Les gendarmes de la brigade de recherche de Colmar et le Groupe d’intervention régional ont interpellé mardi le gérant et deux employés de la jardinerie « alternative » Auxine située rue des Frères-Lumière, dans la zone industrielle nord de Colmar. Ils sont poursuivis pour complicité de détention et d’usage de stupéfiants.
La gendarmerie avait été alertée ces derniers mois par le fait que de nombreuses affaires de trafic mettaient en cause des personnes qui cultivaient leur cannabis à domicile. En surveillant le magasin colmarien, ils se sont aperçus que la majorité de ses clients étaient connus par la justice pour infraction à la législation sur les stupéfiants.
De Strasbourg à la frontière suisse
Commerce légal, Auxine vendait des chambres de culture, des lampes à sodium, des ventilateurs, des engrais en provenance d’Amsterdam… bref, tout le matériel nécessaire pour cultiver du cannabis en intérieur. Du papier à rouler et des « grinders » (appareil à moudre les herbes) étaient également à disposition des clients. Selon les gendarmes, 90 % de l’activité du magasin concernait la culture de cannabis, le gérant prodiguant également des conseils à ses clients.
Mardi et mercredi, les gendarmes ont procédé à une quarantaine de perquisitions, à l’occasion desquelles ont été saisis 408 pieds de cannabis, 40 tentes et chambres de culture, 3,4 kg d’herbe de cannabis, 2,6 kg de résine de cannabis, 80 g de cocaïne et 5750 € en numéraires. Une partie du stock d’Auxine, d’une valeur de 11 600 €, a également été saisie, ainsi que son compte en banque.
Une soixantaine de gendarmes ont participé à l’opération qui s’est déroulée entre Strasbourg et la frontière suisse, la plus grande partie des quantités ayant été saisies dans les circonscriptions de Colmar et de Sélestat.
Un dossier requérant un examen particulier
Hier, le gérant d’Auxine et deux de ses employés ont fait l’objet d’une procédure de comparution immédiate. Ils ont tous trois demandé et obtenu un délai afin de préparer leur défense. Le dossier apparaissant « extrêmement complexe » et requérant « un examen particulier » , le parquet a considéré que le délai sollicité était « tout à fait légitime ». Le tribunal n’a cependant pas suivi sa demande de maintenir le gérant en détention provisoire.
L’audience sur le fond aura lieu le 13 juin. En attendant, les prévenus ont été placés sous contrôle judiciaire, avec obligation de pointer une fois par semaine à la gendarmerie la plus proche de leur domicile et l’interdiction de se rendre les uns chez les autres.
Aucun des trois n’a jusqu’à présent eu affaire à la justice (sauf l’un pour des délits routiers) et tous ont des situations familiales stables.
Deux des clients d’Auxine ont également été interpellés en lien avec ce dossier. Le premier, chez qui 94 pieds de cannabis ont été retrouvés, a été condamné à dix mois de prison avec sursis jeudi. Le deuxième, gros consommateur de cannabis et de cocaïne, était jugé en comparution immédiate hier pour détention de 2,4 kg de résine de cannabis, 80 g de cocaïne et 32 plants de cannabis. Il a indiqué avoir acheté des graines de cannabis chez Auxine. Récidiviste, il a été condamné à trois ans de prison, dont un sous le régime du sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de soins et de travail.
C’est la première fois qu’un gérant de jardinerie est mis en cause en Alsace pour complicité dans une affaire de stupéfiants. Les autorités sembleraient vouloir enrayer le phénomène de la culture maison du cannabis, actuellement en plein développement.
Voir en ligne : L’Alsace