la cyberpolice
engrange les informations sur ceux qui s’y
connectent pour y faire leurs emplettes. Avec
toutefois ce handicap à surmonter : en France, se
faire livrer ces graines de paradis artificiel
n’est pas une infraction pénale, tout juste une
entorse aux règles administratives qui protègent
l’agriculture tricolore.

Voir en ligne : L’article original sur le site Lefigaro.fr

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