•DÉFI DIAGNOSTIC•
Le clinicien / février 2008
La vaccination et le THC pour contrer l’Alzheimer...
Mythe ou réalité ? |
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Le traitement de l’Alzheimer : deux nouvelles approches ?
Le THC en médecine... aussi pour l’Alzheimer ?
On sait que le D9-tétrahydrocannabinol (THC)
est un antinauséeux très efficace pour certains
patients en traitement de chimiothérapie chez qui les
médicaments traditionnels ne fonctionnent pas.
Les
cannabinoïdes synthétiques ont aussi montré leur
efficacité dans le traitement de la douleur chez les
patients souffrant de sclérose en plaques et pour
réduire la pression intraoculaire du glaucome.
Cependant, le cannabis est aussi reconnu pour
affecter la mémoire à court terme, diminuer les
habiletés cognitives et entraîner fréquemment un état
dépressif ou anxieux à long terme. Il semble donc y
avoir une contradiction assez majeure ici !
L’utilisation du THC
Quelques récentes études ont pourtant démontré que
le THC inhibe de façon efficace l’acétylcholinestérase
(AchE) et prévient l’aggrégation de
peptides bêta-amyloïdes (Aß, le marqueur de la maladie
d’Alzheimer). Dans le modèle animal, le THC
s’est même avéré être un inhibiteur de la formation
des plaques amyloïdes passablement supérieur à la
médication traditionnelle.
Il semble que le THC s’attache au site anionique
périphérique du AchE, une région essentielle à la
formation des plaques amyloïdes. Cette efficacité,
remarquable dans des modèles animaux (souris
transgéniques), suggère que le THC pourrait être
Le cas de Julien Julien se présente à votre bureau. Il s’assoit, puis, de but en blanc, vous explique que le rendez-vous n’est pas pour lui mais pour parler de sa grandmère que vous avez en soins. Vous lui avez récemment diagnostiqué une maladie d’Alzheimer et avez tenté plusieurs médications. Elle ne tolère rien et, après quelques jours, refuse d’avaler le moindre comprimé. Julien vous tend une revue populaire où il a surligné quelques passages. L’un d’entre eux vous frappe : « Plusieurs études récentes, dont une provenant du Scripps Research Institute, montrent que le THC, la substance responsable du high dans la marijuana, peut aider à ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer (en fait, il semble bloquer la formation des plaques qui causent l’Alzheimer mieux que plusieurs médicaments courants). » Vous relevez les yeux. Julien vous regarde intensément : « Doc, il faut convaincre ma grandmère de fumer un joint ! » - Que pensez de cette déclaration ? - Qu’allez-vous répondre à Julien ? |
utilisé pour ralentir la progression et même faire
disparaître des plaques amyloïdes et, par conséquent,
avoir un effet favorable sur l’évolution de
la maladie.
Le vaccin d’amyloïde bêta
Le peptide bêta-amyloïde (Aß) semble avoir un
rôle important dans la maladie d’Alzheimer.
Certaines formes familiales ont été liées à des
mutations dans le précurseur de la protéine amyloïde
(APP) et à certains gènes de sénilité. Ces
mutations augmentent la production de la protéine
retrouvée dans les plaques amyloïdes de la maladie
d’Alzheimer.
En laboratoire, on a créé une souris transgénique
présentant une surstimulation de la
protéine sous contrôle du gène mutant APP (la
forme à 42 acides aminés du peptide amyloïde
[Abeta42]), la forme prédominante trouvée dans
les plaques amyloïdes de la maladie d’Alzheimer,
ce qui fait apparaître précocement les symptômes
de la maladie chez les souris affectées.
On a vacciné les souris contre l’Abeta42,
certaines à six mois d’âge, avant l’apparition des
symptômes de la maladie d’Alzheimer, d’autres à
11 mois, après l’apparition de plaques amyloïdes et
des symptômes de la maladie. La vaccination des
souris à l’âge de six mois a prévenu l’apparition de
plaques amyloïdes. Les traitements des animaux
plus vieux a réduit la progression et l’étendue des
symptômes de la maladie d’Alzheimer. On a donc
soulevé la possibilité que la vaccination avec
l’amyloïde bêta pourrait être une façon efficace de
prévenir la maladie d’Alzheimer.1
Il y a un mais !
Le pour
La production du peptide Abeta42, prouvé neurotoxique
in vitro, constitue vraisemblablement le
noeud de guerre de la maladie d’Alzheimer. Cette
production est à l’origine de la mort des cellules
nerveuses par un effet neurotoxique. Les formes
non familiales de la maladie d’Alzheimer, beaucoup
plus fréquentes que les formes familiales,
présentent, comme ces dernières, les mêmes lésions
cérébrales. Il semble clair que l’accumulation
d’Abeta42 se retrouve dans toutes les formes de la
maladie d’Alzheimer. La différence entre les
deux formes se situe dans le mécanisme d’accumulation
: une surproduction dans la forme familiale et
un dégagement inefficace avec accumulation extracellulaire
dans la forme non familiale.
Dans le modèle animal, les souris transgéniques
avec le gène mutant APP présentent des
plaques amyloïdes et conséquemment des troubles
d’apprentissage. Ces plaques et ce trouble
d’apprentissage disparaissent avec le vaccin
d’amyloïde bêta et l’utilisation de THC.
Le contre
Les humains ne sont pas des souris transgéniques,
et il est dangereux de sauter aux conclusions : ce
qui fonctionne chez la souris peut être totalement
inefficace chez l’homme.
Quelques études récentes ont démontré que le THC inhibe de façon efficace l’AchE et prévient l’aggrégation de peptides bêta-amyloïdes (Aß, le marqueur de la maladie d’Alzheimer). |
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Tout comme chez la souris, on retrouve le peptide Abeta42 dans le
cerveau des patients souffrant d’Alzheimer.
Cependant, s’il reflète clairement un dysfonctionnement
cérébral, on n’est absolument pas certain que
la présence de ce peptide soit la cause de la maladie,
il pourrait simplement en être un marqueur précoce.
S’il est neurotoxique chez l’homme, sa toxicité serait
théoriquement maximale lorsqu’il se trouve encore
intracellulaire, là où l’action du système immunitaire
ou de molécules extérieures ne peut avoir lieu.
Les humains ne sont pas des souris transgéniques, et il est dangereux de sauter aux conclusions : ce qui fonctionne chez la souris peut être totalement inefficace chez l’homme. |
Il n’y a aucune relation chez l’homme entre la
concentration du peptide Abeta42 et la dégénérescence
cellulaire. Par exemple, alors que c’est le
cortex occipital qui semble produire le plus d’amyloïde,
c’est pourtant le dernier à présenter des signes
de dégénérescence.
Le modèle de souris transgénique démontrant
l’efficacité du vaccin et du THC est imparfait pour
trois raisons :
• Il ne produit pas l’autre lésion caractéristique de
la maladie d’Alzheimer, soit la dégénérescence
neurofibrillaire ;
• Les plaques amyloïdes des souris transgéniques
sont des plaques solubles, tandis que celles du
cerveau humain sont insolubles ;
• Ces souris ont une surexpression de la protéine
APP qui n’est pas physiologique ; les souris transgéniques
présentent certainement une pathologie
amyloïde qui peut être guérie par vaccination ou
par l’utilisation de THC, mais cette pathologie
n’est pas la maladie d’Alzheimer.
Une histoire à suivre...
En ce qui concerne la vaccination, les essais humains
de phase IIb ont dû être interrompus en raison de
problèmes d’encéphalite. Les essais humains avec le
THC sont à venir…
Il est donc encore un peu tôt
pour recommander à nos patients âgés de fumer un
« joint » ou de consommer des cannabinoïdes
synthétiques pour prévenir ou traiter la maladie
d’Alzheimer. Quant à la vaccination, elle n’est clairement
pas encore mise au point. C’est une histoire à
suivre !
François Melançon, MD Le Dr Melançon est omnipraticien et compte 25 années d’expérience dont 18 en salle d’urgence. Il pratique maintenant en cabinet privé, à Asbestos, et en CLSC, à Montréal. De plus, celui-ci travaille à l’élaboration d’une série de livres portant sur la vulgarisation médicale de la collection Le petit médecin de poche. |
Références
1. Schenk D, Barbour R, Dunn W, et coll : Immunization with Amyloid-
Beta Attenuates Alzheimer-Disease-Like Pathology in the PDAPP
Mouse. Nature 1999 Jul 8 ; 400(6740):173-7.
2. Ramirez BG, Blazquez C, Gomez del Pulgar T, et coll : Prevention of
Alzheimer’s Disease Pathology by Cannabinoids : Neuroprotection
Mediated by Blockade of Microglial Activation. J Neurosci 2005 Feb
23 ; 25(8):1904-14.
3. Eubanks LM, Rogers CJ, Beuscher AE IV, et coll : A Molecular Link
Between the Active Component of Marijuana and Alzheimer’s Disease
Pathology. Molecular Pharmaceutics Jounal online June 11, 2006.
4. Site de l’Association pour le Développement des Neurosciences
Appliquées (ADNA) – Chapitre sur la vaccination :
http://www.alzheimer-adna.com/Abeta/vaccin.html
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+ d’infos :
Voir en ligne : Le site ressource
La seule schizophrénie liée au cannabis est celle engendrée par la prohibition. Un savant cocktail d’hypocrisie et de corruption, de terreur et de charité très indigeste. A un moment on a dit à tout le monde qu’on serait tous offensé pour notre bien, comme une inquisition, c’est très douteux.
oui, très douteux quand on sait la schizophrénie, depuis Mittérand, liée aux "blancs" de l’histoire, on comprend mieux où se situe les mensonges. Les bienfaits du cannabis contre l’oubli sont sans doute à étudier.