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France-Russie, silence on tue !

Lorsqu’on évoque la Russie et la France, on pense surtout à la puissance nucléaire et à la position d’acteurs majeurs au Conseil de sécurité de l’ONU.

En 2012, comme aux Etats Unis le pouvoir présidentiel devrait changé... même si en Russie, le premier ministre Poutine a organisé sa re-sélection à la Présidence et que les résultats semblent connus d’avance. Espérons qu’en France les choses soient moins évidentes !

Or si l’on prend sous le prisme de la politique en matière de drogues, quel point commun entre la Russie de Poutine et la France de Sarkozy ?

En théorie, sur le fond, il est quasi sûr qu’ils s’entendent comme larron en foire, mais dans la réalité quotidienne de terrain les situations comme les approches sont extrêmement différentes, sauf une coïncidence fâcheuse dans ces deux pays dominant la scène mondiale, où les programmes d’échange de seringues n’existent pas en prison (pour expliciter le titre de ce billet d’humeur).

Alors qu’en France, on évoque la possible ouverture de salle d’injection supervisée dans des villes comme Marseille ou Bordeaux, comme nouvelle étape expérimentale de la politique de réduction des risques, la situation en Russie ressemble aujourd’hui à celle existant en France avant le décret dit « Barzach » en 1987.

A cette époque, les usagers d’héroïne échangeaient leurs seringues avec la peur de se la faire piquer... par la police.

En 1981, le HIV-SIDA est apparu, puis avec le scandale des transfusés au « sang contaminé », on aura pu trouver quelques arguments humanistes pour sauver la vie des « junkies », sauf pour ceux se retrouvant en prison - un scandale toujours passé sous silence... Tout cela pour constater aujourd’hui les effets bénéfiques mais limités d’une politique de réduction des risques toujours aux prises avec les thèses fallacieuses de la prohibition.

Mais depuis 1981 quid de la Russie ? Trente ans plus tard, chaque jour, 150 nouvelles personnes sont contaminées par le VIH-Sida. Selon les données disponibles, on estime à près de 40% le taux de contamination des 1,7 million d’usagers de drogues injectables.

Une solution : la politique de réduction des risques

Le 6 août 2010 lors de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale des Nations unies, Monsieur Anand Grover agissant en qualité de Rapporteur spécial soumet son rapport sur « le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible », conformément à la résolution 6/29 du Conseil des droits de l’homme.

Ses recommandations en conclusion vont dans le sens d’une libéralisation des usages et d’un retrait de la répression des États Membres allant jusqu’à préconiser d’ « abroger ou réformer profondément les lois et politiques interdisant l’accès aux services de santé essentiels aux usagers de drogues, et examiner les initiatives de répression relatives au contrôle des drogues afin de garantir leur conformité aux obligations en matière de droits de l’homme. »

Les mesures sanitaires de réduction des risques sont encouragées et d’autre part détaillées sur la liste ONUSIDA, qui considère que les États Membres devraient veiller à leur accessibilité. Cette politique se propose en alternative au programme (dépassé) de l’ONUDC.

Ces considérations ont aussi été soutenues par l’expertise réunie des organismes de spécialistes des domaines scientifiques, médicaux et sanitaires agissant en matière des politiques communautaires qui ont une portée mondiale. Leur contenu est énoncé dans la Déclaration de Vienne alors que se tenait la XVIIIe Conférence internationale sur le sida (SIDA 2010) du 18 au 23 juillet 2010 à Vienne. La pétition qu’elle inclut compte parmi ses premiers signataires Madame Françoise Barré-Sinoussi, corécipiendaire du Prix Nobel de médecine pour la découverte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

En juillet 2010, le directeur de l’agence onusienne contre la drogue et le crime (ONUDC) a changé : Antonio Maria Costa a cédé son siège à Youri Fédotov.

D’un gestionnaire chargé d’effacer les traces de son prédécesseur, qui avait assurer en 2009 « avoir des preuves » que la contagion de la crise des subprimes aux Etats-Unis aurait été évité grâce à l’apport massif de liquidités pour renflouer de certaines banques avec de l’argent sale des organisations criminelles, nous sommes désormais aux prises avec un représentant de l’ordre poutiniste, véritable diplomate qui a officié de 2005 à 2010 en tant qu’ambassadeur de Russie au Royaume Uni.

Il serait temps que M. Fedotov use de ses qualités personnelles et de sa fonction à la tête de l’ONUDC pour rappeler aux autorités russes leurs obligations fondamentales, afin qu’elles amorcent un changement de politique sanitaire à l’égard des usagers de drogues et pour qu’elles adoptent enfin des mesures pragmatiques et humaines plutôt que de camper sur des positions idéologiques.

A l’occasion de la Journée internationale de lutte contre le SIDA, Cannabis Sans Frontières s’associe à l’initiative du réseau international des Usagers de Drogues afin de dénoncer le statu-quo inacceptable des autorités de la Fédération de Russie.

Mobilisons-nous à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le SIDA.

Rassemblement prévu à Paris le 1er décembre 2011 à 11h, au M° Rue de la pompe.

FARId

Voir en ligne : http://farid2012.org/spip.php?article47

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