De Mexico à Montevideo, en passant par la ville de Guatemala, une partie l’Amérique latine semble aujourd’hui gagnée par le débat sur la dépénalisation, voire, la légalisation de la marihuana. L’Uruguay est sans doute le pays qui est allé le plus loin dans ce sens puisque dans quelques semaines devrait être promulguée une loi visant à encadrer la production, la vente et la distribution de cannabis par l’Etat lui-même.
Rien de tel au Mexique, mais devant l’échec patent de la « guerre contre le narcotrafic » lancée par l’ancien président Felipe Calderon, des initiatives locales ambitieuses apparaissent : ainsi le parlement de la capitale, Mexico, débattra bientôt d’une dépénalisation de la consommation de cannabis. Au Guatemala le président Otto Pérez Molina a lui aussi annoncé son intention de dépénaliser prochainement la consommation du cannabis. Une petite révolution pour des pays qui se sont souvent alignés sur la politique de prohibition inspirée par les Etats-Unis.
Comment expliquer ce qui semble bien être une petite révolution dans la lutte contre les trafics de drogue au niveau continental ?
Il y a d’abord ce constat : la stratégie militaire de lutte contre les cartels a échoué. En témoignent les dizaines de milliers de morts des « guerres contre le narcotrafic » lancées de Botoga à Mexico ces dernières décennies, même si le cannabis ne représente qu’une partie du marché international de la drogue.
Ensuite, la consommation de cannabis n’a pas diminué ces dernières décennies, elle s’est même « démocratisée » et reste d’après l’ONU la drogue la plus largement consommée dans le monde, un constat valable pour l’Amérique latine.
Mais ceci étant posé, la stratégie de dépénalisation et de légalisation du cannabis permettra-t-elle, mieux que la prohibition, de limiter les problèmes posés par cette drogue : dangers pour la santé des consommateurs, violence des cartels ? Au delà des initiatives de Montevideo et de Mexico, va-t-on vers une dépénalisation, voire, une légalisation complète du cannabis en Amérique latine ? Bref, les nouvelles politiques avant-gardistes latinoaméricaines quant à la consommation du cannabis peuvent-elles porter leurs fruits ? Sous quelles conditions ?
Invité(s) :
Jean Rivelois, sociologue, chercheur à l’IRD.
Julio Calzada, secrétaire général de la SND (Secretaria Nacional de Drogas) administration en charge des questions de drogue.
Voir en ligne : Le site de France Culture