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Revue de presse (Mai 2011) : la politique des Drogues dans les médias

Par Aude

Sources : Libération, Le Monde, Courrier International, Les Inrocks, Rue89, sites de l’OFDT, d’Asud et de l’AFR, Alertes mensuelle de l’IDPC + autres sources diverses

Revue de presse du 1er au 31 mai 2011

POLITIQUE PUBLIQUE – INTERNATIONAL :

- « Pourquoi il faut décriminaliser la consommation de drogue », un texte de l’ancien président du Brésil, Fernando Henrique Cardoso ;

- Début mai, une réunion du G8 consacrée à la lutte contre les trafics de drogue suscitait un renforcement des outils de coopération internationale dans la lutte contre les drogues, mais aussi des interrogations sur « les errements de la guerre antidrogue au niveau mondial » ;

- Le directeur de l’ONDUC,Yury Fedotov, a attiré l’attention sur l’importance des droits humains dans le contrôle des drogues ;

- Une « Commission mondiale de politique des drogues » constituée de personnalités telles que que Kofi Annan, Michel Kazatchkine, Fernando Henrique Cardoso et Javier Solana, présentait le 2 juin ses conclusions au Secrétaire général des Nations Unies ;

- « Arrêter la guerre contre la drogue ! »,

- « Faisons le bilan » : diverses campagnes internationales ont été lancées à cette occasion ;
- « Réformons maintenant ! » : une conférence internationale pour la réforme des politiques des drogues se prépare pour novembre 2011 à Los Angeles

POLITIQUE PUBLIQUE – FRANCE :

- Samedi 7 mai, une "marche du cannabis" était organisée dans une dizaine de grandes villes de France : « La Marche mondiale du cannabis qui a lieu aujourd’hui relance le débat autour de la dépénalisation afin qu’elle devienne un enjeu majeur de la présidentielle », écrivait Libération ;

- La mission parlementaire sur la toxicomanie continue ses travaux ;

- Le Comité national consultatif d’éthique a rendu un avis globalement favorable au dépistage des drogues au travail ;

- La Commission Addictions, qui a cessé de siéger depuis 2010, va être reconstituée, a annoncé la secrétaire d’Etat à la santé Nora Berra ;

- Mitterrand et les drogues ? : Arnaud Aubron (Inrocks) revient sur une série de rendez-vous ratés ;

- Deux opérations policières contre la culture indoor de cannabis suscitent le débat sur la question de l’autoproduction

CONSOMMATION :

- Non seulement le marché européen de la cocaïne a presque rattrapé celui des Etats-Unis mais « au cours des dix dernières années la consommation de cocaïne en France a été multipliée par 4 » ;

- « Faut-il avoir peur des addictions ? » : mi-mai, un colloque de la Fédération Addictions réunissait des experts à Lyon,

TEKNIVAL :

- Le teknival du 1er mai a eu lieu cette année sur la base militaire de Laon-Couvron (Aisne), encadré par 700 militaires et gendarmes

PRODUITS :

- Trois notes de l’OFDT ont été publiés en mai : « Nouvelles drogues de synthèse identifiées en France depuis 2008 »,

- « Enquête SINTES 2009 sur la composition des produits de synthèse » et « Héroïne : teneurs et adultérants. Evolutions récentes » ;

- En 2010, et c’est un record, 41 nouvelles drogues ont été officiellement signalées à l’OEDT et à Europol ;

- Le kratom, substance à consommation réglementée en Thaïlande, fait l’objet de nouvelles propositions légales

REDUCTION DES RISQUES :

- Le Programme de santé publique de l’Open Society Fondation [Soros] lance son bulletin sur la réduction des risques ;

- Les inscriptions sont ouvertes à la 1ère Rencontre européenne sur la réduction des risques qui aura lieu à Marseille en octobre prochain

PRISON :

- Avec une note qui n’atteint pas la moyenne (4,5 sur 10), la France ne remplit pas ses objectifs, pourtant déjà en retrait par rapport à ceux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

CANNABIS THERAPEUTIQUE :

- Aux Etats-Unis, la police fédérale prend le contrepied des tolérances locales.

TRAFIC, POLICE, JUSTICE, etc. :

- Un président de tribunal fait gazer un prévenu agité pour le calmer ;

- Liens entre trafic de drogues et terrorisme, ou justification de la « guerre à la drogue » au nom de la lutte antiterroriste ? la question est sans fin ;

- La culture de cannabis indoor en France fait l’objet du 1er numéro d’une nouvelle publication de l’OFDT, la lettre "Drogues, enjeux internationaux" ;

- Règlements de comptes et bavures ensanglantent les quartiers de Marseille sur fond de trafic et de pauvreté,

INTERNATIONAL :

- Au CANADA, le gouvernement fédéral tente toujours de fermer la salle d’injection de Vancouver, contre l’avis des autorités locales. L’affaire a été portée devant la Cour suprême du Canada ;

- ETATS-UNIS : l’International Drug Policy Consortium (IDPC) analyse les changements (modestes) apportés à la politique des drogues américaines par l’administration Obama ; De 2004 à 2007, la banque américaine Wachovia a blanchi 378 milliards de dollars pour le compte de cartels mexicains ;

- GUATEMALA : La police découvre les corps de vingt-neuf personnes assassinées ;

- ITALIE : Les carabiniers ont saisi pour un milliard d’euros de biens appartenant à un clan de la mafia napolitaine et arrêté un responsable de la Camorra près de Naples ;

- KENYA-TANZANIE : rapport de l’IDPC sur la prévention du VIH chez les usagers injecteurs de drogues ;

- MEXIQUE : manifestations, « marches pour la paix et la justice » et appels à la désobéissance civile dénoncent une guerre anti-narcos qui a tourné au désastre ; « Le Mexique s’enterre dans les fosses communes » : père d’un jeune homme assassiné, le poète Javier Sicilia se fait le porte-parole des milliers de victimes de cette guerre ; Tensions autour des telenovelas, accros aux narcos ;

- La NOUVELLE-ZELANDE s’apprête à réviser sa Loi de 1975 sur l’usage de drogues illégales ;

- PAYS-BAS : La Cour suprême a statué que les Néerlandais pouvaient posséder jusqu’à cinq plants de marijuana ; Les touristes étrangers seront bientôt interdits en revanche dans les "coffee shops" ; La POLOGNE s’achemine vers des modes de distinction législative plus clairs entre usagers de drogues et trafiquants ;

- TUNISIE : l’actuel secrétaire d’Etat du ministère de la jeunesse et des sports se déclare partisan de « la dépénalisation totale de la consommation de drogues douces » ;

- VENEZUELA et ETATS-UNIS se mènent une guéguerre diplomatique via un narcotrafiquant ;

- VIETNAM : des experts internationaux de la santé critiquent les centres de traitement forcé

DROGUES LEGALES :

- ALCOOL : On n’a toujours pas trouvé de remède miracle à la gueule de bois ; La Rochelle interdit la consommation d’alcool en centre-ville ;

- TABAC : La Chine interdit de fumer dans ses espaces publics fermés ; La Journée mondiale sans tabac (31 mai) donne l’occasion aux pouvoirs publics d’annoncer diverses mesures en France ; L’Afssaps met en garde contre la consommation de cigarettes électroniques ;

MEDIAS :

- LIVRE : Publication des actes de la conférence « Drogues et cultures » organisée fin 2008 par l’OFDT et Sciences Po (en anglais) ;

- FILM : Voyage au cœur de l’alcool(isme), Un documentaire de Christophe Otzenberger ;

- CLIP : Drugs, un clip stupéfiant du groupe No One Is Innocent ;

- BD : Voyage à Tulum : Fellini ayant échoué à tourner un film d’après Castaneda, c’est une BD qui résultera de leur rencontre ;

- PEOPLE : Bob Dylan a été héroïnomane

POLITIQUES PUBLIQUES– INTERNATIONAL

Fernando Henrique Cardoso : Pourquoi il faut décriminaliser la consommation de drogue

Point de vue www.lavieeco.com 2011-04-20

SAO-PAULO - La guerre contre les drogues est une guerre perdue d’avance. Le moment est venu en 2011 de passer d’une approche répressive à une politique basée sur la santé publique, les droits de l’homme et le bon sens. Telles sont les principales conclusions de la Commission latino-américaine sur les drogues et la démocratie que j’ai réunie avec les anciens présidents Ernesto Zedillo du Mexique et César Gaviria de Colombie.

Nous nous sommes impliqués sur cette question pour une raison impérieuse : la violence et la corruption qui accompagnent le trafic de drogues dans notre région sont une menace grave contre la démocratie. Ce sens de l’urgence nous a amené à évaluer les politiques en place et à rechercher des alternatives crédibles. L’approche prohibitionniste basée sur l’interdiction de la production et la criminalisation de la consommation est manifestement un échec.

A quoi ont abouti les mesures prohibitionnistes appliquées pendant 30 ans avec des moyens considérables ? Simplement à déplacer la production et les cartels de la drogue d’un pays à un autre. L’Amérique latine reste le premier exportateur mondial de cocaïne et de marijuana. Des milliers de jeunes gens continuent à mourir dans des guerres de gangs, tandis que des seigneurs de la drogue règnent par la peur sur des communautés entières.

Notre rapport se termine par un appel à un changement de paradigme. Le trafic des drogues illégales va continuer autant qu’il y aura une demande pour ces produits. Plutôt que de se raccrocher à une politique prohibitionniste qui a échoué et qui ne diminue pas les bénéfices liés au trafic et en conséquence n’affecte pas son étendue, nous devons chercher à diminuer la consommation et à minimiser les dégâts causés par les drogues au niveau individuel et collectif.

La consommation d’une drogue ou d’une autre se retrouve dans pratiquement toutes les sociétés, et cela de tout temps. C’est un phénomène qui touche toutes les classes sociales. Toutes sortes de gens utilisent une drogue pour toutes sortes de raisons : soulager une douleur ou rechercher du plaisir, fuir la réalité ou au contraire affiner sa perception.

La politique recommandée par la Commission est sans complaisance. Les drogues sont dangereuses pour la santé. Elles altèrent la faculté de décision du consommateur. Le partage des aiguilles répand le virus du sida et d’autres maladies. La dépendance peut conduire à la ruine financière, à des violences familiales ou à de mauvais traitements, notamment à l’égard des enfants.

Le principal objectif doit donc être la réduction de la consommation, ce qui exige de considérer les consommateurs de drogue non comme des délinquants à incarcérer, mais comme des patients à traiter. Plusieurs pays ont adopté cette approche qui privilégie la prévention et le traitement plutôt que la répression – et oriente les mesures répressives sur la lutte contre le véritable ennemi : le crime organisé.

La remise en question du consensus prohibitionniste est de plus en plus vive. Un nombre croissant de pays d’Europe et d’Amérique latine commencent à abandonner une politique purement répressive.

Le Portugal et la Suisse sont des exemples convaincants de l’impact positif d’une politique centrée sur la prévention, le traitement et la réduction des dommages. Ces deux pays ont décriminalisé la possession de drogues destinées à la consommation personnelle. Contrairement à ce que beaucoup craignaient, cela n’a pas conduit à une explosion de la consommation. Bien au contraire, la consommation dans son ensemble a diminué et le nombre de personnes demandant à être traité a augmenté.

Quand la politique passe d’une approche répressive à une approche de santé publique, les consommateurs de drogue cherchent plus facilement un traitement. Par ailleurs la décriminalisation de la consommation réduit l’influence et le contrôle que les dealers exercent sur le comportement des consommateurs.

Dans notre rapport, nous recommandons d’évaluer l’intérêt de la décriminalisation de la possession de cannabis en termes de santé publique. La marijuana arrive largement en tête de la consommation de drogues. De plus en plus d’éléments montrent qu’au pire les dangers qu’elle présente sont similaires à ceux de l’alcool ou du tabac. Les dégâts associés à sa consommation – de l’incarcération indiscriminée des consommateurs à la violence et à la corruption qui accompagnent le trafic des drogues – sont la conséquence de la politique prohibitionniste en place.

La décriminalisation du cannabis serait donc un grand progrès en direction d’une politique qui traite la consommation de drogue comme une question de santé publique et non comme une question pénale.

Pour être crédible et efficace, la décriminalisation doit s’accompagner de vigoureuses campagnes de prévention. La forte baisse de consommation de tabac au cours des dernières décennies montre que les campagnes d’information et de prévention atteignent leur objectif lorsque leur contenu est cohérent avec le vécu des personnes qu’elles visent. Le tabac a perdu son aspect attirant, il est taxé et contrôlé, mais il n’est pas interdit.

Aucun pays n’a trouvé une solution globale au problème de la drogue. Mais toute politique suppose un choix clair entre prohibition et légalisation. La pire des prohibitions est celle de la pensée. Maintenant au moins le tabou qui interdisait le débat est brisé. D’autres approches existent, il faut examiner soigneusement leurs résultats.

Une législation et une politique plus humaine et plus efficace sont indispensables pour réguler la consommation de drogue, mais la capacité à évaluer les risques et à faire un choix en toute connaissance de causes est un élément tout aussi important. Oui, les drogues érodent la liberté. Mais il est temps de reconnaître que la répression à l’encontre des consommateurs, enracinée comme elle l’est dans les préjugés, la peur et l’idéologie, constitue une menace sans doute aussi grave contre la liberté.

Copyright : Project Syndicate, 2010. www.project-syndicate.org

Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz

Sarkozy propose d’utiliser les avoirs des narcotrafiquants pour lutter contre la drogue

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 09.05.11

Nicolas Sarkozy a proposé lundi 9 mai la création d’un fonds international de lutte contre le trafic de drogue sous contrôle de l’ONU. Le président français s’exprimait en ouverture d’une réunion élargie des pays du G8 sur le trafic de drogue.

"Pourquoi ne pas utiliser tout l’argent des avoirs des narcotrafiquants pour abonder un fonds international placé sous contrôle des Nations unies contre la drogue et le crime ?" a lancé le président français devant les ministres et ambassadeurs de 21 pays qui participent à ce sommet. "Ce fonds aurait une seule vocation : soutenir le renforcement des capacités des Etats les plus fragiles et les plus affectés par les trafics de drogue. Sa gestion par une organisation des Nations unies à la compétence incontestée garantirait son efficacité et la qualité de sa gouvernance", a-t-il ajouté.

Nicolas Sarkozy a souligné l’importance de s’attaquer au nerf de la guerre : "Combattre les trafiquants, ce n’est pas seulement incarcérer ou saisir la drogue, c’est s’attaquer à la cause première du trafic : l’argent. Il faut priver les narcotrafiquants du produit de leur crime. Il faut punir les criminels, non seulement par de lourdes peines de prison, mais aussi en confisquant leurs avoirs", a insisté le chef de l’Etat.

Entre autres pistes, Nicolas Sarkozy a également suggéré aux participants de ce sommet d’améliorer "la collecte et l’échange de l’information et du renseignement" entre les pays, ainsi qu’une meilleure coopération pour y mettre en place une "chaîne pénale solide et complète".

Le G8 adopte un "plan d’action" contre le trafic de drogue

LEMONDE.FR | 10.05.11 - avec AFP

Les représentants des vingt et un Etats et des neuf organisations internationales qui participaient, mardi 10 mai, à Paris, à un G8 élargi sur le trafic de drogue, ont adopté un "plan d’action" en sept points, dont le ministre de l’intérieur français a dévoilé les principaux axes.

Il a été décidé d’"améliorer la collecte et la mutualisation du renseignement" à propos des trafics internationaux de stupéfiants, a souligné Claude Guéant devant la presse. A cet effet, les quatre plates-formes opérationnelles européennes devraient être reliées aux "centres régionaux d’échange d’informations établis en Afrique de l’Ouest, à Accra (Ghana) et à Dakar (Sénégal), en offrant à l’Amérique latine" d’en créer d’identiques sur ses territoires, a indiqué M. Guéant.

L’ONU CHARGÉE DE CRÉER UN FONDS MONDIAL

Les participants ont chargé l’Organisation des Nations unies de lutte contre la drogue (UNODC, The United Nations Office on Drugs and Crime) du dossier visant à la création d’un "fonds fiduciaire international", comme l’avait proposé lundi Nicolas Sarkozy, a poursuivi M. Guéant. Le président français souhaite que ce fonds international de lutte contre le trafic de drogue soit alimenté par les avoirs saisis des narcotrafiquants.

Par ailleurs, il faut "faciliter les interceptions maritimes (des bâtiments transportant la drogue), en simplifiant les cadres internationaux qui les régissent", a poursuivi Claude Guéant. Le G8 s’est prononcé pour la mise en place d’"accords bilatéraux ou régionaux". M. Guéant a également fait part de la volonté des participants d’"améliorer les capacités de réaction" des différents Etats avec, notamment, la formation de leurs forces de sécurité et l’identification des éventuelles faiblesses à corriger.

Ce plan d’action doit être transmis aux chefs d’Etat et de gouvernement du G8 (Etats-Unis, Russie, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Canada, Italie, Japon), qui doivent se retrouver les 26 et 27 mai à Deauville.

"La lutte antidrogue est un échec mondial"

REUTERS/Albeiro Lopera - Par Jules Giraudat, publié le 10/05/2011

[Entretien.] Alors que s’ouvre ce mardi à Paris une réunion du G8, consacrée à la lutte contre les trafics de drogue, Christine Renaudat et Vincent Taillefumier, journalistes en Colombie, dénoncent les errements de la guerre antidrogue au niveau mondial. Christine Renaudat et Vincent Taillefumier, journalistes en Colombie depuis 10 ans, sont les auteurs de Les tribulations d’un gramme de coke, aux éditions Florent Massot. 

- Qu’attendez-vous du "G8 contre la drogue" ?

Rien. C’est une simple réunion technique entre Etats qui s’échangent des moyens pour lutter militairement contre les drogues et les mafias. Il ne s’agit pas de réfléchir à une révision de fond des politiques antidrogue. Pourtant, ces gouvernements reçoivent de plus en plus de rapports sur l’échec des stratégies antidrogue. Ils les lisent, les connaissent. Mais rien n’évolue. 

- Pourquoi la guerre antidrogue lancée dans les années 1970 est-elle un échec ?

Le nombre de consommateurs et la production ont augmenté. Or, les dirigeants mondiaux n’ont jamais tenté de changer de stratégie. C’est inédit. On dépense des milliards dans un plan qui ne marche pas. La prohibition de la cocaïne, par exemple, alimente l’activité des mafias et des guérillas meurtrières dans les pays producteurs. 

- Depuis 2001, consommer une drogue dure ou en détenir une petite quantité n’est plus un délit au Portugal. Quels sont les résultats ?

Globalement la situation sanitaire s’est améliorée. Le nombre d’overdoses a diminué. La consommation n’a pas connu le boom auquel on aurait pu s’attendre. Enfin, la criminalité liée aux drogues a reculé. C’est positif pour les Portugais. Mais il s’agit d’une initiative isolée qui ne résout rien au niveau mondial. 

- Comment résoudre ce problème planétaire ?

La dépénalisation prend seulement en compte l’aspect consommateur, et non les problèmes qui concernent les pays producteurs. Elle ne considère pas le trafic de drogue dans son ensemble. C’est pourquoi il faut une révision mondiale des politiques antidrogue et pas seulement des ajustements au cas pas cas. 
C’est d’ailleurs ce que préconisent les signataires de l’appel de Vienne lancé fin juin 2010, parmi lesquels figurent des prix Nobel et trois anciens présidents d’Amérique Latine, le Colombien César Gaviria, le Mexicain Ernesto Zedillo, le Brésilien Fernando Enrique Cardoso. 

- A quoi ressemblerait ce nouveau modèle de régulation des drogues ?

On peut imaginer des solutions différentes selon les pays et selon les types de drogue. Un système souple pour le cannabis, de type coffee shop, comme aux Pays-Bas. Pour les drogues dures, un système un peu plus verrouillé de type pharmaceutique, où les produits seraient vendus par des pharmacies labellisées qui effectueraient un accompagnement du consommateur. La publicité de ces produits serait évidemment interdite et les doses strictement régulées par l’Etat. 
A ce jour, 180 à 250 millions de consommateurs ont essayé ces substances alors qu’elles sont interdites et dangereuses. Dans un système légalisé et contrôlé, la pression sociale pèserait sur le consommateur. La légalisation de la drogue mérite au moins qu’on y réfléchisse. Mais le sujet reste tabou. 
En France, l’idée d’une dépénalisation ou d’une légalisation des drogues fait peur. Pourtant, le nombre de consommateurs de psychotropes remboursés est très important dans notre pays. Il y a une schizophrénie. Le débat est nettement plus avancé aux Etats-Unis ou en Angleterre, et je ne parle pas du Portugal et des Pays-Bas. Il faut appliquer à la drogue les méthodes que l’on emploie dans la lutte contre l’alcoolisme : légalisation accompagnée de prévention et d’éducation. Pour le moment, la lutte antidrogue est aussi inefficace que la Prohibition dans les années 1930 aux Etats-Unis. 

Le Directeur exécutif de l’ONUDC place la santé, les droits humains et le contrôle de la criminalité organisée au cœur de la stratégie des Nations Unies

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

Lors d’une visite en Suisse ce mois-ci, Yury Fedotov a attiré l’attention sur l’importance des droits humains dans le contrôle des drogues, la prévention du crime organisé et les stratégies de justice pénale.

Lire davantage (en Anglais) :
http://idpc.net/fr/alerts/unodc-health-human-rights-and-crime-control?

Journal international sur les droits humains et la politique des drogues

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011 (Publication)

Ceci est la première édition du seul journal juridique international révisé par des pairs, et dédié exclusivement aux droits humains et à la politique des drogues. Le journal est publié par le Centre International des Droits Humains et de la Politique des Drogues.

Lire le journal (en Anglais).
http://idpc.net/sites/default/files/library/International-journal-on-human-rights-and-drug-policy-issue-1.pdf?

Avaaz lance sa nouvelle campagne : « Arrêter la guerre contre la drogue ! »

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

Le mouvement mondial en ligne, Avaaz, a lancé un appel majeur pour arrêter la guerre contre la drogue. La campagne cherche à rassembler un million de signatures demandant au secrétaire général des Nations Unies de définir une nouvelle direction pour la politique des drogues. La pétition sera présentée (...) le 2 Juin 2011, aux Nations Unies à New-York, pour coïncider avec la publication du rapport de la Commission mondiale de politique des drogues. Signez la petition !

Texte de la pétition [le 30 mai 2011]

http://www.avaaz.org/fr/end_the_war_on_drugs_fr/?cl=1082879824&v=9210

« Dans 72 heures, nous pourrions enfin assister aux prémices de la fin de la "guerre contre la drogue". Cette guerre coûteuse a totalement échoué à endiguer le fléau de la toxicomanie et a de surcroît causé un nombre incalculable de morts, dévasté des communautés et transféré des trillions de dollars vers de violents réseaux du crime organisé.

Les experts s’accordent à dire que la politique la plus judicieuse est la régulation publique, mais les responsables politiques ont peur de s’attaquer à ce problème. Dans 72 heures, une commission mondiale regroupant d’anciens chefs d’Etat et chefs de la diplomatie de l’ONU, de l’UE, des Etats-Unis, du Brésil, du Mexique et d’autres pays, va briser le tabou et appeler publiquement à considérer de nouvelles propositions, dont la décriminalisation et la régulation des drogues.

Ce pourrait être un de ces tournants critiques qui ne se présentent qu’une fois par génération — à condition que nous soyons suffisamment nombreux à exiger la fin de cette folie. Les politiciens affirment comprendre l’échec de la guerre contre la drogue, mais prétendent que l’opinion publique n’est pas prête à accepter une alternative. Montrons-leur que non seulement nous accepterons une politique sensée et humaine, mais que nous l’exigeons. Signez la pétition et partagez-la avec tous vos proches — lorsque nous aurons atteint un demi-million de voix, la commission mondiale remettra en mains propres notre pétition aux dirigeants de la planète.

Depuis 50 ans, les politiques antidrogue en vigueur ont échoué pour tous et partout, mais le débat public est englué dans la peur et la désinformation. Tout le monde, même le Bureau de l’ONU contre la Drogue et le Crime chargé de mettre en oeuvre cette approche, est d’accord : déployer des militaires et des policiers pour brûler des fermes de culture de drogue, pourchasser les trafiquants et emprisonner les dealers et les toxicomanes, tout cela est une erreur coûteuse. Et le coût humain est massif : de l’Afghanistan au Mexique, en passant par les Etats-Unis, le trafic illicite de drogues détruit des pays dans le monde entier, tandis que la toxicomanie, les morts par overdose et les infections au VIH/SIDA ne cessent de croître.

Dans le même temps, des pays où la législation est moins répressive — comme la Suisse, le Portugal, les Pays-Bas et l’Australie — n’ont pas connu l’explosion de l’usage de drogues prédite d’un air grave par les promoteurs de la guerre contre la drogue. Au contraire, ces pays ont connu une baisse significative de la criminalité liée à la drogue, de la toxicomanie et du nombre de morts, et peuvent à présent se consacrer directement au démantèlement d’empires criminels.

De puissants lobbys continuent d’entraver la route vers le changement, notamment les militaires, les services de maintien de l’ordre et les services pénitentiaires dont les budgets sont en jeu. Et les responsables politiques craignent de perdre leur poste aux prochaines élections s’ils soutiennent des approches alternatives, car ils apparaîtront comme faibles lorsqu’il s’agit de maintenir la loi et l’ordre. Mais de nombreux anciens ministres en charge des politiques antidrogue et anciens chefs d’Etat se sont exprimés en faveur de ces réformes depuis qu’ils ont quitté leurs fonctions. Les sondages quant à eux montrent que les citoyens du monde entier considèrent l’approche actuelle comme étant catastrophique. Le mouvement en faveur de politiques nouvelles et améliorées est en train de gagner du terrain, en particulier dans les régions ravagées par le trafic de drogue.

Si nous parvenons à créer un tollé planétaire dans les prochaines 72 heures pour soutenir les propositions courageuses de la Commission Mondiale sur la Politique des Drogues, nous pourrons neutraliser les excuses éculées en faveur du statu quo. Nos voix détiennent la clé du changement — signez la pétition et faites passer le message.

Nous avons une chance d’entrer dans le dernier chapitre de cette "guerre" sauvage qui a détruit des millions de vies. L’opinion publique mondiale déterminera si cette politique catastrophique est arrêtée ou si les politiciens se dérobent face au besoin de réforme. Mobilisons-nous d’urgence pour pousser nos dirigeants hésitants à écarter le doute et la peur en passe de les submerger, et à retrouver la raison. »

La guerre contre la drogue : Faisons le bilan 

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

La campagne « Faisons le bilan » demande aux leaders mondiaux et aux agences des Nations Unies de quantifier les conséquences involontaires négatives de la politique actuelle de contrôle des drogues, et d’évaluer les coûts potentiels et les bénéfices d’approches alternatives.

Lire davantage (en Anglais) :
http://idpc.net/fr/alerts/count-the-costs-call?

La Commission mondiale de politique des drogues présente son rapport à Ban Ki Moon

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011 (Publication)

La Commission mondiale de politique des drogues [constituées de personnalités telles que] que Kofi Annan, Michel Kazatchkine, Fernando Henrique Cardoso et Javier Solana – présentera (...) le 2 Juin, ses conclusions au Secrétaire général des Nations Unies. L’IDPC a été activement impliqué dans le travail de la Commission depuis sa création.

Lire le rapport en Anglais et en Espagnol.
http://www.globalcommissionondrugs.org/?

Conference internationale pour la réforme des politiques des drogues : « Réformons maintenant ! » 2 - 5 Nov. 2011, Los Angeles, USA

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

Cette conférence est un événement biannuel rassemblant plus de 1000 participants du monde entier qui considèrent que la guerre contre la drogue fait plus de mal que de bien.

Pour davantage d’informations, visiter le site de la conférence. http://reformconference.org/

POLITIQUES PUBLIQUES– FRANCE

Le cannabis en tête de manif

LIBERATION – 6.05.2011 - (Source AFP)

Plusieurs manifestations seront organisées samedi à Paris et dans plusieurs villes françaises à l’occasion de la 10e Marche mondiale du cannabis, pour réclamer la dépénalisation de sa consommation, la régulation de sa production et sa prescription dans un cadre thérapeutique.

Ces manifestations « pour une autre politique des drogues » se tiendront à l’appel de nombreuses associations, dont Act Up, AIDES, le CIRC (Collectif d’Information et de Recherche Cannabique), Cannabis sans frontières, les Jeunes écologistes, EELV, le Mouvement des jeunes socialistes ou la Ligue des droits de l’homme.
« A un an du deuxième tour de la présidentielle, nous espérons que cette mobilisation contribuera à imposer la réforme de la politique des drogues comme thème majeur des campagnes électorales de 2012 », expliquent les associations dans un communiqué commun.

« Sortir de la société de prohibition »

« Notre objectif est aussi de faire renaître le débat du point de vue de la sécurité, et non pas seulement du point de vue du consommateur, car la prohibition du cannabis est devenue une source majeure d’insécurité », a expliqué à l’AFP Fabrice Olivet, de l’association ASUD (Auto-support des usagers de drogue), qui appelle également à manifester.

Cet argument fait écho à ceux de Stéphane Gatignon, maire de Sevran, ville de Seine-Saint-Denis gangrenée par le trafic de cannabis et sinistrée par les violences qui en découlent.
« Sortir de la société de prohibition, c’est (…) libérer des territoires entiers de l’emprise des trafics et de la violence », écrit M. Gatignon dans son livre « Pour en finir avec les dealers », publié en avril.

A Paris, le rassemblement débutera samedi à 14h00 Place de la Bastille. D’autres manifestations seront organisées à Lyon, Marseille, Nantes, Toulouse, Aurillac, Strasbourg mais aussi en Guadeloupe et à La Réunion.

Marche mondiale du cannabis samedi à Paris et plusieurs villes de France

(AFP) – 6 mai 2011

PARIS — Plusieurs manifestations seront organisées samedi à Paris et dans plusieurs villes françaises à l’occasion de la 10e Marche mondiale du cannabis, pour réclamer la dépénalisation de sa consommation, la régulation de sa production et sa prescription dans un cadre thérapeutique.
Ces manifestations "pour une autre politique des drogues" se tiendront à l’appel de nombreuses associations, dont Act Up, AIDES, le CIRC (Collectif d’Information et de Recherche Cannabique), Cannabis sans frontières, les Jeunes écologistes, EELV, le Mouvement des jeunes socialistes ou la Ligue des droits de l’homme.
"A un an du deuxième tour de la présidentielle, nous espérons que cette mobilisation contribuera à imposer la réforme de la politique des drogues comme thème majeur des campagnes électorales de 2012", expliquent les associations dans un communiqué commun.
"Notre objectif est aussi de faire renaître le débat du point de vue de la sécurité, et non pas seulement du point de vue du consommateur, car la prohibition du cannabis est devenue une source majeure d ?insécurité", a expliqué à l’AFP Fabrice Olivet, de l’association ASUD (Auto-support des usagers de drogue), qui appelle également à manifester.

Cet argument fait écho à ceux de Stéphane Gatignon, maire de Sevran, ville de Seine-Saint-Denis gangrenée par le trafic de cannabis et sinistrée par les violences qui en découlent.
"Sortir de la société de prohibition, c’est (...) libérer des territoires entiers de l’emprise des trafics et de la violence", écrit M. Gatignon dans son livre "Pour en finir avec les dealers", publié en avril.

A Paris, le rassemblement débutera samedi à 14h00 Place de la Bastille. D’autres manifestations seront organisées à Lyon, Marseille, Nantes, Toulouse, Aurillac, Strasbourg mais aussi en Guadeloupe et à La Réunion.

Samedi, le monde marche et roule pour le cannabis

LES INROCKS - 6/05/2011 – par Arnaud Aubron

http://blogs.lesinrocks.com/droguesnews/2011/05/06/samedi-le-monde-marche-et-roule-pour-le-cannabis/

De New York à Bratislava en passant par Cali, Jérusalem ou Johannesbourg, des millions de cannabinophiles vont défiler ce samedi dans 255 villes du monde (voir la carte) pour réclamer une politique des drogues plus juste. La Million Marijuana March se déroule chaque premier samedi du mois de mai depuis 1999. Comme souvent, le mouvement est parti de New York, à l’initiative de l’activiste Dana Beal, emprisonné depuis janvier 2011 après avoir été arrêté avec plus de 80 kilos d’herbe. Sa libération figure au programme des revendications, avec la libéralisation du cannabis thérapeutique, la dépénalisation de l’usage…

Si aux Etats-Unis, au Canada ou encore en Espagne, ces marches rassemblent des milliers de personnes, en France, l’événement peine à en attirer plus de quelques centaines. D’abord parce que la village gaulois a son propre rendez-vous cannabique qui résiste encore et toujours à l’envahisseur anglo-saxon : l’Appel du 18 Joint, lancé par Libé en 1976 et repris dans les années 90 par le Circ (Collectif d’information et de recherche cannabique). Ensuite parce que les fumeurs français semblent, à en croire les sondages, se satisfaire de leur sort dans l’un des pays les plus répressifs d’Europe. Ou en tous cas préfèrent se faire oublier.

Cette année, Cannabis sans frontière, qui organise l’événement en France, a toutefois réussi à obtenir le soutien de nombreuses associations : Act-Up, Aides, Asud, Association française de réduction des risques, Circ, Technopol, Ligue des droits de l’homme, Jeunes écologistes, Mouvement des jeunes socialistes… qui appellent à manifester à Paris, Marseille, Lyon, Strasbourg, Nantes… (la liste complète ici) A Paris, le rendez-vous est fixé à 14h00 place de la Bastille. Autre particularité française : la Marche mondiale du cannabis y consiste… en un sit-in. Peut-être parce que fumer en marchant c’est fatigant.

Manifestation pour la dépénalisation du cannabis

(AFP) – 7 mai 2011

PARIS — Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi, à Paris notamment, pour réclamer la dépénalisation de la consommation de cannabis, la régulation de sa production et sa prescription dans un cadre thérapeutique.
Les manifestants étaient 1.500 dans la capitale selon les organisateurs, 250 selon la police. Environ 60 personnes ont défilé dans le centre de Lyon en scandant "cannabis légal", une vingtaine ont été signalées à Cognac (Charente), une dizaine à Marseille...

Aux cris de "je ne me drogue pas, je me soigne" ou "on veut du bédo bio", le cortège parisien, d’où s’échappaient des effluves de chanvre, a marché sans incident de Bastille jusqu’à la place de la rotonde de Stalingrad (XIXe).

"A un an des élections présidentielles, on veut faire émerger le thème de la dépénalisation dans la campagne politique", a dit à l’AFP Farid Ghehioueche, de l’association Cannabis sans frontières.

"Il y a 4 millions de consommateurs réguliers de cannabis en France, 12 millions de consommateurs occasionnels. Il n’y a pas ou très peu de gens qui meurent du cannabis, en revanche, il y a des morts liés au trafic illicite", a souligné pour sa part André Gattolin, délégué national d’Europe Ecologie Les Verts, présent dans le cortège.
"Je suis persuadé que la dépénalisation, accompagnée d’une production de cannabis contrôlée, permettrait de faire baisser cette violence", a-t-il poursuivi, relayant les propos récents de Stéphane Gatignon, maire EELV de Sevran (Seine-Saint-Denis), ville gangrenée par le trafic de cette drogue.

Les participants à cette "marche mondiale du cannabis" ont répondu à l’appel d’une quinzaine d’associations et de groupes politiques, dont Act Up, AIDES, le CIRC (Collectif d’information et de recherche cannabique), Cannabis sans frontières, les Jeunes écologistes, EELV, le Mouvement des jeunes socialistes ou la Ligue des droits de l’homme.

Pour sa part, l’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant (PS) a plaidé samedi pour la fin de la prohibition du cannabis, devenu "une drogue de masse" en France, et dont il vaudrait mieux selon lui organiser la production et la consommation de manière "contrôlée".

Interrogé par RTL sur le fait de savoir s’il était "pour un marché du cannabis contrôlé", le député-maire du XVIIIe arrondissement de Paris a répondu : "Oui (...) Il y a une consommation, c’est un fait, je regrette cela", mais "les sociétés ont toujours été consommatrices de drogue".
Mettant en avant les dangers du cannabis et du THC "la molécule qui pose problème" (le principe actif de la drogue, ndlr), il a enchaîné : "Je pense que si on achetait le cannabis qui serait produit, contrôlé sous l’égide de je ne sais quel office", en limitant son taux de THC, pourrait alors être organisée une véritable prévention.

"Je pense qu’il vaudrait mieux une consommation contrôlée, avec toutes les campagnes d’information, de prévention contre la consommation, pour avertir la personne qui se livre à cette consommation qu’il y a un risque, comme on le fait pour le tabac, l’alcool", a ajouté l’élu parisien, spécialiste des questions de toxicomanies au sein du groupe PS à l’Assemblée.
"Je veux que vous compreniez bien que l’élu et le père que je suis est contre la consommation des drogues, sauf que la prohibition n’entraîne pas la non consommation, au contraire, voilà pourquoi je pense qu’il serait utile d’avoir un débat", a encore indiqué M. Vaillant.

2012, l’heure hash

LIBERATION – 7.05.2011 – Par Michel Henry

Decryptage. La Marche mondiale du cannabis qui a lieu aujourd’hui relance le débat autour de la dépénalisation afin qu’elle devienne un enjeu majeur de la présidentielle.

Faut-il mettre fin à la prohibition du hashich ? Aujourd’hui, dans plusieurs villes de la planète, l’annuelle Marche mondiale du cannabis viendra répéter qu’« une autre politique des drogues est possible ». Les organisateurs (Act Up, Aides, Asud, LDH, Jeunes socialistes, Europe Ecologie-les Verts…) demandent que le sujet devienne un « thème majeur » de la campagne électorale de 2012.

LA PROHIBITION NE REGLE RIEN

Le collectif demande une réforme de la loi de 1970 qui interdit l’usage des stupéfiants. Quarante ans d’interdiction, quarante ans de consommation massive. Et d’échec de la prohibition : 90% environ des produits interdits ne sont jamais saisis par la police. Et même si la répression s’est accrue en France, au moins 95% des consommateurs font un usage illicite sans être inquiétés. Deux experts ont rendu, en 2009, un rapport sans appel à la Commission européenne : selon Peter Reuter et Franz Trautmann, « le problème mondial des drogues n’a pas décliné » entre 1998 et 2007. C’est que la répression consiste, selon le terme d’un policier, à « vider la mer avec une petite cuillère » : faites tomber un réseau, deux autres apparaissent. Les tenants de la prohibition rétorquent que sans répression ce serait pire. Difficile à dire. Pour ses adversaires, ce gaspillage d’argent public ne règle aucun problème et, pire, en crée : « La prohibition est une source majeure d’insécurité », disent les pro-légalisation. Le trafic gangrène la vie de certaines cités, où il pourrit le quotidien des habitants et conduit à des règlements de compte mortels, comme le dénonce le maire écolo de Sevran (Seine-Saint-Denis), Stéphane Gatignon, favorable à l’instauration d’un marché régulé du cannabis (1). Surtout que la portée de l’interdiction est peu évidente. « La criminalisation du cannabis ne sert à rien, indique le collectif. La loi n’influence pas la décision de consommer ou pas. » C’est vrai : aux Pays-Bas, où la fumette est tolérée, on compte en proportion moitié moins de consommateurs qu’en France, où c’est réprimé.

UN « MARCHE REGULE » DU CANNABIS ?

Légaliser serait un moyen de « couper l’herbe sous le pied des trafiquants », seuls bénéficiaires avérés de la prohibition. Le principe : réguler pour démanteler les trafics. Dans les années 20, aux Etats-Unis, la prohibition de l’alcool a été ainsi abandonnée, car elle créait trop d’effets pervers. On est aujourd’hui dans la même situation avec le cannabis. « En suscitant la rareté des produits, la prohibition fait la fortune du crime organisé », argumente Me Francis Caballero. Elle maintient des prix hauts sans faire baisser la consommation. Difficile, de plus, de justifier que certaines drogues (alcool, tabac) soient légales, alors qu’elles provoquent beaucoup plus de morts que le cannabis.

Comment procéder ? En s’inspirant du modèle hollandais : la vente de cannabis est tolérée depuis trente-cinq ans dans les coffee-shops, à raison de 5 grammes maximum, uniquement pour les adultes. Sauf que les Pays-Bas n’ont jamais osé autoriser la production. Du coup, les coffee-shops s’approvisionnent illégalement. Gatignon propose d’aller plus loin en créant une filière agricole. Les taxes générées par la vente légale pourraient financer une politique de prévention.

LA CONSOMMATION AUGMENTERAIT-ELLE ?

Tout le monde se pose la question, personne n’a la réponse. L’exemple du Portugal démontre le contraire : la dépénalisation introduite en 2001 n’a pas provoqué de pic de consommation. Les tenants de la prohibition estiment que sans répression les niveaux de consommation seraient plus hauts. Qu’il faut accroître la pénalisation afin de bien montrer qu’il y a une limite à ne pas franchir. Etienne Apaire, patron de la Mildt (2), le « Monsieur Drogue » français, compare souvent la situation avec la sécurité routière : le nombre de morts sur les routes a commencé à baisser quand on a installé des radars. De même, si on rappelle aux usagers qu’ils exercent une activité illégale, peut-être seront-ils tentés d’écraser leurs pétards. Pas si sûr : en France, 42% des ados de 17 ans affirment avoir déjà fumé un joint, et l’on évalue le nombre de consommateurs réguliers à 2 millions, plus 2 millions d’usagers occasionnels.

QU’EN PENSENT LES PARTIS ?

Europe Ecologie-les Verts est pour une légalisation, Nicolas Hulot penchant pour une simple dépénalisation (pas de prison pour l’usage), alors que Eva Joly est sur la ligne Gatignon. Au PS, Strauss-Kahn a reconnu dans une bio qu’il a fumé des joints, mais prendra-t-il position ? Pas sûr. Les socialistes ont peur d’être traités de « gauche pétard », et leur projet pour 2012 élude la question. Favorable à un marché régulé, Daniel Vaillant, ancien ministre de l’Intérieur, mène un débat interne au PS, dont il doit rendre les conclusions fin mai. Pas sûr que ça fasse avancer le schmilblick.

La droite, elle, est bloquée en mode ultra-répressif. Pourtant, en 2003, Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, proposait de remplacer la peine d’un an de prison pour usage par une contravention. Il a depuis tourné casaque. Néanmoins c’est à la droite qu’on doit deux grandes avancées sur les drogues (en 1987, la vente libre de seringues en pharmacie et, en 1994, l’autorisation des traitements de substitution).
Paralysés par la peur du tabou, les politiques en restent à un argument moralisateur : les drogues, c’est mal, il faut les interdire. Que cela ne serve à rien ne les chagrine pas.

(1) « Pour en finir avec les dealers », Stéphane Gatignon et Serge Supersac, Ed. Grasset.

(2) Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

Marche mondiale du cannabis : la victoire en fumant

Les INROCKS 9/05/2011

http://blogs.lesinrocks.com/droguesnews/2011/05/09/marche-mondiale-du-cannabis-la-victoire-en-fumant/

Un petit parfum de victoire surnageait au milieu des effluves de pétards, ce samedi ensoleillé, de la place de la Bastille à la place Stalingrad, à Paris. A l’appel d’une quinzaine d’associations, quelques centaines de personnes étaient venues demander une « autre politique des drogues » à l’occasion de la Marche mondiale du cannabis, qui se déroulait simultanément dans 255 villes du monde, dont une dizaine en France.
Pas (encore) un mouvement de masse à la hauteur de ce qui peut se passer à New York, Madrid ou Toronto, mais beaucoup mieux que pour les précédentes éditions françaises. Pour Farid Ghehioueche, de Cannabis sans frontière, l’un des organisateurs : « Avoir quinze organisations qui appellent à manifester dans dix villes françaises, c’est un succès. Maintenant il faut réussir à transformer cet essai dans l’année électorale qui vient. Nous devons aller provoquer les politiques qui, jusque-là, ont fait preuve de « couillardise ».

Autre succès de cette édition 2011, la diversité des associations appelant à manifester : « Le mouvement antiprohibitionniste marche enfin sur ses deux jambes », se réjouissait Fabrice Olivet, d’Asud. En effet, au-delà des associations se plaçant sur le terrain des libertés publiques (Cannabis sans frontières, Circ, Encod, Ligue des droits de l’homme) se trouvaient, pour cette dixième marche française, les associations de réduction des risques (Act-Up, AFR, Aides, Asud, Techno Plus). Une unité que l’on n’avait plus vue depuis les manifestations contre la loi de 1970 à la fin des années 90.

Comme toujours, les politiques, eux, se sont montrés discrets sur le sujet : seuls les Jeunes écologistes, le Mouvement des jeunes socialistes et le Mouvement les libéraux de Gauche appelaient officiellement à la manifestation. Plus surprenant, la police elle aussi s’est montrée plus que discrète dans le cortège parisien. La manifestation n’étant « ni interdite, ni autorisée » par la préfecture, elle s’est autorégulée, sans qu’aucun incident ne soit à déplorer.
De ce point de vue également, l’opération a été une réussite, montrant que les partisans de la dépénalisation (ou de la légalisation, c’est selon) ne sont pas les « pestiférés pour lesquels on voudrait [les] faire passer, mais des citoyens à part entière », selon les mots de Farid Ghehioueche :

Côté slogan, la continuité cette fois, avec des choses fleuries du genre : « Plus de hasch, moins de haine », « Non au gaz de shit, oui au cannabis », « On veut du bédo bio »… Mais tout de même, dans les tracts et les discours, la volonté de s’éloigner du seul discours sur la liberté individuelle du fumeur, qui porte peu, pour se placer sur un terrain qui devrait être au coeur de la campagne présidentielle 2012 : la sécurité.

« Le message que nous voulons faire passer c’est que la prohibition est d’abord un facteur d’insécurité pour tous », explique ainsi Fabrice Olivet. Insécurité pour les usagers car la prohibition freine la prévention. Mais aussi insécurité pour les habitants des quartiers sensibles, car la prohibition encourage le trafic et tout ce qui s’en suit. Un thème cher au maire de Sevran, Stéphane Gatignon. Insécurité enfin pour les malades réclamant la légalisation du cannabis thérapeutique. Pour Laurent Appel (Asud) : « Si on prend en compte le coût de la prohibition et si on pose la question d’une meilleure utilisation des effectifs et des moyens financiers, il est évident qu’une réforme des politiques des drogues est urgente. »

En France, le défilé se déroulait également à Strasbourg, où se sont rassemblées une cinquantaine de personnes, à Cognac, où une quinzaine de courageux s’étaient donné rendez-vous, ou encore à Lyon, où a été tourné ce reportage vidéo de France 8 Régional :

MISSION PARLEMENTAIRE. Des élus planchent sur les « salles de shoot »

SUD-OUEST - 10 mai 2011

Quinze députés et sénateurs élaborent un rapport de mission sur la toxicomanie en France. Ils sont venus à Bordeaux. Pour un état des lieux.
Traitements de substitution, salles de consommation supervisée, les besoins, les manques, l’état des lieux. La réunion s’est tenue jeudi dernier au sein de l’association La Case (Centre d’accueil de santé et d’échange) à Bordeaux, en présence de Véronique Lacour, sa directrice, avec, comme invité de marque, le docteur Jean-Pierre Daulouède, psychiatre et fondateur du premier centre de méthadone à Bayonne. Ce dernier a aussi participé à l’ouverture de la salle de consommation de Bilbao au Pays basque espagnol avec Médecins du monde.
Autour de la table, Michèle Delaunay, député socialiste de Gironde, François Pillet, sénateur, et Serge Plisko, député, tous deux coprésidents de la mission toxicomanie. Depuis quatre mois, avec une dizaine de députés et sénateurs, tous partis confondus, ils travaillent à l’élaboration d’un rapport d’information sur la consommation des drogues illicites en France et les moyens mis en place pour aider les toxicomanes.

Maladie chronique

Ce rapport sera achevé fin juin : il aura valeur d’état des lieux et permettra de mettre en place des moyens, de permettre ou pas, l’ouverture de salles de consommation supervisée (souvent dites « salles de shoot »), comme le souhaitent les acteurs de la lutte contre les toxicomanies.
Le psychiatre Marc Auriacombe, spécialisé dans les addictions, a commencé par expliquer sur le plan médical, la réalité de ses patients. « L’addiction est une maladie chronique comme le diabète ou l’hypertension. Son expression est intermittente, la personne dépendante passant son temps à chercher à arrêter, y arrive parfois. On doit donc se préoccuper à faire durer les traitements, plutôt que chercher à les raccourcir. »

Puis, Jean-Pierre Daulouède a évoqué l’installation de la salle d’injections supervisées de Bilbao et ses premières évaluations. « Au centre-ville, il existait une scène ouverte aux toxicos, a-t-il dit. Ils dealaient, consommaient en toute exposition, se mettant en danger. Les politiques, les collectivités, associations sont allés à Genève afin de découvrir la salle de consommation. Avec Médecins du monde, l’ouverture d’une telle salle s’est imposée, ne serait-ce que pour la réduction des risques liés à l’usage des drogues. Il s’agit d’un outil de santé publique indispensable. Les évaluations montrent à ce jour que concrètement les risques ont été réduits, avec diminution notable des overdoses, diminution des transmissions de maladies infectieuses. Les riverains s’en portent beaucoup mieux. Il s’agit du chaînon manquant pour une meilleure accessibilité au soin. »

Débats et polémiques

Véronique Latour a enfoncé le clou, rappelé le retard de la France dans le dispositif de lutte contre les toxicomanies. « Il faudra être cohérent jusqu’au bout. Il nous manque cet outil. Il s’agit juste d’un prolongement du dispositif thérapeutique qui existe aujourd’hui. »

La réunion a duré deux heures, durant lesquelles députés, sénateurs et professionnels ont échangé en toute liberté sur ces dossiers qui suscitent pas mal de débats et polémiques au sein même du gouvernement. « Nous allons chercher des infos partout », a noté François Pillet. « Notre religion n’est pas faite. » Une affirmation qu’ont l’air de contester certains participants à cette réunion de travail.

Éthique : avis favorable au dépistage des drogues au travail

LIBERATION – 20.05.2011

Salariés, faites gaffe ! Le Comité national consultatif d’éthique vient de se montrer étonnamment compréhensif. Dans un avis rendu public hier, il ne s’oppose pas à un « dépistage médical de l’usage des produits illicites en milieu de travail ». Il ajoute même qu’il est « souhaitable et justifié pour les postes de sûreté et de sécurité ». Et il suggère que ce dépistage soit élargi pour ces mêmes postes « à l’abus et même à l’usage de l’alcool ».
Le comité insiste sur le fait que le salarié doit avoir été prévenu qu’il pourra être un jour dépisté. Ces précautions mises à part, voilà un coup de canif inédit « au principe de respect de la liberté des personnes ».

La commission addictions va être reconstituée 

Agence de Presse Médicale (APM), 26 mai 2011 -

La commission addictions, qui a cessé de se réunir en 2010, va être reconstituée, a annoncé la secrétaire d’Etat à la santé, Nora Berra.

"J’ai demandé à la Direction générale de la santé (DGS) de relancer la procédure qui permettra l’adoption d’un nouveau décret et de l’arrêté établissant sa composition", a-t-elle déclaré vendredi lors des premières journées nationales de la Fédération addiction qui se sont déroulées à Lyon.

La Fédération, constituée le 1er janvier, résulte de la fusion de l’Association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie (Anitea) et de la Fédération des acteurs de l’alcoologie et de l’addictologie (F3A).
"Le projet de décret devrait me parvenir sous peu, ce qui permettra de relancer les travaux de cette commission, dont je souhaite qu’elle conserve les mêmes missions", c’est-à-dire "l’évaluation et l’amélioration des réponses aux besoins de prise en charge et d’accompagnement des personnes dans le champ des pratiques addictives".

La commission addictions a été créée par un arrêté du 26 octobre 2006 (cf dépêche APM HMJK6002) mais le mandat de ses membres a officiellement expiré courant 2010. La dernière réunion plénière a eu lieu il y environ un an mais des groupes continuent à se réunir, a confirmé à l’APM un membre.

Interrogé par l’APM, le président de la Fédération addiction, Jean-Pierre Couteron, s’est félicité de la réactivation de la commission. "C’est une instance de discussion très importante. Les avis qu’elle a donnés, surtout à travers le groupe traitement de substitution aux opiacés (TSO) ont compté". "Alors qu’il y a des débats sur différents sujets, comme l’utilisation de Subutex* (buprénorphine, Reckitt-Benckiser) ou le baclofène, il faut une instance comme celle-ci".

Deux sujets sont également d’actualité après l’avis favorable, rendu public en avril, de la commission nationale des stupéfiants et des psychotropes à l’expérimentation d’un médicament de substitution injectable et à la mise à disposition directe de naloxone pour les usagers de drogue comme antidote en cas d’overdose. L’expérimentation s’adresserait à "des patients dépendants aux opiacés et en échec thérapeutique avec les traitements par voie orale actuellement autorisés en France (buprénorphine et méthadone)".

RELANCER LA PREVENTION

Sur la relance des actions de prévention des addictions, que les acteurs du secteur réclament, Nora Berra s’est montrée moins catégorique.
La secrétaire d’Etat a d’abord expliqué que les programmes de santé publique avaient été "impactés" par le contexte "contraint" des finances publiques, reconnaissant que les budgets régionaux étaient "en baisse". Elle a indiqué qu’elle serait "attentive" à ce que ces budgets soient "arbitrés favorablement" en 2012.

"La situation des actions de prévention est catastrophique", déplore Jean-Pierre Couteron. "Il y a de moins en moins d’argent. Or ces actions font partie des interventions à mener à différents niveaux. Il est inutile d’opposer les approches qui sont complémentaires : la prévention, la réduction des risques, les soins. C’est l’objectif même de la Fédération addiction que de mener les trois".
"Agir par la prévention a un objectif clair de contribuer à poser des bases éducatives pour un non usage ou pour un usage maîtrisé", alors que la société fonctionne désormais sur une "hyperconsommation" et une "immédiateté" qui est en contradiction avec des valeurs de modération, souligne-t-il.

"Il y a un discours très politique qui base tout sur l’interdiction. Or il ne peut pas y avoir une réponse unique. Il faut déployer des actions sur l’ensemble des situations : il faut de la prévention sur les dangers des drogues, une intervention précoce, de l’éducation pour atténuer les risques quand on consomme des substances".

Mitterrand et les drogues : rendez-vous ratés avec l’éléphant rose

LES INROCKS – droguesnews – 18 mai 2011 – par Arnaud Aubron

« Les drogues, il vaut mieux ne pas en parler, car si on en parle, il faut hurler avec les loups.” En une phrase, rapportée par la sociologue Anne Coppel, François Mitterrand résume ce qui sera la non-philosophie du PS au cours de ses deux septennats et bien au-delà : une litanie de rendez-vous manqués.
Par peur d’apparaître laxistes, voire complices, par désintérêt, les socialistes optent pour l’immobilisme. Jusqu’à ce que le sida ne force à agir. Et là encore, c’est finalement lors des deux cohabitations avec la droite que seront prises les mesures phare de la réduction des risques. Faut-il y voir un signe prémonitoire ? : le lendemain de l’élection de François Mitterrand à l’Elysée, Bob Marley meurt à Miami.

Une question taboue

En 1978, le PS s’était pourtant engagé à dépénaliser l’usage de cannabis. Trois ans plus tard, François Mitterrand a déjà effacé les drogues de ses 110 propositions. “Pour les socialistes, qui sont passés à côté de Mai‑68 et de la contre-culture, la question des drogues fait sourire. Ils sont alors persuadés que la dépénalisation existe de facto, ce qui n’est pas exact. Mais il est vrai que ceux qui se font arrêter sont généralement basanés”, explique Anne Coppel, pionnière de la réduction des risques.

Nouveau symbole : Géné, journaliste à Libé, le journal de “l’Appel du 18 joint”, est condamné pour trafic de drogue quelques semaines après l’élection de Mitterrand. Dans son appel à la libération de son camarade (“La vérité sur la drogue, c’est justement son travail”), Serge July s’en prend à l’hypocrisie socialiste sur le sujet.

Il faudra attendre avril 1983 pour que le président de la République aborde officiellement le sujet… pour demander à “l’Etat tout entier de se mobiliser” contre les drogues, rapporte Jean-Pierre Galland dans Fumée clandestine. C’est l’autre tournant de la rigueur. Le 20 novembre 1985, le Conseil des ministres organise la chasse aux revendeurs. Pour Anne Coppel, « Mitterrand prend conscience que la meilleure façon de rassurer l’opinion est de prendre ses peurs au sérieux, et donc de renforcer la loi. La question des drogues devient taboue.”
Claude Olievenstein, psychiatre spécialisé dans le traitement de la toxicomanie, résume alors l’état d’esprit ambiant : “Nous avons mis beaucoup d’espoir dans une politique nouvelle. Force est de reconnaître que nous n’avons reçu aucun nouveau moyen.”

Réduction des risques

La guerre à la drogue s’intensifie en 1986 avec la victoire de Chirac, qui promet, sur fond de France Cartini chantant en 1987 “Dis-leur merde aux dealers”, que tous les toxicomanes seront punis ou soignés. Mais de fixes en aiguilles, l’héroïne s’est installée, un toxico sur deux a le sida et le crack fait son apparition aux Etats-Unis. Chirac, d’une autre génération que Mitterrand, prend la question des drogues au sérieux. Tout à la lutte contre ce “fléau”, il autorise donc sa ministre de la Santé, Michèle Barzach, à mettre les seringues en vente libre. C’est en France la première mesure de réduction des risques.
1988, nouveau raté socialiste. A peine nommé ministre délégué à la Santé, le célèbre cancérologue Léon Schwartzenberg se prononce pour un dépistage systématique du sida chez les femmes enceintes et pour la légalisation des drogues. Il est remercié après neuf jours. Un record.

Mais au début des années 90, l’héroïne est devenue, en Ile-de-France, la première cause de mortalité chez les moins de 35 ans. Il faut agir. Présidente de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), Catherine Trautmann met en place de timides programmes d’échange de seringues :
“Nous n’avons pas eu l’élan pour faire une grande politique de santé publique, parce que l’on n’a pas mesuré l’ampleur de tous ces risques. Mais ce qu’il faut reconnaître à François Mitterrand, c’est qu’il n’y avait pas d’interdit.” Des associations comme Médecins du Monde, Aides, Asud… tentent de convaincre le nouveau ministre de la Santé, Bernard Kouchner, signataire de “l’Appel du 18 joint”, de prendre modèle sur nos voisins européens pour venir en aide aux toxicomanes. L’ex-French doctor ouvre le débat sur les traitements de substitution à l’héroïne et promet deux cents places de méthadone. A l’Intérieur, Paul Quilès s’y oppose. Et obtient gain de cause.

Les mesures courageuses de Simone Veil

Il faudra finalement attendre le gouvernement Balladur et Simone Veil en 1993 pour que soient prises des décisions courageuses : kits stériles en pharmacie, échange de seringues, accueil des toxicomanes à l’hôpital, “boutiques” spécialisées et surtout traitements de substitution.
“Simone Veil a écouté les experts, pris les mesures, et ce qui est formidable, c’est qu’elle les a fait appliquer, approuve Anne Coppel. Pendant l’hiver 1993-1994, elle s’est battue place de méthadone par place de méthadone. Elle a fait un travail miraculeux.”

Entre 1994 et 1999, les overdoses mortelles baissent de 79 %, les morts liées au sida sont divisées par trois.
La ligne du PS, elle, n’a toujours pas varié aujourd’hui : pour se droguer heureux, il faut se droguer caché. Si des personnalités socialistes isolées comme Daniel Vaillant ou Najat Vallaud-Belkacem se prononcent pour la dépénalisation, aucun des candidats à la succession de Mitterrand à l’Elysée ne s’aventure sur ce terrain. Par peur de “devoir hurler avec les loups“ ?

Voulant lutter contre le cannabis, Etienne Apaire pousse la criminalité

Tribune. Par Laurent Appel (Auto-support des usagers de drogues), Jean-Pierre Galland (Collectif d’information et de recherche cannabique), Farid Ghehioueche (Cannabis sans frontières).

RUE89 – | 27/05/2011 –

Nous avons assisté à deux opérations de police largement médiatisées. Elles font suite aux alertes de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) et de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) sur le développement de l’autoproduction de cannabis, et le risque de production massive sous contrôle d’organisations criminelles.
Ce qu’elles démontrent, c’est que le risque majeur d’escalade dans la violence et l’insécurité est accentué par la politique d’Etienne Apaire, le président de la MILDT.

En France, la production de cannabis par la mafia est industrielle

Le 8 février 2011, en cherchant à démanteler un réseau vietnamien de travail clandestin, les policiers trouvent 700 pieds poussant sous lampes dans le centre de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. La France rejoint la liste des pays occidentaux où les mafias produisent du cannabis en quantité industrielle (Belgique, Canada, Pays-Bas, Tchéquie, Royaume-Uni, USA). Au Royaume-Uni, dans les six dernières années, la production locale est passée de 15 à 90% du marché, avec une explosion de la criminalité induite et une inflation des coûts de la répression. Dans le même temps, le Maroc, en collaboration avec l’ONU a réduit de 65 % ses surfaces cultivées de cannabis. A cause des produits de coupe toxiques, de nombreux usagers français se détournent du haschich vers l’herbe. Les conditions sont donc remplies pour que des organisations criminelles réorientent le marché national en circuits courts. Le contrôle de la vente génère déjà une violence digne de la frontière mexicaine et son lot d’homicides, comme à Marseille le 11 mai 2011 où deux hommes ont été abattus à l’arme de guerre ainsi qu’à Paris (XIVe) le 22 avril dernier, sans oublier les récents incidents sanglants à Sevran, en Seine-Saint-Denis.

Pénaliser les petits producteurs au profit des mafias

Le contrôle de la production par les gangs va intensifier cette insécurité. La guerre à la drogue peut provoquer dans nos cités les mêmes ravages que dans les pays du Sud.

Parallèlement, le 6 mai dernier, Etienne Apaire se félicitait du succès de l’opération Cannaweed, du nom du site Internet espionné pendant un an par des cyber-gendarmes. L’enquête a mobilisé 19 parquets, des dizaines de policiers ont procédé à 23 perquisitions et 18 interpellations dont 14 gardes à vue. Cette opération de grand style a permis la saisie de cent pieds de cannabis et quatre kilos de fleurs et de résine, soit une moyenne de cinq pieds et 222 grammes de cannabis par interpellation. C’est-à-dire le démantèlement spectaculaire d’un petit réseau d’autoproducteurs qui parfois dépannent quelques proches. Rien à voir avec une mafia internationale ou un gang de quartier qui pourrissent la vie des citoyens et menacent la démocratie et l’économie officielle.

L’opération ballon de baudruche

L’objectif d’Etienne Apaire est de dissuader les consommateurs de pratiquer l’autoproduction en allant s’informer et s’équiper sur Internet. Il espère ainsi que l’indisponibilité du produit les poussera à arrêter leur consommation. Cela sera le cas d’une infime minorité, les autres retourneront sur le marché noir augmentant ainsi son attractivité, tout en s’exposant à des risques sanitaires et sociaux. Cette opération est un effet d’annonce, un ballon de baudruche, Etienne Apaire aggrave le problème en prétendant le régler.

L’autoproduction est actuellement l’unique moyen pour l’usager de se prémunir contre le cannabis frelaté du marché noir, sans participer à la dérive mafieuse. Il serait plus judicieux de dépénaliser la consommation des majeurs et de réglementer la production sous une forme individuelle et collective. Nous pourrions alors utiliser les budgets et les effectifs consacrés à la prohibition pour la lutte contre le crime organisé et la violence aux personnes, la prévention et l’information sur la dangerosité des drogues, la prise en charge socio-sanitaire des consommateurs abusifs. Une autre politique des drogues est possible.

Cultiver votre cannabis maison ? Il y a des magasins pour ça

RUE89 | 29/05/2011 - Par Thomas Monnerais (journaliste)

Sa première tentative, c’était en terminale. Il ne savait pas très bien comment s’y prendre. Il a trouvé de l’aide dans un « growshop » : « On sait très bien que ces magasins servent à ça. A l’intérieur, on ne prononce jamais le mot cannabis. Le personnel comme les clients préfèrent parler de “plantes”. Mais les vendeurs sont des experts, ils distillent de bons conseils. » Les bons tuyaux, mais aussi les bons produits : « Dans ces magasins, il y a tout ce qu’il faut pour lancer sa culture en un après-midi. »

Joseph a 26 ans. Etudiant propre sur lui, il cultive « sérieusement » du cannabis chez lui depuis trois ans. Dans sa chambre trônent une « box » éclairée et ventilée, et une dizaine de produits : engrais, nutriments, substrats et pipettes, tous de la marque Canna. Sans parler des trois plants en pleine floraison.
Consommateur quotidien de cannabis, il s’est lancé dans l’autoculture pour pouvoir fumer un produit moins cher et de meilleure qualité. Mais aussi pour « ressentir l’énorme satisfaction » de consommer les fruits de son travail. « Petit bras » de son propre aveu, Joseph produit peu mais passe néanmoins beaucoup de temps à soigner ses plantes.

Plus de 47% de l’herbe fumée en France est produite sur le territoire. Ce sont principalement des consommateurs réguliers qui la font pousser. Ceux que les deux chercheurs David Weinberger et André Brothier décrivent comme des « cannabiculteurs consommateurs motivés par l’objectif d’assurer leur consommation personnelle et par la volonté de rompre avec les réseaux de distribution traditionnels. »

Sans les growshops, pas de culture d’intérieur

Les growshops, des boutiques de jardinerie intérieure ou d’hydroponie, fleurissent dans les centres-villes. Selon les sources, on en dénombre entre 216 et 400, souvent des franchises.

A l’intérieur, des plantes de toutes les couleurs, des sacs de terreau, des graines, des dizaines de bouteilles d’engrais derrière le comptoir, des ventilateurs, des thermomètres, des pots, des boites éclairées avec une lampe de sodium. « Tout comme dans les jardineries traditionnelles », affirme Jean-Pierre Galland, cofondateur du Centre d’information et de recherche sur le cannabis (Circ). « Les growshops n’ont fait que suivre le mouvement » de l’autoculture, qui remonterait à 1995.
Joseph, l’étudiant, ne dit pas autre chose : « Les growshops facilitent les choses. S’ils n’existaient pas, on pourrait toujours se lancer dans l’autoculture a minima, en bricolant. Mais grâce à eux, on peut cultiver tout en vivant dans un environnement urbain. Sans eux, j’aurais sûrement attendu d’être plus tranquille, à la campagne. »

« Rien n’interdit de vendre du matériel de jardinage »

Dans les growshops, on se montre, sans surprise, réticent à parler de la question de la culture de cannabis. Au mieux, on feint l’étonnement. Les propriétaires insistent sur le caractère légal de leur commerce. Hervé est le gérant de Culture-Kaya, à Troyes : « Rien n’interdit de vendre du matériel de jardinage. Ça fait huit ans que j’ai une activité normale. » Si l’usage de leur marchandise est détourné, ce n’est pas son souci :
« C’est comme les gens qui achètent des flingues et qui vont tuer des personnes avec. On ne va pas voir l’armurier ! Après, il y a peut-être des magasins qui s’affichent plus que d’autres. C’est leur problème. De toute façon, ce n’est pas le premier rapport qui dit ça et ce ne sera pas le dernier. »
Les propriétaires de ces boutiques ne veulent pas mettre en danger un business qui se porte bien en faisant du prosélytisme. Ils préfèrent mettre en avant d’autres activités, comme la création de murs végétaux.

« Quand c’est à l’intérieur, on ne peut pas faire grand chose »

Jean-Pierre Galland confirme la difficulté des forces de l’ordre à lutter contre le phénomène : « Les policiers peuvent difficilement agir. Ce sont des business comme les autres, tant qu’il ne font pas d’incitation à la consommation de la drogue. » Encore faut-il que les policiers connaissent leur existence. Yannick Danio, responsable de la communication du syndicat policier SGP-FO, « ne connait pas du tout ces boutiques ». Christine Chastenet, magistrate déléguée à la communication de la cour d’appel de Bordeaux, explique :
« Vous savez bien qu’on ne peut pas rentrer chez les gens sans motif. Donc, de fait, quand la culture de cannabis se pratique à l’intérieur, on ne peut pas faire grand chose. C’est principalement quand il y a une incidence avec une autre affaire que l’on tombe dessus et qu’on peut entamer les poursuites. »

« Au moins, cette drogue n’est pas coupée »

Résultat, l’autoproduction de cannabis a de beaux jours devant elle. D’autant plus qu’elle permet, selon le Circ, « de ne pas alimenter le crime organisé. D’améliorer la santé publique. Au moins, cette drogue n’est pas coupée », avec du sable ou du verre pilé, par exemple. Jean-Pierre Galland estime avoir identifié un autre facteur important de l’essor de l’autoculture : « Le vrai problème, c’est la politique de répression. S’il y a un tel essor de l’autoculture en France, c’est à cause d’elle. » Laure, de Caan’abus, un lieu d’accueil pour les jeunes consommateurs, ne dit pas autre chose : « De toute façon, on tourne en rond. L’Etat lutte contre le cannabis mais permet toujours la vente des feuilles à rouler longues ou des bangs. »

En attendant un improbable changement de la loi concernant la qualification des stupéfiants, reste pour les autorités le problème des nombreux forums sur le Web, sur lesquels les cultivateurs peuvent échanger conseils et impressions, et des dizaines de boutiques proposent graines et matériel en ligne.

CONSOMMATION

Le marché européen de la cocaïne a presque rattrapé celui des Etats-Unis
Il représente environ 33 milliards de dollars annuel contre 37 milliards outre Atlantique.

LIBERATION – 9 mai 2011 – Source AFP

Le marché de la cocaïne en Europe, en forte progression, a presque rattrapé celui des Etats-Unis, représentant environ 33 milliards de dollars contre 37 milliards outre Atlantique, a indiqué lundi à Paris le directeur exécutif de l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) Youry Fedotov.

S’adressant à quelques journalistes M. Fedotov, arrivé en France pour participer mardi à la réunion des ministres de l’Intérieur du G8 sur la lutte "contre les mafias du crime", a précisé "qu’au cours des dix dernières années la consommation de cocaïne en France a été multipliée par quatre".
"Autrefois, le marché américain était le plus important, aujourd’hui ils sont pratiquement égaux", a-t-il ajouté.
Selon lui, le marché mondial de la drogue, tous produits confondus, représente en valeur environ 320 milliards de dollars par an. "Cela représente le trentième PNB au monde", a dit M. Fedotov.

Evoquant la plus récente route que la cocaïne sud-américaine emprunte pour parvenir en Europe, via l’Afrique de l’Ouest, le directeur de l’ONUDC a dit avoir "de très forts soupçons" à propos de l’implication dans le trafic d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi).
"Je n’ai pas la preuve de leur implication, mais nous avons de très sérieux soupçons sur l’existence de liens entre trafic de drogue et terrorisme", a-t-il dit. "Le trafic de drogue génère des milliards de dollars, et nous avons de très bonnes raisons de croire que, comme c’est le cas en Afghanistan avec l’héroïne, Aqmi finance ses activités au Sahel par le trafic de drogue".
Selon l’ONUDC, en 2009 quelque 21 tonnes de cocaïne à destination de l’Europe occidentale ont transité par l’Afrique occidentale.

Dans un rapport, l’ONUDC précise que les saisies de cocaïne en Europe avaient atteint 121 tonnes en 2006, avant de chuter à 53 tonnes en 2009.
"Mais le prix de la cocaïne pure n’a pas beaucoup augmenté en Europe, ce qui suggère que les trafiquants ont trouvé de nouvelles façons de se soustraire aux contrôle des forces de l’ordre", précise ce rapport.

Ecrans, sucre, shopping… les addictions modernes au crible

LIBERATION – 19.05.2011 - Par MARIE-JOËLLE GROS

Prévention.

Aujourd’hui et demain [19 et 20 mai 2011], un colloque organisé à Lyon fait plancher des experts sur les nouvelles dépendances.
Une épidémie ? En tout cas, le constat que de plus en plus de monde se dit « accro » à quelque chose. Il y a bien sûr les addictions anciennes pour des produits séculaires, licites ou non : le tabac, l’alcool, la cocaïne, le cannabis, etc. Mais il y a aussi une foultitude d’addictions plus récentes, qui semblent se multiplier, et accompagnent nos modes de vie d’aujourd’hui : les écrans, le sucre, le poker, le shopping, le sexe… Cette profusion de dépendances nouvelles, qui peuvent devenir pathologiques, pose bougrement question aux addictologues.

Plaisir.

A l’invitation de la Fédération addiction (1), des sociologues et des philosophes vont se joindre aux médecins pour réfléchir à ces nouveaux phénomènes, à l’occasion d’un colloque qui s’ouvre ce matin au Centre des congrès de Lyon et qui durera deux jours.

« On ne peut pas réfléchir aux comportements de dépendance sans interroger en parallèle notre société d’hyperconsommation, ses valeurs et les modes de vie qu’elle induit », explique Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération addiction. L’hyperconsommation rime par exemple avec plaisir immédiat. Celui de posséder un nouvel objet tout de suite, et quel que soit son prix, sans se donner le temps de différer l’achat.
« La profusion de l’offre commerciale contredit radicalement les valeurs de modération », observe Jean-Pierre Couteron, anéantissant dans la foulée toute ambition pédagogique : comment faire entendre un discours de prévention, informé et paisible, dans un contexte de frénésie généralisée ?

Perfide.

Dans une telle société, « l’addiction ne représente plus la marge, mais la norme », souligne la philosophe Cynthia Fleury. Elle cite la romancière Isabelle Sorente qui décrit, dans son nouvel essai Addiction générale (2), une cité qui ne protège pas mais qui, au contraire, deale.

« Faut-il avoir peur des addictions ? » demandent les organisateurs du colloque de Lyon, un rien perfides. En ligne de mire, le matraquage de discours délibérément anxiogènes, comme le tout dernier spot télé contre l’alcool ou les images chocs sur les paquets de cigarettes. « On effraie d’un côté et on encourage de l’autre », dénonce le président de la Fédération addiction. Agiter des épouvantails n’apporte en effet pas grand-chose à la réflexion, estiment les médecins et intervenants en toxicomanie qui préfèrent encourager l’autonomie, à leurs yeux, le meilleur antidote contre les comportements addictifs.

(1) La Fédération addiction, créée le 1er janvier 2011, rassemble désormais les compétences de l’ancienne Anitea (Association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie) et de la F3A (Fédération des acteurs de l’alcoologie et de l’addictologie).

(2) Editions Jean-Claude Lattès, 200 pp., 17 euros.

TEKNIVAL

Teknival de Laon : "Un bon moment musical entre amis, mais sans l’âme du truc"

LEMONDE.FR | 02.05.11 – par Michaël Szadkowski

Laon-Couvron (Aisne), envoyé spécial - Une free party sous contrôle ? Plutôt "un festival de musique libres électroniques, organisé par des médiateurs qui doivent composer avec l’Etat et l’indépendance des participants", résume Taty, la coordinatrice en chef du N.O.I.S.E. Festival, devant la file de voitures massées en pleine nuit de vendredi à l’entrée de la base militaire de Laon-Couvron (Aisne).

Le décor, imposé par le ministère de l’intérieur pour accueillir ce Teknival du 1er mai, est plein de promesses pour les amoureux de rassemblements techno dans une ambiance désaffectée. Construite par l’OTAN, qui a quitté les lieux en 1965, et actuellement occupée en partie par un régiment d’artillerie, la base de Couvron dispose de larges terrains déserts, dont une piste de d’atterrissage de 6 km de long. Ce sont sur ses bords que plus d’une centaine d’îlots d’enceintes crachent de lourdes ambiances saccadées devant des grappes de danseurs et danseuses qui viendront jusqu’au lundi matin par dizaines de milliers (près de 20 000 en tout selon la préfecture, plus pour les organisateurs qui n’ont pas tenu précisément le décompte).

Mais "quand t’arrives, tu te dis ’wooh, c’est quoi là, une fête foraine de l’Etat ?’", confie aux lueurs de l’aube Benjamin, du haut de son crâne rasé et de ses yeux bleus électriques. Avant de plonger au cœur d’une foule bigarrée à tendance radicale anticonformiste, croisant styles punks et néo-hippies, ce Rennais de 30 ans, contrôleur au Trésor public, a dû, comme tout le monde, se plier à l’ambiance imposée par la présence de 700 militaires et gendarmes autour du site.

Au delà des contrôles routiers à l’entrée, les abords du terrain, entourés de barbelées, voient notamment passer un ballet d’hélicoptères et de camions de CRS. "Il s’agit d’éviter les intrusions sur une base contenant des stocks d’armes", précise le préfet de l’Aisne. "L’Etat est là pour accompagner, pas pour limiter", assure-t-il, après avoir détaillé un plan d’encadrement estimé à 300 000 euros – des structures médicales à la mobilisation de pompiers et soldats, jusqu’aux éthylotests et bouchons d’oreille distribués dans les villes aux alentours.
"En fait, ce sera un bon moment musical entre amis, mais sans l’âme du truc", poursuit Benjamin, avant de partir déambuler pour les 36 prochaines heures. Comme dans beaucoup de rassemblements de musiques modernes, l’énergie viendra, un peu chez certain, beaucoup chez d’autres, de l’alcool et de tous types de drogues – bien présentes malgré les discrètes équipes de surveillance sur place pour débusquer "les plus grosses équipes de trafiquants", selon le préfet.

"On ne peut plus appeler ça des teufs ou des free party. C’est un festival légal de musique techno... à forte allure de Sarkoland", sourit sous ses lunettes noires, Anthony, 28 ans, chauffeur routier venu de Vendée : "Mais on le savait avant de venir, faut pas s’étonner et s’amuser au mieux." Comme lui, la plupart des ’anciens’ qui ont connu l’explosion des teufs dans les années 1990 jettent un œil désabusé sur la tournure prise par le "Tekos du 1er mai".
Une vision que cherche toutefois à enrayer les plus jeunes de la deuxième génération électronique, venus en masse installer leurs enceintes ou profiter des DJ.
"Le plus grand danger, ce n’est pas d’être encadré mais que le mouvement perde son idéologie, sa capacité à proposer des modes de vie alternatifs", explique dans son jogging noir Kalvo, peintre en bâtiment de 23 ans arrivé du Val-d’Oise avec le sound-system ZAT.

Sans sommeil depuis trois jours, lui et son ’crew’ d’une dizaine de personnes tiennent un mur d’enceintes et un stand, où bières et crêpes sont vendues pour être "défrayés un minimum. Même si venir là, c’est avant tout perdre de l’argent : c’est pas grave. Pareil pour la présence des flics. Ils ne nous empêchent de vivre notre son, d’avoir l’esprit libre, de ressentir les gens heureux d’être ici pour une musique qu’on leur offre gratuitement [seul un don, au montant libre, est demandé à l’entrée du Teknival]".
La perpétuation de cet esprit baba-cool sur fond de ’kif sonore’, explique d’ailleurs la dimension encore "très vivante" de la scène électronique libre, selon Raph’, 24 ans. "Ça se diversifie, ça s’affine, il y a toujours l’énergie et des mouvements qui évoluent", décrit-il dans un très large sweat à capuche, en pointant du doigt une scène ’trance’ joyeusement colorée. Devant, un parterre de danseurs s’éclatent sourire aux lèvres sur des sonorités minimales, en plein cagnard de midi.

"Ils nous énervent, les vieux de la vieille, à être défaitistes", résume Lily, 24 ans, pétillante bretonne en sarouel du collectif BASS, et étudiante en master. "Les jeunes sont là pour prendre la relève malgré les contraintes ! OK, être en cage pendant trois jours pour faire la fête, c’est du délire. Mais si on baisse les bras à cause du gouvernement, ce sera la mort du mouvement techno. Et ça croyez moi, on est encore beaucoup à se battre pour l’empêcher", lâche-t-elle dans un sourire.

PRODUITS

Composition des produits de synthèse en circulation en France

Site OFDT – communiqué de presse – 9 mai 2011

Au sein du pôle TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) de l’OFDT, le dispositif SINTES permet d’apporter un éclairage sur la composition des substances illicites telles qu’elles sont consommées par les usagers. C’est dans ce cadre que sont publiés aujourd’hui [9 mai 2011]

une note répertoriant l’ensemble des nouvelles drogues de synthèse identifiées en France depuis 2008 : http://www.ofdt.fr/BDD/sintes/ir_110509_nds.pdf

le rapport d’une enquête réalisée en 2009 sur la composition des produits de synthèse en circulation :

Enquête SINTES 2009 sur la composition des produits de synthèse,

Auteur : Emmanuel Lahaie, OFDT, 48 p., Avril 2011.

Fichier PDF (231 Ko) : http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxemr4.pdf

Au sein du pôle TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues) de l’OFDT, les enquêtes observation du dispositif SINTES permettent d’apporter un éclairage sur la composition des substances illicites telles qu’elles sont consommées par les usagers. Après la cocaïne (2006) et l’héroïne (2008), l’enquête 2009 a porté sur les produits de synthèse. À partir de plus de 400 produits collectés auprès d’usagers sur sept sites en France et de leur analyse en laboratoire elle permet d’observer l’évolution de l’offre des produits de synthèse en espace festif depuis 2005, date de fin des collectes réalisées depuis 2000 par la première version du dispositif SINTES focalisée sur ces produits.

Certaines tendances mises à jour par cette enquête 2009 commençaient déjà à se dessiner. Ainsi le désintérêt pour le comprimé d’ecstasy au profit de la forme poudre (MDMA) ou l’apparition et l’intérêt pour la BZP, qui a été interdite entre temps (en 2008), sont confirmés par les résultats récents. D’autres telles que la diffusion de la kétamine hors du groupe sociologiquement très restreint qui la consommait déjà, ou l’essor de produits nouveaux qualifiés depuis de legal highs sont apparues. Pour tous ces produits, l’enquête SINTES permet de répondre aux interrogations relatives aux modes de consommation des usagers, à leurs perceptions des produits en la comparant avec le contenu réel et fournit des informations sur les prix.

Alors qu’Internet commence à modifier l’offre de produit de synthèse, un des intérêts de cette enquête est de répondre aux questions portant sur la nature de ces substances (méphédrone, fluoroamphétamine, mCPP, PMMA, 2C-E) et de décrire l’intérêt qu’elles suscitent du fait de leur nouveauté et de leur non classement au moment de leur apparition face aux substances de synthèse traditionnelles (amphétamine et ecstasy notamment) habituellement consommées dans l’espace festif. En outre, elle permet d’appréhender leur dangerosité potentielle.

« Héroïne : teneurs et adultérants - Evolutions récentes »

Site OFDT - Mer 25 Mai 2011

Au début de l’année 2011, dans la région Midi-Pyrénées, sept cas d’intoxication dont une mortelle ont eu lieu suite à une consommation d’héroïne. L’ajout d’alprazolam, une benzodiazépine, a été soupçonné à défaut d’être prouvé. Cet épisode fait suite à d’autres cas survenus depuis 2008, dont certaines overdoses, impliquant des coupes à l’alprazolam et plus récemment au dextrométhorphane, un antitussif opiacé. (...) [deux produits qui potentialisent l’effet dépresseur respiratoire de l’héroïne et augmentent donc significativement les risques d’overdose.] (...) Cette nouvelle note d’information fait un point sur la question à la lumière des premiers résultats de l’enquête SINTES 2011 et des données issues des saisies.

Lire l’étude complète (5p.) ici : http://www.ofdt.fr/BDD/sintes/ir_110525_coupe.pdf

Mise en garde contre la multiplication des nouvelles drogues

LEMONDE.FR avec AFP | 11.05.11

Dans un rapport conjoint publié mercredi 11 mai à Lisbonne, l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) et Europol constatent une multiplication "à un rythme sans précédent" des nouvelles drogues sur le marché européen.

En 2010, un nombre record de 41 nouvelles drogues ont été officiellement signalées à l’OEDT et à Europol, souligne ce rapport, qui précise qu’"il s’agit du nombre de substances psychoactives nouvelles le plus élevé jamais signalé en une année". En 2009, l’OEDT et Europol avaient enregistré 24 nouvelles drogues, contre 13 en 2008, selon le document publié dans le cadre d’un forum d’experts internationaux sur les nouvelles drogues qui se tient à Lisbonne jusqu’à jeudi.

"EUPHORISANTS LÉGAUX"

Ces nouvelles drogues englobent des cannabinoïdes de synthèse dits "spice", des cathinones (khat) de synthèse, des dérivés synthétiques de médicaments (comme la kétamine ou la phéncyclidine PCP) ainsi qu’une substance d’origine végétale. Dans le cadre du phénomène "spice", 11 nouveaux cannabinoïdes de synthèse ont été signalés en 2010, ce qui porte à 27 le nombre de ces produits répertoriés, contre lesquels 16 pays européens ont pris des mesures légales.

L’Union européenne a également décidé en décembre 2010 d’interdire la commercialisation de la méphédrone, dérivée d’une cathinone de synthèse, mais, selon le rapport, 15 autres dérivés de cet alcaloïde à l’origine présent dans le khat ont été signalés en 2010. Dans leur rapport, l’OEDT et Europol constatent qu’un grand nombre de nouveaux composés synthétiques échappant à la réglementation sont commercialisés sur Internet sous la forme d’"euphorisants légaux", certains pouvant présenter des risques graves voire fatals, comme des dérèglements cardiaques ou des psychoses sévères.

Pour le directeur d’Europol, Rob Wainwright, "l’émergence d’euphorisants légaux est devenu un élément-clé du phénomène de la drogue en Europe", alors que "les réseaux de crime organisé sont de plus en plus actifs dans la production et la distribution de drogues liées à l’ecstasy".

Pour en savoir plus :
consulter la dernière enquête de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies(OFDT) sur la composition des produits de synthèse ;
consulter la note de l’OFDT sur les nouvelles drogues de synthèse identifiées en France depuis 2008.

Le kratom en Thaïlande : Dépénalisation et contrôle au sein de la communauté  

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011 (Publication).

Ce document de TNI et de l’IDPC analyse les problèmes liés à la législation et la politique sur le kratom en Thaïlande, et offre une série de recommandations pour réévaluer l’interdiction du kratom en dans le pays et la région avoisinante. (Publication : « Les séries de TNI/IDPC sur la reforme législative des politiques des drogues, No.13 »)

Lire le document (en Anglais) :
http://idpc.net/sites/default/files/library/kratom-in-thailand.pdf?

REDUCTION DES RISQUES

Le Programme de santé publique d’Open Society Fondation lance son bulletin sur la réduction des risques

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

Publication. Ce bulletin bihebdomadaire d’Open Society Foundation est un moyen efficace de rester informé sur les efforts de réduction des risques Inscrivez-vous dès maintenant ! 

http://www.soros.org/initiatives/health?

1ère Rencontre européenne sur la réduction des risques 6 - 7 Oct 2011, Marseille, France

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

Le Réseau européen de réduction de risques qui a récemment été créé par 10 organisations partageant un intérêt pour promouvoir la réduction des risques en Europe, tiendra sa première rencontre les 6 et 7 Octobre. L’événement consistera en des sessions plénières et ateliers de renforcement des capacités d’action.

http://www.eurohrn.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=27:eurohrn-conference-french

PRISON

Sida, hépatites : la France mal notée en matière de prévention en prison

AFP – 1er juin 2011 - De Brigitte CASTELNAU

PARIS — La France a des résultats médiocres dans la lutte contre les risques infectieux (sida, hépatites...) dans ses prisons, selon une étude montrant qu’en dépit de certains progrès, elle n’atteint même pas la moitié des objectifs qu’elle s’est elle-même assignés. Parmi les failles de cette prévention, la grande majorité des détenus ignorent la possibilité d’avoir un traitement après une exposition à risque (sang/drogue injectable, sexe...) pour le virus du sida (VIH), relève le Dr Laurent Michel, coauteur de l’étude, parue dans la revue
BMC Public Health. Avec une note qui n’atteint pas la moyenne (4,5 sur 10), la France ne remplit pas ses objectifs - encadrés par une circulaire de décembre 1996 -, pourtant déjà en retrait par rapport à ceux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En regard des recommandations de l’OMS, sa note est encore plus mauvaise (2,5 sur 9). La France n’a ainsi pas prévu de fournir du matériel stérile d’injection aux toxicomanes en prison pour diminuer les risques de contamination, comme le préconise l’OMS. L’étude, réalisée avec le soutien de l’ANRS (Agence nationale de recherche sida-hépatites) et du Sidaction, a porté sur 103 établissements, accueillant 43.365 détenus (69% de la population carcérale), dont les médecins ont été interrogés. Dans 47% des établissements, les détenus ne sont pas informés de la possibilité d’avoir recours à un traitement après exposition (TPE) à risque pour le VIH, et dans 31% des cas, les médecins ne sont pas en mesure de répondre à la question.
Ainsi très majoritairement (78% des prisons), les détenus ignorent l’existence de cette possibilité. Ce que confirme le fait que seulement trois TPE ont été prescrits au cours des 12 mois précédant l’enquête, dont aucun lié à la drogue, note le Dr Michel. Si les préservatifs masculins sont le plus souvent accessibles (95%
des établissements), les lubrifiants le sont moins souvent (51%) et les préservatifs féminins encore moins (seulement 21% des prisons détenant des femmes).

Autre point noir : 13% des établissements n’initient aucun traitement de substitution aux opiacés (héroïne). Au moment de l’étude, 9% des détenus en bénéficiaient : 6% par buprénorphine et 3% par méthadone. Seuls 22% des responsables d’unités sanitaires estiment que l’information fournie aux détenus sur l’utilisation de l’eau de javel (stérilisation du matériel d’injection en particulier) est accessible et intelligible. Un tiers des prisons prennent des mesures pour prévenir les risques infectieux liés au coiffage (tondeuse), pourtant prévu dans les mesures sanitaires françaises. Un très petit nombre (6%) prend des dispositions destinées à prévenir les risques liés au tatouage-piercing.

Le dépistage du VIH, et des hépatites C et B (VHC et VHB) est par contre systématiquement proposé dans la grande majorité des établissements, mais les résultats négatifs ne sont pas toujours communiqués au détenu. Au total, 22% des responsables médicaux interrogés déclarent que des MST contractées lors de la détention ont été traitées dans leur unité. En revanche, la vaccination contre l’hépatite B est proposée aux
détenus non immunisés dans 83% des établissements. Contrairement à la loi de 1994 et aux recommandations de l’OMS, les détenus ne bénéficient pas d’une prévention et de soins comparables à
ceux disponibles en ville. "Manque de moyens, de personnels et de formation" expliquent en partie ces déficiences, selon le Dr Michel qui plaide pour une "réelle politique" de prévention et une "mise à jour" de la circulaire en vigueur prenant mieux en compte le risque d’hépatite C.

CANNABIS THERAPEUTIQUE

Cannabis thérapeutique : Obama sur le sentier de la guerre

LES INROCKS – droguesnews – 26 mai 2011 – par Arnaud Aubron

Est-ce la défaite électorale aux mid-terms de novembre et l’approche de la prochaine campagne présidentielle ? Ou la peur de voir se mettre en place aux Etats-Unis une dépénalisation de fait, comme en Californie ? Quoi qu’il en soit, le soutien affiché par Barack Obama au cannabis thérapeutique au lendemain de son élection semble avoir fait long feu.

Comme il y a une dizaine de jours contre 26 dispensaires du Montana, les raids de la police fédérale (la DEA) ont en effet repris de plus belle depuis quelques mois, comme au temps de Bush. Des raids pourtant menés dans certains des quinze Etats américains à avoir légalisé le cannabis thérapeutique. Dans d’autres Etats, comme dans le Colorado, ce sont les services fiscaux qui commencent à s’intéresser aux dispensaires, dans ce qui ressemble de plus en plus à une opération concertée.

Surtout, les procureurs généraux de l’Etat de Washington, du Montana, de l’Arizona, du Colorado, du Rhode Island et du Vermont ont récemment adressé des courriers aux différents acteurs de la marijuana médicale, y compris des employés des Etats fédérés ou des commerces agréés par ces Etats, pour les mettre en garde contre d’éventuelles poursuites fédérales à leur encontre, et ce alors qu’ils respectent les législations en vigueur dans leur Etat. Mais pas toujours les lois fédérales. Une de ces lettres, citée par AP, prévient ainsi : « Nous restons déterminés à faire vigoureusement appliquer les lois fédérales envers les individus et les organisations qui participent illégalement à la production et à la distribution de marijuana, même si ces activités sont permises par les lois locales. »

Dans l’Etat de Washington, la gouverneure démocrate Christine Gregoire, présidente de l’Association des gouverneurs, qui s’apprêtait à ratifier une ambitieuse loi autorisant l’ouverture de dispensaires de marijuana, a finalement changé d’avis et mis son véto au texte approuvé par les représentants en prétextant d’un éventuel conflit avec les lois fédérales. Un revirement justifié par un courrier du ministère de la Justice fédéral allant dans ce sens le mois dernier. Dans le New Jersey, le gouverneur attend désormais une clarification fédérale avant d’avancer sur ce dossier.

2009, Obama promet de fermer les yeux

Pendant et après sa campagne présidentielle, Barack Obama s’était pourtant engagé à respecter les législations locales en la matière et de mettre fin aux raids fédéraux contre les dispensaires de marijuana menés sans relâche par l’administration Bush. Il s’agissait alors selon lui d’une utilisation rationnelle de l’argent des contribuables. Une promesse réitérée après sa nomination en février 2009 par l’attorney general (sorte de super-procureur fédéral) Eric Holden.

Pour la plupart des observateurs, cela signifie la fin du bras de fer entre les Etats qui autorisent le commerce du cannabis thérapeutique et Washington. En octobre 2009, un mémo du procureur général adjoint vient clarifier la position de la justice fédérale sur cette question : « Les ressources fédérales ne doivent pas être utilisées en priorité dans vos Etats pour les individus qui respectent clairement et sans ambiguïtés les lois locales en matière de marijuana médicale. [...] Les poursuites envers les entreprises qui vendent et font illégalement des profits grâce au commerce de la marijuana restent une priorité du Département de la Justice. »

Pour Washington, les dispensaires et fermes de culture ne sont donc toujours pas autorisées, quelles que soient les lois locales. Et les malades doivent se fournir par leurs propres moyens en cannabis. Mais pour les associations de défense des malades ou de lutte contre la prohibition des drogues, ce mémo autorise, au moins tacitement, tout ce que les lois locales autorisent. Producteurs et distributeurs d’herbe se sont donc multipliés dans les Etats l’autorisant, persuadés que le gouvernement fédéral regarderait ailleurs. Ce qui ne semble plus être le cas.

Dans une lettre adressée le 9 mai à l’attorney general Eric Holder, l’ACLU (Association des droits civiques) demande à l’administration Obama de clarifier sa position sur le sujet : « Nous souhaitons vous exprimer notre inquiétude concernant des lettres de menace récentes adressées par différents procureurs généraux à travers le pays évoquant de potentielles poursuites fédérales envers des personnes obéissant aux lois de leur Etat sur la marijuana médicale. »

De son côté, le gouvernement fédéral nie tout changement. Pour la porte-parole du Département de la Justice, interrogée il y a quinze jours par le New York Times : « Il n’y a pas de changement de politique : il s’agit juste de la réaffirmation de la ligne fixée en 2009 par le procureur général adjoint [...] qui dit que la distribution reste un délit fédéral. »

Il semble en fait que les autorités fédérales sont effrayées par l’expansion rapide d’un commerce qui a échappé au contrôle des gouverneurs dans certains Etats. Et pèserait déjà près de 2 milliards de dollars. Une industrie florissante qui pourrait à court terme engendrer une dépénalisation de fait du cannabis aux Etats-Unis, comme c’est déjà quasiment le cas en Californie. Si cette évolution réjouit les antiprohibitionnistes, elle inquiète également certains malades, qui ont l’impression de servir de prétexte à des revendications plus politiques et craignent aujourd’hui de faire les frais d’un retour de bâton.

TRAFIC, POLICE, JUSTICE

Un président de tribunal fait gazer un prévenu agité pour le calmer

LIBERATION – 6.05.2011 – Source AFP

Un toxicomane de 19 ans, très agité car en état de manque, a subi des pulvérisations de gaz lacrymogènes à la demande du président du TGI de Bayonne, alors qu’il devait comparaître pour des vols à l’arraché, selon des sources judiciaires.

Incarcéré mercredi 4 mai, le prévenu était jugé pour la première fois jeudi. Selon le journal Sud Ouest qui révèle l’affaire, le jeune, torse nu, hurlait dans la salle des comparutions immédiates après ce gazage et se tordait de douleur en s’épongeant les yeux, contraignant la magistrate présidant l’audience, Marie-Hélène Ville, à la suspendre et à appeler le service d’aide médicale d’urgence.
Avant la comparution du toxicomane, alors qu’il se trouvait dans sa geôle au sous-sol du tribunal, les policiers, sur ordre du président du Tribunal de grande instance, Alain Tessier-Flohic, avaient fait usage de gaz lacrymogènes pour le calmer, a confirmé ce magistrat à une correspondante de l’AFP.

« Gravissime »

« Il hurlait, se tapait la tête contre les murs » pendant « deux à trois heures », a-t-il poursuivi, jugeant que l’on « ne pouvait pas imaginer qu’il était en état de manque ».
Selon Alain Tessier-Flohic, on pouvait « soit le ramener à la raison », « soit lui faire administrer une piqûre » de tranquillisants « par un médecin, mais en ce cas il n’aurait plus été en mesure de se défendre. Nous avons choisi une autre solution pour qu’il puisse comparaître : le gaz pour le neutraliser », a indiqué le magistrat.
« Il s’est débattu, a retiré ses vêtements (…) Lorsqu’il a été transféré en salle d’audience, il était dans un état de grande excitation », a-t-il expliqué.
Pour sa part, Marie-Hélène Ville a considéré au contraire que « quand quelqu’un pose un problème médical, on demande l’assistance d’un médecin, on n’utilise pas une mesure de répression ». Elle a jugé l’affaire « gravissime », évoquant des « procédés inhumains et dégradants ».

« On n’a jamais vu cela : sur ordre du président, gazer un prévenu alors que deux escortes policières étaient là ! », s’est insurgée l’avocate du jeune homme, Me Myriam Unal. Selon elle, si des médecins peuvent intervenir lors des gardes à vue, « rien n’est prévu quand les personnes sont dans les geôles. Il s’agit d’un vide juridique ».

L’avocate a assuré qu’« ils avaient les moyens d’agir autrement » pour calmer son client, un toxicomane en phase de sevrage qui n’avait « peut-être pas pris des doses suffisantes », estimant que la bombe lacrymogène avait été utilisée « sans retenue ». Son client sera rejugé mardi à 14H00.

Bayonne : un prévenu en état de manque gazé au tribunal
Hier, un homme en état de manque a été « calmé » au gaz.

SUD-OUEST, 6 mai 2011 11h42 | Par Emmanuelle fère

http://www.sudouest.fr/2011/05/06/gaze-au-tribunal-390410-4018.php

Il est des audiences comme des jours en geôle. Interminables. Ainsi, au tribunal de Bayonne, hier après-midi, avec cette affaire de petit trafic de stupéfiants. Mais derrière les débats, on entend très distinctement des coups sourds, et des vociférations. Ils proviennent de la « souricière », cette geôle au sous-sol pour les prévenus en détention provisoire.

Une bonne heure et demie plus tard, le vacarme n’a pas cessé. Il est même monté d’un étage et de quelques dizaines de décibels. Dans la salle des comparutions immédiates, un homme jeune, torse nu, se tord de douleur en même temps qu’il crache des insultes au visage des policiers qui l’entourent. « Je vais les crever. Ils m’ont gazé putain. Ils se sont mis à trois sur moi et il y a un c... qui m’a gazé. » Il s’éponge les yeux, et à la fois se débat comme un diable.

De la semi-nudité du prévenu, de son état de souffrance évident, de ses cris de bête que l’on égorge, on ne sait ce qui est le plus choquant dans une salle d’audience. Les policiers se tiennent à quelques mètres, les magistrats se sont retirés dans l’arrière-salle. Me Myriam Unal, l’avocate du prévenu ne le quitte pas. Avec Me Colette Capdevielle, elle maintient le contact avec l’homme en crise de nerf, qui vient de se frapper la tête contre les murs pendant trois heures. Elles le touchent pour le rassurer, et lui prodiguent des soins, de fortune.

« Inhumain et dégradant »

La dose de gaz lacrymogène administrée au détenu n’a manifestement pas été dosée. Ceux qui l’approchent sont pris de picotements des yeux, d’irritations de la gorge. La salle d’audience a des relents de manifestation qui aurait mal tourné. Le grand-père du prévenu a les yeux rougis. Son avocate, après être parvenue à le calmer, s’échappe quelques minutes pour se laver les yeux, bouffis par l’irritation.

« Traitement inhumain et dégradant », entend-on dans les rangs des avocats. « Ce n’est pas du gaz dont il a besoin mais d’un médecin », lance Marie-Hélène Ville, la présidente de l’audience de comparution immédiate. Quant au président du tribunal de grande instance, Alain Tessier-Flohic, il confirme que c’est lui qui a donné l’ordre de gazer le prévenu, tout en faisant visiter les geôles. « Quand vous avez un énervé de première, en train de casser la geôle en bas pendant deux heures, au bout d’un moment, on se sent obligé d’employer la force. C’était le gaz ou la piqûre, mais ce n’était pas possible car il allait comparaître. »
Nicolas, le prévenu a eu 18 ans en octobre dernier. Il habite le Pays basque intérieur, chez ses grands-parents, présents hier. En détention provisoire depuis lundi soir, il comparaissait pour six vols à l’arrachée, commis depuis le début de l’année, à Biarritz et à Bayonne. Nicolas connaît bien le juge des enfants, et que trop les stupéfiants - cocaïne, résine de cannabis, etc.

Encore gosse aux yeux bleus ébahis, déjà un peu boxé par la vie, Nicolas avait demandé hier à comparaître dès 14 heures. Phobie de l’enfermement, envies déclarées de suicide. En sevrage depuis deux mois. « Ils ne m’ont pas donné le bon dosage de cachets à la maison d’arrêt », a t-il dit lorsque l’audience a finalement repris, après intervention des pompiers, et du Samu. Nicolas comparaîtra mardi a t-il été décidé. Il a été maintenu en détention. Remenotté. « Je ne peux pas voir mes grands-parents ? Je ne peux rien faire alors ? » Et encore ce regard traqué, sans réponse.

Ben Laden plantait-il du cannabis pour tuer le temps ?

LES INROCKS – droguesnews – 4 mai 2011 – par Arnaud Aubron

Enfin ! Dix ans après le 11 Septembre, les stups américains tiennent leur preuve ultime : trafic de drogues et terrorisme sont bien indissociables. Comment en est-on arrivé à cette brillante conclusion ? Les reporters ont trouvé des pieds de marijuana à l’extérieur du complexe d’Oussama Ben Laden à Abbottabad ! Peter Oborne, du Daily Telegraph, note ainsi : « La résidence des Khan [les hôtes d’Oussama] est entourée par des champs de tomates, de blé, de choux et de choux-fleur cultivés de main de maître. J’ai aussi noté que du cannabis sauvage poussait le long des murs extérieurs du complexe, dégageant un parfum plaisant dans l’air chaud de l’été. »

Evidemment, on pourrait se dire que planter de l’herbe devant sa maison n’est pas exactement le meilleur moyen de passer inaperçu, mais c’est oublier que nous sommes au Pakistan, qui produirait, selon les chiffres peu fiables en la matière de l’ONU, 5% du cannabis mondial. Evidemment encore, il y a toutes les chances que Ben Laden n’ait rien à voir avec cette petite plantation illicite et n’ait pas arrondi ses fins de mois en vendant de l’herbe aux gamins du coin, ni tué le temps en roulant joint sur joint. Même si les quantités importantes de nourriture et de Coca commandées par les Ben Laden pourraient, avec une bonne dose de mauvaise foi, laisser penser aux symptômes de la faim cannabique…
Mais revenons-en à l’essentiel : le narco-terrorisme. Après les attentats du 11 Septembre 2001, Washington doit réviser ses priorités. Pour l’opinion américaine, la guerre à la drogue doit céder la place à la guerre à la terreur. Pour ne pas perdre tous ses crédits, la DEA (l’agence fédérale antidrogues), déjà sérieusement mise en cause en 1999 par la Cour des comptes américaine, forge alors un concept sur-mesure : le « narcoterrorisme », « consacrant l’union de deux démons américains, la drogue et le terrorisme, qui se renforcent mutuellement et constituent un « mal » doublement effrayant », selon les mots du chercheur Laurent Laniel, qui a publié un excellent article sur le sujet en 2003.

Comme le rapporte Laniel, moins d’un mois après les attentats de New York, l’administrateur de la DEA, Asa Hutchinson, affirme devant le Sénat : « Les renseignements de la DEA confirment l’existence d’un lien entre les talibans qui gouvernent l’Afghanistan et le terroriste international Oussama ben Laden. Bien que la DEA n’ait aucune preuve directe de l’implication de ben Laden dans le trafic de drogues, le sanctuaire dont il bénéficie est basé sur le soutien que les talibans fournissent au trafic de drogues [...]. La DEA poursuivra avec ardeur son effort [...] contre les organisations de trafic de drogues qui contribuent au terrorisme mondial. »
Et son discours porte. En décembre, George Bush déclare : « Il est particulièrement important que les Américains sachent que le trafic de drogues finance la terreur, qu’il soutient les terroristes, que les terroristes utilisent les profits de la drogue pour [...] commettre des actes meurtriers. Arrêter de prendre de la drogue, c’est se joindre au combat contre la terreur en Amérique. »

La boucle est bouclée.

Loin de nuire à la guerre à la drogue, la guerre au terrorisme viendra donc la renforcer grâce à ce subtil glissement sémantique. Très vite, des organisations comme les Farc en Colombie, le Hezbollah au Liban, le PKK en Turquie, Al-Qaeda seront qualifiées de « narcoterroristes », oubliant au passage que les alliés des Américains contre ces « forces du mal » sont bien souvent tout autant impliquées dans le trafic de drogues, quand ce n’est pas l’armée américaine elle-même, comme on l’a vu pendant le conflit vietnamien ou en Amérique centrale. Oubliant également, que, lors de leur dernière année au pouvoir, les Talibans avaient fait chuter la production d’opium en Afghanistan. Conclusion de Laurent Laniel : « Les liens entre trafic de drogues et organisations armées subversives ou étatiques n’ayant rien de nouveau, la « nouveauté » réside bien ici dans leur instrumentalisation par l’Exécutif américain afin de justifier officiellement la poursuite de la « guerre à la drogue » au nom de la lutte antiterroriste. »

Reste maintenant à savoir si la DEA tentera de faire passer Ben Laden pour un petit dealer en herbe afin de récolter sa part de la victoire.

Réseaux criminels et cannabis indoor en Europe : maintenant la France ?

In : "Drogues, enjeux internationaux" n°1, OFDT

Source : site OFDT - 9 Mai 2011

Afin d’améliorer la compréhension des questions posées par l’offre de drogues et les trafics internationaux de substances illicites, l’OFDT lance une nouvelle publication régulière. Cette lettre de six pages associe l’OCRTIS ainsi que l’INHESJ. Premier thème abordé : l’implication des réseaux criminels dans le développement de culture de cannabis indoor en Europe, y compris en France

- > « Réseaux criminels et cannabis indoor en Europe : maintenant la France ? »
Drogues, enjeux internationaux n° 1, OFDT, 6 p. Mai 2011. Auteur : David Weinberger

Le 8 février 2011, à la Courneuve, une ville de la banlieue parisienne située en Seine Saint-Denis, quelque 700 plants de cannabis ont été découverts par les enquêteurs de l’OCRIEST (Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi des étrangers sans titre) et de l’OCRTIS (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants) dans une plantation clandestine dite indoor (c’est-à-dire d’intérieur). Cette usine à cannabis (cannabis factory) était en capacité de produire plus de 100 kg par an d’une nouvelle variété d’herbe : la sinsemilla.

Au prix de gros, les organisateurs de cette plantation pouvaient espérer engranger plus de 400 000 euros de chiffre d’affaires annuel et des profits importants compte tenu des faibles coûts de la main d’œuvre. Celle-ci était en effet composée d’immigrés clandestins vietnamiens, qui remboursaient leur passage en Europe en y travaillant depuis plusieurs mois dans des conditions relevant d’un véritable esclavagisme moderne.

Si cette plantation n’est pas la première à être découverte sur le territoire français, cette affaire préoccupe particulièrement les autorités, car elle ressemble trait pour trait aux modes opératoires des cannabis factories néerlandaises et britanniques. Elle pose donc une question fondamentale sur l’évolution de l’offre de l’herbe de cannabis. Alors qu’en France, celle-ci est le fait de petits cultivateurs (cannabiculteurs), produisant essentiellement pour satisfaire leurs besoins personnels, l’affaire de La Courneuve annonce-t-elle la pénétration du crime organisé, à l’instar de ce qui se passe notamment dans un certain nombre de pays en Europe, dans le secteur de la production de l’herbe ?

Pour bien comprendre les enjeux en cause, cet article dressera dans une première partie un état des lieux de la structuration du marché du cannabis en Europe, puis traitera dans un deuxième temps de la situation dans les principaux pays européens qui produisent du cannabis pour s’intéresser, dans une troisième partie, à la situation en France et aux éventuels risques criminels qui se dessinent.

Télécharger le numéro (fichier PDF, 284 Ko) : http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/efdxdwr5.pdf

Les deux hommes abattus à Marseille venaient de Lyon

LIBEMARSEILLE - 14 mai 2011 – par Olivier BERTRAND
FAIT DIVERS -

Les deux hommes tués mercredi après-midi à Marseille, de plusieurs rafales de Kalachnikov en plein après-midi, étaient originaires de la banlieue lyonnaise. Tous deux étaient "connus des services de police" et l’un d’entre eux était mis en cause dans un important trafic d’héroïne et de cocaïne cassé par la Justice lyonnaise en 2009...
Vers 15h mercredi, au moins deux individus cagoulés se sont approchés de leur Golf noire à bord d’une Audi. Ils en seraient sortis pour ouvrir le feu sur les deux occupants qui s’apprêtaient à sortir, criblant leur voiture de balles avant de prendre la fuite. Les faits se sont déroulés dans le quartier populaire de Saint-Mauront (IIIe arrondissement), entre Arenc et la Belle de Mai.

L’une des victimes, Sabri Khemaicia, était originaire de Décines (Rhône), à l’Est de Lyon. Il avait échappé en 2009 à un coup de filet contre un réseau de trafiquants internationaux de stupéfiants (héroïne, cocaïne et hashish) lancé par le juge Bertrand Grain, du tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône (Rhône). Au retour d’un voyage de certains des trafiquants au Luxembourg, la police judiciaire était intervenue dans leur appartement-hôtel de Saint-Genis-les-Ollières, à côté de Lyon. Plus d’une centaine de kilos d’héroïne ainsi que plusieurs dizaines de kilos de cocaïne avaient été saisis. Deux hommes avaient été arrêtés, deux autres avaient réussi à prendre la poudre d’escampette.
L’un des fuyards à été arrêté en février dernier en Algérie. Il s’apprêtait à rentrer en France avec de faux papiers. Il est depuis incarcéré à Alger mais son avocat, David Métaxas, compte demander son extradition en urgence, "pour des raisons de sécurité". L’autre homme recherché était Sabri Khemaicia, l’un des deux hommes abattus mercredi, également défendu par David Métaxas. "Je fais face à un véritable cataclysme, expliquait jeudi soir ce dernier. La famille et tout l’entourage est catastrophée par cette mort terrifiante. Personne ne comprend ce qu’il faisait à Marseille ni pourquoi il a été abattu".

Fiché au grand banditisme, Khemaicia ne portait pas d’arme sur lui lorsqu’il a été abattu. Il avait emprunté l’identité d’un petit délinquant de la région aixoise et la police judiciaire aurait peiné dans un premier à l’identifier, sa tête ayant été quasiment arrachée. Son avocat indique pourtant que les enquêteurs l’ont contacté assez rapidement mercredi.

L’autre victime, le conducteur de la voiture, Osoumani Kari, était également connu dans le banditisme lyonnais. Les deux hommes semblent avoir été attirés dans un guet-apens, dans un lieu à l’écart, comme s’ils venaient se faire payer une dette, et s’étaient fait régler en plomb. Ils n’étaient pas armés.
La voiture des fuyards, une Audi A3, n’avait toujours pas été retrouvée jeudi. L’autopsie des victimes devait être réalisée dans la journée. L’enquête a été confiée par le parquet à la brigade criminelle de la police judiciaire.

Marseille : les trafics de drogue décryptés par la justice

LIBEMARSEILLE/ AFP - 14 mai 2011
JUSTICE -

Derrière les règlements de comptes qui ensanglantent Marseille, on retrouve d’abord les trafics de stupéfiants, que magistrats et avocats spécialisés décrivent comme l’oeuvre de réseaux systématiquement armés, violents, ne redoutant plus la prison, « simple étape de parcours »... Pour ce magistrat familier de la 7e chambre correctionnelle de Marseille, considérée comme la juridiction la plus sévère de France en matière de stupéfiants, deux types de réseaux affectent la cité phocéenne.

Les « trafics Jirs », du nom de la juridiction chargée de la criminalité organisée de Perpignan à Menton sans oublier la Corse. La France n’étant pas ou peu productrice de drogues, les ramifications internationales sont inévitables, notamment avec l’Espagne, le Maroc, l’Italie ou les Pays-Bas.

Le second type de réseaux est marseillo-marseillais et concerne le « trafic de cités », très structuré : au bas de l’échelle, les « choufs » ou guetteurs, souvent mineurs, alertent de l’arrivée de la police et peuvent gagner « 100 euros par jour plus un panier-repas de dix euros ». Au-dessus, les vendeurs, avec peu de produit et d’argent sur eux, fournissent les clients. L’un d’eux, mineur de 16 ans, a été abattu en novembre dans la cité du Clos La Rose d’une rafale de Kalachnikov. Ces vendeurs sont alimentés en drogue et se délestent de l’argent du deal auprès de « gérants » qui stockent les marchandises dans l’appartement de « nourrices », souvent des personnes vulnérables psychologiquement et notamment des mères célibataires, faiblement rémunérées ou « dédommagées » en nourriture ou cadeaux divers. Lieux servant à se réfugier en cas de descente de police, ces appartements dont ils détiennent les clés, servent aussi « tous les deux-trois jours » aux « gérants » pour découper les barrettes de cannabis.

Les femmes « mules »

Ils stockent également dans des caves de grosses quantités de drogue achetées par « sacs de 50 kg » à des fournisseurs qui s’approvisionnent au Maroc et font remonter la marchandise par « go-fast » maritime puis terrestre, d’Espagne jusqu’en France.
« J’ai vu au fil des années ces réseaux s’armer », glisse l’un de ces magistrats, qui relate la découverte récente dans la cité Font Vert de deux bazookas dans un appartement avec trois enfants en bas âge.

Dans ces trafics, on trouve également des femmes « mules » chargées de ramener de l’étranger cannabis, cocaïne et ecstasy. Les compagnes de trafiquants tombent, elles, pour non-justification de ressources. L’un des magistrats cite cette femme sans emploi, qui « ignorait tout des activités de son mari » au RMI, chez qui dix malles Hermès ont été découvertes.

Dans ce « business énorme », chaque vendeur peut traiter « 200 à 300 clients par jour » à raison d’une barrette (2g) valant de 10 à 20 euros, d’une « savonnette » de cannabis de 250 g à 250 euros, ou encore de cocaïne, « dont le gramme coûte entre 40 et 60 euros », en nette baisse depuis une décennie.
A cela se greffent les trafics marginaux des « consommateurs-cultivateurs d’herbe » et de médicaments (Subutex et Rivotril, 5 euros par cachet), à proximité de la Canebière.

Pour démanteler les réseaux, les écoutes téléphoniques constituent l’arme maîtresse, associée à un travail minutieux de surveillance policière afin de saisir le maximum de drogues, armes et argent lors des perquisitions.

Pour avocats et magistrats, l’action de la justice la plus douloureuse est la saisie matérielle et surtout immobilière des trafiquants et de leurs proches.
Selon Jean-Jacques Campana, avocat spécialisé, ces trafiquants, « attirés par l’argent facile », « n’ont aujourd’hui peur de rien, que ce soit de prendre une balle ou d’aller en prison », qu’ils voient comme un « passage obligé » et où les quartiers sont reconstitués, notamment aux Baumettes.

A Marseille, les quartiers perdent le Nord

LIBERATION – 30 mai 2011 – par Olivier Bertrand correspondant à Marseille

Grand angle. Des cités marquées par le trafic, la délinquance, l’absentéisme à l’école… A la Bricarde, où vivait Antoine, tué début mai lors d’un cambriolage, le climat est au repli et à la débrouille.

Les fleurs ont séché, mais elles restent accrochées sur le bord de ce rond-point des quartiers Nord de Marseille, où un adolescent est mort le 2 mai. Antoine avait 15 ans, ses copains l’appelaient Torcio, surnom gitan. Un riverain l’a abattu parce qu’il volait dans une entreprise voisine. Il venait de la Bricarde, cité située de l’autre côté du rond-point. Sa mort raconte à sa façon, brutale, la dégradation de la situation dans l’agglomération marseillaise. Un profond sentiment d’abandon domine dans les quartiers Nord. La délinquance progresse, entraîne peurs et replis. Au point que la municipalité organise ce lundi une réunion à huis clos avec tous les élus, le directeur de la police, le procureur et le préfet, pour parler d’insécurité.

Le meurtrier de Torcio habitait Verduron, colline pleine de charme en face de la Bricarde. Un ancien camp de transit arménien dont les habitants ont obtenu le droit de construire leurs maisons, de bric et de broc, avec des terrasses qui plongent sur la mer. Le quartier reste assez populaire, même si les jeunes de la cité disent « les bourgeois » lorsqu’ils parlent de Verduron. Certains habitants relativisent les difficultés de voisinage. Refusent les replis et les peurs. D’autres craignent les mômes de la cité, les regardent avec méfiance. Certains parlent de milice, de s’armer.

Deux quartiers qui s’opposent ? Ce n’est pas si simple. « L’exaspération n’est pas que dans les villas, observe Abdelali Louafi, directeur du centre social de la Bricarde. Dans le quartier aussi, elle existe. » La Bricarde (environ 3 500 habitants) n’est pas la plus difficile des cités des quartiers Nord. La Castellane inquiète beaucoup plus : il n’est quasiment plus possible d’y entrer sans se faire interpeller, presque fouiller. Le territoire est tenu par le trafic, des gamins font les guetteurs assis sur des chaises, et l’inconnu n’est pas bienvenu. La Bricarde reste plus aérée. Des routes la traversent, on ne s’y sent pas surveillé. Pourtant tout n’est pas rose. Danielle Founau, chirurgienne dentiste, travaille depuis 1974 au rez-de-chaussée d’un immeuble. « A l’époque, dit-elle, c’était un quartier cool, très calme. Il y avait de l’emploi. Le port fonctionnait encore. » Aujourd’hui, elle travaille les volets fermés, parce que les vitres ont trop souvent été cassées. Elle laisse sa porte ouverte pour surveiller les allées et venues dans le hall. Dernièrement, on lui a volé les chaises de sa salle d’attente. Elle ne porte plus plainte : « Vous perdez une demi-journée au commissariat, plus une demi-journée s’ils viennent faire des constatations. » Elle soupire, puis ajoute : « On baisse un peu les bras. »

« Se battre pour grappiller six sous »

Annie habite un autre rez-de-chaussée, au fond de la cité. Elle a 70 ans, ouvre son appartement aux gamins du quartier, qui ont fini par le squatter, et parfois voler la vieille dame. Elle dit qu’elle les aime pourtant. Que ce ne sont pas des diables, « seulement des emmerdeurs ». Torcio était tout le temps chez elle. Un jour qu’elle l’avait foutu dehors, il est revenu lui offrir un collier. Volé dans un supermarché voisin. « Ils ne sont pas méchants, dit-elle. Ils volent surtout pour s’acheter leur pochon de shit. » Le haschich garantit une (relative) paix sociale. Une enseignante explique : « Il apporte des ressources en même temps qu’il apaise. Ces jeunes garçons pleins de vigueur au chômage à 60 ou 70%, heureusement qu’ils sont ahuris par le haschich, croyez-moi ! »

Selon l’Insee, plus de 30% des familles de la Bricarde sont monoparentales. Et d’après les critères de la Caisse d’assurance maladie, 57% disposent de bas revenus. Marie-Alice Camprasse, médecin généraliste, travaille là depuis dix ans. Plus de la moitié de sa clientèle dispose de la couverture maladie universelle et les autres patients, lorsqu’ils ne possèdent pas de mutuelle, peinent de plus en plus à se soigner. Elle connaissait Torcio, reste bouleversée par sa mort. Elle constate les incivilités, les gamins qui traînent, les témoins qui détournent la tête. Mais trouve que la Bricarde reste une cité attachante. « Ce que je trouve le plus difficile, ajoute-t-elle, c’est l’absence d’adultes encadrants. Vers qui se tourner quand un gamin fait une bêtise ? Chacun se débrouille seul, sans appui. »

Le centre social essaie d’animer, de prévenir, d’orienter. Tente de soulager la pauvreté. L’école et le collège restent épargnés par la violence mais ont tendance à se refermer sur eux-mêmes. A la création des zones d’éducation prioritaires, les enseignants voulaient s’ouvrir, mener des actions avec les associations. Ils ont « perdu beaucoup d’énergie à se battre pour grappiller six sous », résume une professeure. Alors ils se sont « repliés sur les acquisitions scolaires ». Il y a déjà fort à faire. Entre le CE1 et le CM2, les évaluations plongent, en français comme en maths. Certains élèves n’ont personne à la maison pour s’intéresser aux devoirs, expliquer par exemple le passé composé lorsqu’il n’est pas compris. Et les cités des quartiers Nord manquent de structures capables de pallier cela.

Nombre de gamins décrochent tôt, beaucoup maîtrisent de moins en moins bien le français. Le contrat urbain de cohésion sociale (l’argent de la politique de la Ville) verse 12 000 ridicules euros pour les actions « ambition réussite » de huit écoles et un collège. Cette année, il ne finance plus l’achat de livres pour le point lecture de la Castellane. Tout le monde voit que les services publics reculent, mais le collège se bagarre dans ce contexte. A lancé une classe bilingue français-arabe, pour attirer les meilleurs élèves. A fait baisser l’absentéisme (de 20 à 15% ces dernières années).

Mieux vaut « un gros piston »

Le documentaire La Princesse de Clèves, tourné dans un quartier voisin, montre qu’il reste des héros parmi les profs et des gamins qui s’accrochent dès que les propositions sont ambitieuses. « Mais on saupoudre, soupire Kamel Dahchar, directeur d’une régie de quartier créée à la Bricarde. On ne travaille que sur du court terme et sur des choses visibles, parce que les politiciens ont besoin de résultats rapides. Il faudrait agir sur le long terme et massivement, en expliquant pourquoi les résultats seront longs à obtenir. »

Samia Ghali, sénatrice et maire d’arrondissement (PS), a grandi dans ces quartiers Nord. « A l’époque, dit-elle, j’allais à l’école de la République, on était mélangés, on voyait d’autres cultures. Aujourd’hui, il y a 99% de Noirs, d’Arabes et de Gitans dans nos classes. Ils n’ont pas demandé à rester entre eux. L’enclavement, il commence à l’école. » Les jeunes qui viennent la voir pour trouver du travail « veulent tous aller à la poubelle » : « Même ceux qui ont un BTS veulent être éboueurs, ou alors cantonniers », dit-elle. Près de 70% des demandeurs d’emploi de moins de 24 ans de ces quartiers ont au mieux le BEPC. Dès 16 ans, beaucoup sont déscolarisés. « Quand ils viennent nous voir, raconte le directeur du centre social, on les oriente vers la mission locale. Elle est débordée, ils n’ont souvent pas de rendez-vous avant plusieurs mois. Quand ils sont devenus guetteurs ou voleurs, c’est plus difficile de les rattraper. »
Certains s’accrochent et Mehdi, 21 ans, est en deuxième année de droit. Quand ses copains disent qu’ils vont faire la révolution « comme en Tunisie », il leur répond qu’on mange mieux en France qu’au bled. Mais ajoute : « Les gens sont à cran. Ceux qui ne gagnent rien, et ceux qui gagnent leur vie mais souffrent de la délinquance. Je ne sais pas comment ça va finir. » Il ajoute qu’à Marseille, « un gros piston vaut mieux que dix ans d’études ». Et conclut : « Chez nous l’ascenseur social est bloqué au rez-de-chaussée, et en plus il sent la pisse. » Le découragement gagne. « Il n’y a plus de tiers, les gens sont face-à-face », dit Pascale Reynier, adjointe à la Culture pour les XV et XVIe arrondissements. Elle se bat pour permettre aux habitants d’assister à des spectacles de qualité en centre-ville. Mais a l’impression de ramer avec des moyens dérisoires. Elle sent qu’une partie de la population bascule, ne supporte plus de se sentir délaissée, abandonnée à sa peur.

Trois heures d’attente pour déposer une plainte

L’insécurité a franchi un cap pendant que la situation économique s’aggravait. En 2010, la ville a subi 9 600 vols avec violence ou avec armes. Près de trente par jour. S’ajoutent 10 000 cambriolages et des armes qui sortent trop facilement. « Une délinquance très diversifiée, avec des relents de misère, de pauvreté, et quelques règlements de comptes très froids », résume Jacques Dallest, procureur de la République.

A deux reprises, Brice Hortefeux puis Claude Guéant sont venus ces derniers mois promettre des effectifs de police supplémentaires. Mais cela compense à peine les postes qui disparaissent. La police se montre dans le centre-ville, sur le Vieux-Port. Très peu dans les quartiers Nord. Là, une quinzaine au mieux de fonctionnaires patrouillent la nuit, pour près de 300 000 habitants. Des commerçants disent qu’ils apprécient le travail d’officiers « référents » dont ils ont les numéros de portables. Mais les flics eux-mêmes disent qu’ils n’ont souvent pas les moyens humains et matériels pour intervenir (1). Au commissariat du XVe, on indique qu’il faut parfois trois heures d’attente pour déposer une plainte. Les habitants laissent tomber et personne ne sait vraiment le nombre de faits commis dans ce secteur.

Malgré ce sombre tableau, les cités marseillaises n’ont jamais explosé. La mer et la lumière apaisent, l’OM soude sans doute. Et surtout la structure de la ville l’a longtemps protégée. Les cités ne sont pas isolées, reléguées en banlieue comme ailleurs. Elles sont construites au milieu de « noyaux villageois », ce qui permet de croiser d’autres cultures, de se mêler, au moins dans les commerces. Mais Kamel Dahchar, directeur d’une entreprise d’insertion des jeunes, observe de plus en plus de « snacks et de boucheries halal » dans ces villages. Retraités et classes moyennes déménagent. Certains noyaux basculent, se fragilisent socialement. Et la vraie menace pour Marseille se trouve là. Si elle n’intervient pas massivement, sur le long terme, et pas seulement en terme de sécurité, la ville pourrait un jour connaître le sort volcanique des banlieues françaises.

(1) Sollicités, le directeur départemental et le préfet de police ont refusé de répondre sur le sujet.

INTERNATIONAL

CANADA. Colombie-Britannique. L’avenir du centre d’injection supervisé INSITE est en jeu

RADIO-CANADA - lundi 9 mai 2011 à 18 h 02

La présidente du syndicat des infirmières de la Colombie-Britannique (BCNU), Janice Buchanan a déclaré lundi qu’il était honteux que le gouvernement fédéral continue de tenter de fermer les portes du centre d’injection supervisé INSITE et de criminaliser le travail d’infirmières qui offrent des soins de santé justifiables à un groupe vulnérable.

La Cour suprême du Canada entendra dès jeudi les arguments du gouvernement fédéral qui veut fermer le centre d’injection supervisé INSITE de Vancouver et de ceux qui veulent maintenir les services qui y sont offerts.
Le gouvernement fédéral soutient que le centre INSITE entretient la toxicomanie.

Les partisans du centre d’injection, soit le syndicat des infirmières, le gouvernement provincial et des chercheurs disent que le centre sauve des vies et permet de limiter la propagation de certaines maladies.
Des membres du syndicat des infirmières présenteront des arguments pour le maintien des services offerts par INSITE devant la Cour suprême jeudi.
La Cour suprême du Canada doit décider si la clinique est de juridiction fédérale ou provinciale et si sa fermeture enfreindrait les droits des toxicomanes.

Rappel des faits. En septembre 2003, le gouvernement libéral fédéral a permis une exemption au Code criminel pour la création d’un centre d’injection supervisée.

En 2008, les conservateurs ont tenté de fermer le centre. Deux groupes de Vancouver qui offrent des services à ceux qui souffrent de problèmes de dépendance, le Portland Hotel Society et le Vancouver Area Network of Drug Users (VANDU) ont porté l’affaire devant les tribunaux.
La cause s’est rendue devant la Cour d’appel provinciale qui a déclaré en janvier 2010 que le centre INSITE offrait des services nécessaires de responsabilité provinciale et qu’il avait le droit d’exister.

Le gouvernement fédéral a porté la cause en Cour suprême du Canada.

CANADA. Le maire de Vancouver à la défense du site Insite

La Presse Canadienne - 10 mai 2011

VANCOUVER - Le maire de Vancouver et cinq de ses prédécesseurs demandent au gouvernement fédéral de reconsidérer son opposition au site d’injection supervisé « Insite ».

La Cour suprême du Canada devrait entendre, cette semaine, l’appel d’Ottawa de décisions rendues par des tribunaux d’instance inférieure qui ont permis à l’établissement de demeurer ouvert.

Dans une lettre ouverte écrite à l’intention du gouvernement de Stephen Harper et publiée mardi, Gregor Robertson et cinq anciens maires de Vancouver font valoir que Insite a permis de sauver des vies et réduit la transmission de maladies mortelles. L’ancien maire Phillip Owen estime que la dépendance à la drogue est un enjeu lié à la santé en non pas à la criminalité.
La Cour d’appel et la Cour suprême de la Colombie-Britannique partagent cet avis.

Les deux tribunaux ont en effet estimé que Insite tombait dans le champ de compétence des provinces, ce qui signifie que l’établissement n’a pas besoin de disposer d’une exemption aux lois du gouvernement fédéral pour pouvoir exercer ses activités.

Ottawa demande à la Cour suprême du Canada d’invalider ces jugements. La ministre fédérale de la Santé a déjà indiqué que le gouvernement conservateur souhaite la fermeture de Insite.

ETATS-UNIS. La politique des drogues de l’Administration Obama sur pilote automatique

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011 (Publication)

En deux ans, l’Administration Obama a eu le temps de marquer les politiques de drogues nationales et internationales du gouvernement américain. Ce document d’information de l’IDPC analyse les changements modestes qui ont eu lieu à ce jour.

Lire le document en Anglais et en Espagnol :
http://idpc.net/sites/default/files/library/idpc-briefing-obama-administration.pdf?
ETATS-UNIS. La banque qui aimait (trop) l’argent sale

COURRIER INTERNATIONAL – 12.05.2011 - Ed Vulliamy – in : The Observer

De 2004 à 2007, la banque américaine Wachovia a blanchi 378 milliards de dollars pour le compte de cartels mexicains. En ignorant délibérément les multiples alertes lancées par l’un de ses salariés.

Le 10 avril 2006 au coucher du soleil, un DC-9 atterrit à Ciudad del Carmen, ville portuaire du golfe du Mexique. Les soldats mexicains qui l’attendaient trouvent à son bord 5,7 tonnes de cocaïne – il y en a, à l’époque, pour 100 millions de dollars. Mais la re­constitution des circonstances de l’achat de l’appareil par le cartel de Sinaola va déboucher sur une découverte bien plus importante.

Au terme d’une enquête de vingt-deux mois menée par la Drug Enforcement Agency [agence américaine chargée de faire appliquer la loi sur les stupéfiants], l’Internal Revenue Service [le fisc américain] et d’autres agences fédérales, il apparaît que les trafiquants ont payé l’avion avec de l’argent blanchi par l’une des plus grosses banques américaines, Wachovia – qui sera rachetée en 2008 par le groupe Wells Fargo. Les enquêteurs mettent au jour des versements de plusieurs milliards de dollars, sous forme de virements, de chèques de voyage et de liquidités sur des comptes de Wachovia par des casas de cambio (CDC), des bureaux de change mexicains. Fait extrêmement significatif, le début de ces opérations remonte à 2004, période où s’est amorcée à la frontière américano-mexicaine l’escalade de la violence qui a engendré les actuelles guerres de la drogue.

Des procédures criminelles sont ou­vertes contre la banque – sans viser personne en particulier –, mais l’affaire ne passe jamais en jugement. En mars 2010, Wachovia règle par une transaction “à l’amiable” la plus grosse action jamais intentée dans le cadre de la loi américaine sur le secret bancaire : la banque verse 110 millions de dollars aux autorités fédérales, devant le tribunal du district de Miami, pour avoir hébergé des transactions liées au trafic de stupéfiants, et une amende de 50 millions de dollars pour n’avoir pas contrôlé l’argent utilisé pour financer le transport de 22 tonnes de cocaïne.

Plus choquant et plus important, la banque a été sanctionnée pour avoir omis de mettre en place [du 1er mai 2004 au 31 mai 2007] des mesures antiblanchiment appropriées pour des transferts totalisant 378,4 milliards de dollars (une somme ­équivalante au tiers du PIB mexicain), effectués sur des comptes en dollars à partir de prétendues casas de cambio avec lesquelles la banque travaillait. “Le mépris flagrant de Wachovia à l’égard de nos réglementations bancaires a quasiment donné carte blanche aux cartels internationaux de la cocaïne pour financer leurs opérations”, a déclaré Jeffrey Sloman, le procureur fédéral. Pourtant, le total des pénalités ne représente même pas 2 % des 12,3 milliards de dollars de bénéfices réalisés par la banque en 2009.

Cette affaire illustre le rôle du secteur bancaire légal dans le blanchiment de centaines milliards de dollars issus du ­meurtrier trafic de la drogue, au Mexique et ailleurs – un secteur bancaire que les contribuables ont été contraints de renflouer [après la crise financière de 2008].

Suite de l’article (très long) ici :

http://www.courrierinternational.com/article/2011/05/12/la-banque-qui-aimait-trop-l-argent-sale

GUATEMALA. La police découvre les corps de vingt-neuf personnes assassinées

COURRIER INTERNATIONAL – 16.05.2011 – in : El Periódico

Les corps décapités des 29 victimes ont été découverts le 15 mai dans le nord du pays. Ce massacre semble lié à la mafia de la drogue, active dans cette région frontalière du Mexique. "Cette tuerie a eu lieu juste après l’assassinat d’Haroldo Waldemar León Lara, trafiquant de drogue présumé tué par balle le 7 mai. Les autorités ne savent pas s’il s’agit d’une vengeance ou bien d’une attaque perpétrée par le cartel mexicain des Zetas, qui se dispute cette zone avec la famille León", explique le journal.

ITALIE. Saisie d’un milliard d’euros de biens appartenant à la mafia de Naples

LEMONDE.FR avec AFP | 05.05.11

Les carabiniers ont saisi pour un milliard d’euros de biens appartenant à un clan de la mafia napolitaine dans le cadre d’une enquête qui a conduit mardi à l’arrestation de trente-neuf personnes, a indiqué, jeudi 5 mai, l’agence italienne ANSA.

Les carabiniers ont procédé à la saisie de terrains, immeubles, sociétés, activités commerciales, véhicules et embarcations appartenant au clan Polverino, pour une valeur totale estimée à 1 milliard d’euros. Ces biens étaient enregistrés au nom de membres du clan et de prête-noms. Les membres du clan Polverino sont accusés d’association de type mafieux, de tentative d’homicide, d’extorsion, d’usure, de détention illégale d’armes, de trafic de drogue, de transfert illégal de fonds illicites provenant d’activités immobilières, financières et commerciales.

Deux des personnes qui avaient été arrêtées mardi sont candidates du Peuple de la liberté (PDL, droite, le parti du chef du gouvernement italien) aux municipales de Quarto, près de Naples : Armando Chiaro, considéré comme l’un des chefs de l’organisation et servant de prête-nom au clan, et Salvatore Camerlingo, cousin du "boss" Salvatore Liccardi.

Ces arrestations sont le fruit d’une enquête menée par le direction antimafia de Naples en collaboration avec l’unité centrale de la garde civile espagnole sur les activités du clan Polverino, de la Camorra (mafia napolitaine). Selon les enquêteurs, ce clan gère, à partir de la banlieue nord de Naples, un important trafic pour approvisionner le marché italien en drogue venue d’Espagne.

ITALIE. L’un des responsables de la Camorra arrêté près de Naples

LEMONDE.FR avec AFP | 25.05.11

La police italienne a arrêté un responsable présumé de la Mafia, Giuseppe Dell’Aquila, dans une villa fortifiée près de Naples, mettant fin à une cavale de neuf ans, a rapporté mercredi l’agence ANSA.
Dell’Aquila, inscrit sur la liste des fugitifs les plus dangereux du pays, est considéré comme un homme d’influence discret au sein de la Camorra. On lui attribue la formation d’une alliance entre différentes bandes de la Mafia. Le criminel présumé est recherché pour extorsion de fonds, vol et blanchiment d’argent.

Un repenti de la Mafia, Salvatore Giuliano, l’a qualifié de "tueur féroce", qui a commis des "centaines de meurtres". La Camorra est principalement active autour de Naples. Disposant d’un réseau international qui génère des milliards d’euros, elle est particulièrement puissante dans le domaine de la drogue et de la contrefaçon.

KENYA-TANZANIE. La prévention du VIH chez les usagers injecteurs de drogues au Kenya et en Tanzanie

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011 (Publication)

Ce rapport, relatant la visite au Kenya et en Tanzanie d’une équipe du Centre de Santé Publique Mondiale (CSIS), analyse les dimensions de l’épidémie de VIH liée à l’injection de drogues et explore les réponses adoptées par les Etats-Unis et développées par PEPFAR.

Lire le rapport (en Anglais).
http://idpc.net/sites/default/files/library/110428_Nieburg_HIV_Web.pdf?

MEXIQUE. Le Mexique défile contre la corruption

LIBERATION - 10/05/2011 - Par EMMANUELLE STEELS MEXICO, de notre correspondante

Criminalité . Des milliers de manifestants ont dénoncé, dimanche, la guerre anti-narcos menée par le pouvoir.

« Calderón dehors ! » : ce cri, réclamant la démission du président Felipe Calderón, a été proféré dimanche par des milliers de Mexicains révoltés par les 37 000 morts causées par la guerre des cartels de la drogue. A Mexico et dans d’autres villes du pays, les citoyens ont manifesté contre la violence des narcotrafiquants et, surtout, contre l’incompétence et la corruption du pouvoir. Certaines pancartes clamaient : « Que les putes nous gouvernent, puisque que leurs fils ont échoué ».

La manifestation de Mexico venait couronner la Marche pour la paix et la justice partie jeudi de Cuernavaca, ville située à 90 kilomètres au sud de la capitale. Des centaines de personnes, pour la plupart des proches de victimes de la guerre des cartels, ont fait l’intégralité de cet éprouvant parcours. Dimanche sur le Zócalo, l’immense place centrale de Mexico, des milliers de citoyens sont venus se solidariser avec leur douleur : entre 100 000 personnes, selon les autorités, et 200 000, selon les organisateurs. Le mouvement de protestation contre la violence, la corruption et l’impunité, avait été lancé il y a un mois par le poète Javier Sicilia après la mort de son fils, tué à Cuernavaca par un gang lié au crime organisé.

« Nous ne voulons pas d’un pays qui ne respecte pas la vie des gens », explique à Libération Julian LeBaron, l’un des organisateurs de la mobilisation. « Si nous n’élevons pas la voix, alors nous sommes complices de la violence », ajoute cet homme, dont une partie de la famille, originaire du nord du pays, a été tuée pour avoir fondé une association de lutte contre les kidnappings. L’abandon de l’offensive militaire ordonnée par le gouvernement contre les narcotrafiquants est l’une de ses revendications : « Il faut légaliser les drogues. Cette guerre est un désastre, cela ne sert à rien d’envoyer l’armée contre les cartels. »

Exigeant au gouvernement un changement de stratégie dans la lutte contre le crime, les manifestants ont ovationné Javier Sicilia lorsque celui-ci a réclamé la démission du secrétaire de la Sécurité publique, Genaro Garcia Luna, « pour éviter plus de violence ». Dans son discours sur le Zócalo, le poète a proposé de ne plus accepter d’élections si les partis politiques ne purgeaient pas de leurs rangs les éléments corrompus : « Sinon, nous devrons nous demander lors des prochaines élections pour quel cartel il faut voter. » La désobéissance civile est l’un des projets du mouvement de protestation, qui devrait se poursuivre.

MEXIQUE. « Le Mexique s’enterre dans les fosses communes »

LIBERATION – 21.05.2011 - Par JAVIER SICILIA

Depuis l’assassinat de son fils, le poète mexicain Javier Sicilia est le porte-parole des milliers de victimes de la guerre de la drogue. Le 8 mai, lors d’une immense manifestation, il a prononcé un discours qui fera date :

« Nous sommes arrivés à pied, comme nos ancêtres, jusqu’à ce lieu où ils ont vu pour la première fois le lac, l’aigle, le serpent, le nopal et la pierre, ces emblèmes qui fondèrent la nation et qui accompagnèrent les peuples du Mexique tout au long des siècles. Nous sommes arrivés sur cette place où un jour vécut Tenochtitlán - cette place où l’Etat et l’Eglise se sont installés sur les fondements d’un passé riche en enseignements et où les chemins se rencontrent et bifurquent - ; nous sommes arrivés ici pour redonner une visibilité aux racines de notre nation, pour que sa nudité, qui accompagne la nudité de la parole, c’est-à-dire le silence, et la douloureuse nudité de nos morts, nous aide à éclairer le chemin.

« Si nous avons marché et si nous sommes arrivés ainsi, en silence, c’est parce que notre douleur est immense et profonde, et que l’horreur qui la fait naître est si grande qu’il n’y a plus de mots pour la dire. C’est aussi parce qu’à travers ce silence, nous nous disons et nous disons à ceux qui ont la responsabilité de la sécurité de ce pays que nous ne voulons pas un mort de plus, causé par cette confusion croissante qui cherche à nous asphyxier, comme ils ont asphyxié le souffle et la vie de mon fils Juan Francisco, de Luis Antonio, de Julio Cesar, de Gabo, de María del Socorro, du commandant Jaime et de tant de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieux assassinés avec un mépris et une bassesse qui appartiennent à des mondes qui ne sont pas et ne seront jamais les nôtres ; nous sommes ici pour nous dire et vous dire que nous ne transformerons pas cette douleur de l’âme et du corps en haine ou en plus de violence, mais en levier qui nous aide à restaurer l’amour, la paix, la justice, la dignité et la démocratie balbutiante que nous sommes en train de perdre ; pour nous dire et vous dire que nous croyons encore qu’il est possible que la nation renaisse et jaillisse de ses ruines, pour vous montrer, vous, les seigneurs de la mort, que nous sommes debout et que nous ne renoncerons pas à défendre la vie de tous les fils et de toutes les filles de ce pays, et que nous croyons qu’il est encore possible de sauver et de reconstruire le tissu social de nos villages, de nos quartiers et de nos villes.
« Sans ça, nos jeunes gens, nos jeunes filles, nos enfants recevront pour seul héritage une maison abandonnée, remplie de terreur, d’indolence, de cynisme, de brutalité et de mensonges, règne des seigneurs de la mort, de l’ambition et d’un pouvoir démesuré, complaisant et complice du crime.

« Tous les jours, nous écoutons des histoires terribles qui nous blessent et nous questionnent : quand et où avons-nous perdu notre dignité ? Les clairs-obscurs s’entremêlent à longueur de temps pour nous avertir que cette maison où habite l’horreur n’est pas celle de nos pères, mais si elle l’est ; ce n’est pas le Mexique de nos professeurs, mais si, ça l’est ; ce n’est pas le Mexique de ceux qui ont donné le meilleur de leur vie pour construire un pays plus juste et démocratique, mais si ça l’est ; […] ; ce n’est pas celui des hommes et des femmes qui chaque jour se lèvent pour aller travailler et, honnêtement, gagner leur vie et celle de leur famille, mais si ça l’est ; ce n’est pas le pays des poètes, des musiciens, des peintres, des danseurs, de tous les artistes qui nous révèlent le cœur de l’être humain et nous émeuvent et nous unissent, mais si ça l’est. Notre Mexique, notre maison, est faite de grandeurs mais aussi de fissures et d’abîmes qui, par négligence, complaisance et complicité, se creusent, nous conduisant à cette épouvantable désolation.

« Privés de vie, criminalisés et enterrés dans le silence »

« Ce sont ces fissures, ces blessures ouvertes, et non les grandeurs de notre maison, qui nous ont aussi obligés à marcher jusqu’ici, entremêlant notre silence et notre douleur, pour vous dire face à face que vous devez apprendre à regarder et à écouter, que vous devez nommer tous nos morts, assassinés trois fois par la cruauté du crime : privés de vie, criminalisés et enterrés dans des fosses communes dans un silence abominable qui n’est pas celui de la foule d’aujourd’hui ; pour vous dire que par notre présence, nous nommons cette infâme réalité que vous, la classe politique, vous, les pouvoirs qu’on dit factices et vos sinistres monopoles, vous, les dignitaires des pouvoirs économiques et religieux, vous, les gouvernants, et vous, les forces de police, avez niée et continuez de nier. Une réalité que les criminels dans leur démence cherchent à nous imposer, criminels avec lesquels sont alliés, par omission, tous ceux qui détiennent une quelconque forme de pouvoir.

« Nous voulons affirmer ici que nous n’accepterons pas une élection de plus tant que les partis politiques n’auront pas nettoyé leurs rangs de ceux qui, revêtus du masque de la légalité, sont liés au crime et maintiennent l’Etat menotté et coopté, utilisant ses instruments pour éroder les espérances des citoyens. Où, où étaient les partis, les maires, les gouverneurs, les autorités fédérales, l’armée, les Eglises, les Parlements, les hommes d’affaires ; où étions-nous tous, lorsque les chemins et les routes qui conduisent à Tamaulipas [Etat du nord-est du Mexique, ndlr] se sont transformés en pièges mortels pour des hommes et des femmes sans défense, pour nos frères migrants d’Amérique centrale ?
Pourquoi nos autorités et les partis ont-ils accepté qu’à Morelos [Etat du centre du Mexique] et dans de nombreux Etats de la République, des gouverneurs publiquement désignés comme complices du crime organisé bénéficient de l’impunité et conservent leurs places dans les partis et parfois même leurs postes dans les gouvernements ? Pourquoi a-t-il été permis au Président et pourquoi celui-ci a-t-il décidé de lancer l’armée dans les rues dans une guerre absurde qui nous a coûté 40 000 victimes et des millions de Mexicains abandonnés à la peur et à l’incertitude ? Pourquoi s’est-il agi de faire passer - à l’insu des citoyens - une loi de sécurité qui exige aujourd’hui plus que jamais une ample réflexion, une discussion, un consensus citoyen ? La loi de sécurité nationale ne peut se réduire à une simple affaire militaire. La considérer comme telle est tout simplement absurde. Les citoyens ne peuvent pas continuer à payer le coût de l’inertie et de l’inefficacité d’un Congrès dont les sessions ne sont que chantages administratifs et banaux calculs politiques. Pourquoi les partis aliènent-ils leur vision, pourquoi empêchent-ils la réforme politique et bloquent-ils les instruments légaux qui permettent à la citoyenneté une représentation digne et efficace contrôlant les abus ? […]

« Ces cas - il y en a des centaines aussi graves et d’autres pires encore - mettent en évidence que les partis - le PAN (Parti d’action nationale), le PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), le PRD (Parti de la révolution démocratique), le PT (Parti du travail), Convergence, le Panal (Parti de la nouvelle alliance), le Parti vert - sont devenus une particratie d’où émergent les dirigeants de la nation. Les liens avec le crime et les mafias existent dans tous les partis, à travers toute la nation. Sans un véritable nettoyage et sans un engagement politique totalement éthique, alors nous, les citoyens, n’aurons plus d’autre choix aux prochaines élections que de nous demander pour quel cartel et pour quel pouvoir factice nous devons voter. Ne vous rendez-vous pas compte que vous êtes en train de briser et d’humilier ce que nos institutions républicaines ont de plus sacré, en détruisant la volonté populaire qui tant bien que mal vous a menés là où vous êtes ?

« Les partis politiques affaiblissent nos institutions républicaines, les rendent vulnérables face au crime organisé et soumises devant les grands monopoles ; ils font de l’impunité un modus vivendi et transforment les citoyens en otages de la violence régnante.

« Face à l’avancée de la pègre liée au narcotrafic, le pouvoir exécutif considère, fort de la majorité de la mal nommée classe politique, qu’il n’y a que deux façons d’affronter cette menace : en l’administrant de manière illégale comme c’était et c’est encore l’habitude dans de nombreux endroits, ou en lui faisant la guerre avec l’armée dans les rues comme c’est le cas aujourd’hui. C’est ignorer que la drogue est un phénomène historique, qui, décontextualisé du monde religieux auquel elle servait et soumise maintenant au marché et à la société de consommation, aurait dû et doit être traité comme un problème de sociologie urbaine et de santé publique, et non comme une affaire criminelle qu’on résout par la violence. Car c’est ajouter une souffrance de plus à cette société qui pousse à la course au succès, à l’argent et au pouvoir sans se soucier des moyens, ni du prix à payer pour les obtenir. […]

« Prisonniers de la politique de sécurité des Etats-Unis »

« A tout cela, qui est déjà terrible en soi, il faut ajouter la politique nord-américaine. Son marché millionnaire de consommation de la drogue, ses banques et ses entreprises qui blanchissent l’argent avec la complicité des nôtres et son industrie guerrière - plus létale, contondante et expansive que les drogues - qui fournit des armes jusqu’à nos terres et renforce non seulement la croissance des groupes criminels, mais aussi leur assure une immense capacité à tuer. La politique de sécurité des Etats-Unis est conçue selon une logique qui répond à leurs intérêts fondamentaux et dans laquelle le Mexique s’est trouvé prisonnier.

« Comment restructurer cette réalité qui nous a mis en état d’urgence nationale ? C’est un défi plus que complexe. Mais le Mexique ne peut continuer à simplifier cette situation et encore moins à permettre qu’elle creuse nos divisions internes et nous brise jusqu’à rendre quasi inaudibles le battement de nos cœurs qui représente aussi le battement de la nation. Pour cela, nous disons ici qu’il est urgent que les citoyens, les gouvernements des trois ordres [exécutif, législatif et judiciaire], les partis politiques, les paysans, les ouvriers, les Indiens, les universitaires, les intellectuels, les artistes, les Eglises, les entrepreneurs, les organisations civiles fassent un pacte, c’est-à-dire s’engagent fondamentalement pour une paix juste et digne, qui permette à la nation de renaître de son sol, un pacte dans lequel nous reconnaissons et nous assumons nos diverses responsabilités, un pacte qui permette à nos jeunes gens, à nos jeunes filles et à nos enfants de récupérer leur présent et leur avenir, pour qu’ils cessent d’être les victimes de cette guerre ou de l’armée de réserve de la délinquance.

« Pour cela, tous les dirigeants et toutes les forces politiques de ce pays doivent se rendre compte qu’ils sont en train de perdre la représentation de la nation qui émane du peuple, c’est-à-dire des citoyens comme nous, qui sommes réunis sur la place du Zócalo de la ville de Mexico et d’autres villes du pays.

« S’ils ne le font pas et s’entêtent dans leur aveuglement, non seulement les institutions deviendront vides de sens et de dignité, mais les élections de 2012 seront celles de l’ignominie, une ignominie qui rendra plus profonde les fosses communes où, comme à Tamaulipas et à Durango, s’enterre la vie du pays.
« Nous sommes lancés dans une croisade dont l’issue n’est pas facile, parce que le sol sur lequel fleurit une nation et le tissu qui exprime son âme sont abîmés.

Pour cela, le pacte que nous convoquons après avoir recueilli de nombreuses propositions de la société civile […] est un pacte qui contient six points fondamentaux qui permettront à la société civile de suivre ponctuellement son exécution et, s’il y a trahison, de pénaliser les responsables de ces trahisons ; ce pacte sera signé [le 10 juin] dans le centre de la ville de Ciudad Juárez - le visage le plus visible de la destruction nationale - face aux noms de nos morts et empli d’un sens profond de ce qu’une paix digne signifie. […]

« Respectons maintenant cinq minutes de silence en mémoire de nos morts, en mémoire de la société cernée par la délinquance et un Etat absent, en signal de l’unité et de la dignité de nos cœurs qui appellent, tous, à reconstruire la nation.

Respectons-les ainsi parce que le silence est le lieu du recueillement et du jaillissement de la parole véritable, le lieu profond du sens. Et que ce qui nous réunit au sein de ces souffrances, c’est cette terre intérieure et commune qui n’est la propriété de personne et d’où, si nous savons écouter, peut naître la parole qui nous permettra de dire à nouveau dans la dignité et la paix le nom de notre maison : le Mexique. »

Traduction Carmen Miranda.

- > Le texte intégral en espagnol est publié sur le site de Proceso : www.proceso.com.mx/rv/modHome/ detalleExclusiva/91052

MEXIQUE. Les telenovelas accros aux narcos

LIBERATION – 25 mai 2011 - Par EMMANUELLE STEELS MEXICO, de notre correspondante

Les telenovelas relatant les aventures des narcotrafiquants font-elles l’apologie du crime organisé ? C’est en tout cas ce qu’opine le gouvernement mexicain, qui a vertement reproché à la chaîne Televisa de diffuser la série la Reina del sur (« la Reine du sud »), tirée du roman éponyme d’Arturo Pérez-Reverte. Cette série télé expose en soixante épisodes la carrière criminelle de la belle Teresa Mendoza, personnage de fiction inspiré de la narcotrafiquante mexicaine Sandra Avila Beltrán, surnommée « la reine du Pacifique », arrêtée en 2007.

Il était prévisible que le Mexique, comme la Colombie en son temps, finisse par transposer sa guerre des cartels en telenovelas, paradigme de la culture populaire latino-américaine. Les intrigues amoureuses des grands propriétaires terriens dans les haciendas fleuries de la campagne mexicaine ne sont plus dans l’air du temps. En conservant les scénarios à rebondissements, en changeant les personnages et le contexte, en troquant l’eau de rose contre la violence, les « narcoséries » diffusées au Mexique touchent un public plus large que les autres telenovelas.Incarnée par Kate del Castillo, une actrice mexicaine à la plastique irréprochable, la Reina del sur, produite par la chaîne américaine hispanophone Telemundo, habille de glamour l’univers glauque des narcotrafiquants. Au point que le gouvernement a accusé Televisa de violer les normes que la chaîne s’était elle-même imposées. En effet, il y a à peine deux mois, le groupe Televisa et plusieurs autres médias mexicains ont conclu un pacte pour privilégier les informations positives qui projettent une bonne image du Mexique, limiter la couverture des faits violents et éviter de présenter les mafieux comme des héros. Dans la Reina del sur, les trafiquants, à commencer par l’héroïne, apparaissent comme des êtres charismatiques.

Après les narcos glamours, les telenovelas ont créé les policiers incorruptibles. La série el Equipo (« l’Equipe »), produite par Televisa, met en scène une unité d’élite fictive de la police fédérale qui terrasse les grands criminels du pays. Le ministre de la Sécurité publique, Genaro Garcia Luna, a applaudi. Une telle plateforme de propagande est idéale pour sa police, si critiquée. Le ministre, qui aura son propre personnage dans la série, a prêté véhicules, hélicoptères et mêmes ses agents pour les besoins du tournage. Le scénario passe en revue quelques-unes des opérations menées contre les narcotrafiquants ces dernières années. Notamment l’arrestation de Sandra Avila Beltrán… La série a démarré le 9 mai. C’est désormais aux téléspectateurs de choisir entre l’une ou l’autre telenovela, entre la police et les narcos.

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COURRIER INTERNATIONAL consacre un dossier au Mexique dans son numéro du 01 juin 2011 (Actuellement en kiosque ; les articles sont en ligne, mais l’accès est payant)

« Citoyens contre narcos : Mexique courage »

• La guerre contre les “narcos” engendre une violence de tous les instants. La société civile, prise entre deux feux, les cartels et l’armée, n’en peut plus.

• Un mouvement citoyen, emmené par le poète Javier Sicilia, pose de nouvelles exigences.

• Le 5 juin une “caravane de la paix” partira pour Ciudad Juárez, ville emblématique du narcotrafic.

NOUVELLE-ZELANDE. Le rapport de la Commission juridique néozélandaise rend ses conclusions sur la révision de la Loi de 1975 sur l’usage de drogues illégales  

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

L’ancienne loi néozélandaise sur les drogues datant de 35 ans, sera confrontée à un chamboulement majeur si le gouvernement néozélandais adopte toutes les recommandations proposées par la Commission juridique indépendante lors du processus de révision de la loi sur les drogues.

Lire davantage (en Anglais) :

http://idpc.net/fr/alerts/New-Zealand-review-misuse-act1975?

PAYS-BAS : merci de remettre vos pieds de cannabis à la police

LES INROCKS – droguesnews – 29 avril 2011 – par Arnaud Aubron

Un parfait exemple du pragmatisme néerlandais. Dans un jugement rendu ce mardi, la Cour suprême a statué que les Néerlandais pouvaient bien posséder jusqu’à cinq plants de marijuana sans risquer de passer au tribunal, et ce quelles que soient les quantités que ces pieds produisent. Les cultivateurs devront toutefois remettre leur récolte à la police si cette dernière se présente à leur domicile. Mais dans ce cas, elle ne pourra pas les arrêter. On imagine un policier français toquer poliment à votre porte : « Bonjour, excusez-nous de vous déranger, on vient juste chercher vos pieds d’herbe, ne vous dérangez pas pour nous, on va les récolter nous-même »…

La Cour était saisie de deux cas dans lesquels, en 2006 et 2008, deux propriétaires de 5 pieds chacun avaient reçu une amende car, défendait l’accusation, les quantités produites par ces pieds excédaient les 5 grammes de marijuana que les Néerlandais sont autorisés à posséder pour leur usage personnel en vertu d’une directive du procureur général. En l’occurrence, la production était de 2,2 kilos dans un cas, 6,7 dans le second. L’accusation défendait en outre l’idée que cette production n’était pas destinée à une consommation personnelle. La Cour lui a donné tort, suivant en cela l‘arrêt de la cour d’appel de Den Bosch de décembre 2009 et estimant que les quantités produites ne devaient pas entrer en ligne de compte : seul le nombre de pieds importe.

Dès 2007, le porte-parole de la police se plaignait que la tolérance de fait pour les petits cultivateurs nourrissait le trafic, chaque propriétaire pouvant gagner jusqu’à 4000 euros par an avec cinq pieds. A l’époque, les forces de l’ordre affirmaient démanteler 8000 plantations illégales chaque année. Ce que l’on appelle aux Pays-Bas le « back door problem » : les coffee shops sont autorisés à vendre à leurs clients, mais pas à s’approvisionner. Un pas que le gouvernement néerlandais n’a jamais osé franchir par peur de sortir du cadre prohibitionniste imposé par les conventions de l’ONU. D’où cette tolérance pour les petits cultivateurs.

Une décision très attendue qui intervient alors que le débat sur l’interdiction des coffee shops aux étrangers fait rage dans le pays. Et une preuve de plus que le modèle néerlandais a encore de beaux jours devant lui. Après un avis favorable de la Cour européenne de justice en décembre, le Conseil d’Etat néerlandais devrait rendre, avant l’été, sa décision sur l’introduction d’un « Pass cannabis » réservé aux seuls résidents. Une mesure réclamée par les voisins des Pays-Bas et par de nombreux résidents des villes frontières néerlandaises. Mais une décision qui porterait un coup dur à une industrie qui est aujourd’hui plus importante que celle de la tulipe.

Aux PAYS-BAS, les touristes étrangers bientôt interdits dans les "coffee shops"

Le Monde.fr | 30.05.11 – par Jean-Pierre Stroobants

Bruxelles Correspondant - Les touristes étrangers ne pourront plus fréquenter les "coffee shops" néerlandais à partir de la fin de l’année et y acheter du cannabis. Une autorisation sera nécessaire et elle sera réservée aux nationaux. Chaque "coffee shop" ne pourra, en outre, compter plus de 1 000 ou 1 500 membres.

Ces mesures, décidées à la fin de la semaine dernière par les ministres de la santé et de la justice seront d’abord introduites dans les villes du sud du pays. Elles seront ensuite étendues à l’ensemble du territoire, et notamment à Amsterdam, qui compte à elle seule quelque 220 "coffee shops".

La municipalité de la capitale s’oppose, comme quatre autres grandes villes, à la généralisation du "passeport cannabis" et à l’interdiction faite aux étrangers de se le procurer. Les autorités d’Amsterdam estiment, en effet, que la réforme n’aboutira qu’à déplacer le commerce des drogues douces vers la rue, où il deviendra encore plus difficilement contrôlable.
Des expériences de culture contrôlée du cannabis, envisagée par certains responsables municipaux, ont quant à elles été abandonnées.

LUTTER CONTRE L’EMPRISE DES GROUPES CRIMINELS

La coalition de droite au pouvoir affirme pour sa part qu’il faut lutter contre l’emprise des groupes criminels, qui ont mis la main sur l’approvisionnement des lieux où l’on peut se procurer des drogues douces, théoriquement en quantité réduite et pour sa propre consommation. Les ministres affirment qu’ils veulent démanteler au moins 40% des groupes mafieux qui ont prospéré grâce aux "coffee shops" et à l’extension de la consommation de drogues en général.
Il reste à voir si les mesures prévues auront l’effet escompté pour l’éloignement des touristes étrangers adeptes des "coffee shops". Les autorités attendent un arrêt du Conseil d’Etat, saisi par un exploitant de Maastricht qui entend continuer à servir des clients venus de pays voisins. C’est seulement si la haute juridiction déboute le plaignant que le "passeport cannabis" pourra être introduit.

PAYS-BAS. Dans le port d’Amsterdam, y’aura plus de marins qui fument

LES INROCKS – droguesnews – 30 mai 2011 – par Arnaud Aubron

« Dis papa, c’est vrai que quand t’étais jeune on pouvait fumer des pétards dans des cafés en Hollande ? » Cette fois, c’est peut-être bien la fin d’une époque. Celle des week-ends intiatiques à Amsterdam pour la jeunesse française, belge ou allemande venue profiter du fameux système néerlandais des coffee shops, où hasch et marijuana s’achètent comme un paquet de cigarettes (sauf que l’on peut fumer à l’intérieur).
« Afin de nous attaquer aux nuisances et à la criminalité associées aux coffee shops et au trafic de drogues, il sera mis fin à la ‘politique de la porte ouverte’ des coffee shops », expliquent les ministres de la Justice et de la Santé dans leur lettre commune adressée vendredi au Parlement.

Les coffee shops deviendront ainsi, entre fin 2011 (dans les provinces frontalières de Limbourg, Nord Brabant et Zélande) et début 2012 dans le reste du pays, des clubs privés accessibles aux seuls citoyens ou résidents néerlandais. Pour y accéder, ces derniers devront être majeurs et prendre une carte de membre valable un an. Aucun coffee shop ne pourra en outre compter plus de 1000 ou 1500 membres (les articles de presse divergent sur ce point).
Enfin, et cette mesure moins commentée pourrait être la plus radicale, les coffee shops devront se situer à plus de 350 mètres de la première école, ce qui pourrait obliger plus de la moitié d’entre eux à fermer. Cette technique a déjà été utilisée par un précédent gouvernement néerlandais pour limiter le nombre de coffee shops (la limite était de 450 mètres).

La mesure concernant les étrangers doit encore recueillir l’accord de la Cour suprême néerlandaise puisqu’elle constitue une discrimination entre citoyens de l’Union européenne. Un obstacle qui devrait logiquement être levé puisque la Cour européenne de justice a rendu un avis favorable sur ce point au mois de décembre, estimant que cette mesure discriminatoire était « justifiée par l’objectif visant à lutter contre le tourisme de la drogue et les nuisances qu’il draine », rappelant au passage que le cannabis n’est pas légal aux Pays-Bas mais simplement toléré et qu’il est interdit dans le reste de l’Union. Pour en arriver là, cinq ans de bataille juridique auront été nécessaires, ouvrant la voie à la décision actuelle du cabinet néerlandais.

Reste toutefois la possibilité d’une opposition politique à cette mesure du gouvernement conservateur, le premier depuis 1918 à ne pas obtenir, la semaine dernière, la majorité au Sénat. Un échec qui pourrait également expliquer cet empressement à boucler le dossier cannabique pour s’assurer le soutien de petits partis ultra-conservateurs au Sénat.

Deux types de raisons pourraient motiver une fronde des élus. D’abord parce que ce projet risque de coûter très cher aux Pays-Bas qui attirent chaque année des centaines de milliers de touristes qui, venus pour fumer, occupent également des chambres d’hôtels, mangent d’autant plus dans les restaurants que le pétard donne faim… Au total, le marché du cannabis pourrait peser près de 5 milliards d’euros (tourisme inclus) auxquels il faudra trouver un substitut en ces temps de crise économique. Pas sûr que Van Gogh et les canaux assurent à eux seuls la relève.

Mais également une opposition idéologique, puisque le système dit de « séparation des marchés » (entre drogues dures et drogue douce) a prouvé son efficacité depuis plus de trente ans. Ainsi, selon les chiffres de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT), les jeunes Néerlandais consomment moins de cannabis que les jeunes Français, chez qui le simple fait de fumeur un joint reste passible d’un an de prison. La municipalité d’Amsterdam a ainsi fait connaître son inquiétude : « Concernant les problèmes de deal de rue à grande échelle qui vont se poser. Il y a aussi des inquiétudes concernant la santé publique, parce qu’avec le deal de rue, nous ne pouvons nous assurer de la qualité des drogues douces ou de l’âge des consommateurs ».

Adoptée (comme c’est désormais probable) ou non, et contrairement à un discours répandu en France, cette nouvelle politique néerlandaise ne saurait être interprétée comme un revers pour les partisans de la légalisation ou de la dépénalisation du cannabis. Car si le gouvernement néerlandais s’attaque de manière radicale au problème du « narcotourisme » (il suffit d’avoir passé un week-end à Maastricht pour se convaincre que ce problème existe), le système de « séparation des marchés » n’est pas attaqué en tant que tel.

Rien, en effet, n’empêchait le gouvernement conservateur de mettre un terme à l’expérience initiée dans les années 70 et de revenir à une stricte prohibition de toutes les drogues comme nous la connaissons en France – avec les résultats que l’on connaît également. Rien n’aurait été plus simple : l’ensemble du système néerlandais tient en effet à une simple circulaire qui prévoit que l’arrestation des fumeurs de cannabis n’est pas la priorité de la police.

Au lieu de cela, la Haye s’est lancé dans une longue bataille juridique afin de préserver le coeur même d’un système qui, lui, a fait ses preuves et est accepté par toutes les tendances politiques. Ainsi les adultes néerlandais continueront de pouvoir fumer du cannabis, de pouvoir en produire chez eux en des quantités raisonnables ou de pouvoir l’acheter dans les coffee shops dans lesquels ils seront enregistrés.

Des coffee shops qui devraient attirer de nombreux touristes pour leur baroud d’honneur et assurer un Nouvel An mémorable à Amsterdam, où les nostalgiques de toute l’Europe ne manqueront de venir nombreux pour célébrer une dernière fois la nouvelle année le pétard à la bouche. Et que les bonnes âmes se rassurent, les prostituées, elles, ont encore de belles années en vitrines devant elles.


POLOGNE. La nouvelle politique des drogues polonaise prend en compte des données scientifiques disponibles 
 

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

Dix ans après avoir introduit les lois sur les drogues les plus sévères d’Europe, le Président polonais a voté un amendement, qui permet de distinguer plus facilement les usagers de drogues des trafiquants.

Lire davantage (en Anglais)
http://idpc.net/fr/alerts/polish-president-adopts-new-drug-law?

TUNISIE. Slim Ammamou pour la dépénalisation du haschich

tekiano.com - Mercredi 04 Mai 2011

http://www.tekiano.com/ness/20-n-c/3694-tunisie-slim-ammamou-pour-la-depenalisation-du-haschich.html

Lors d’une interview vidéo diffusée sur Facebook, Slim Ammamou, secrétaire d’Etat du ministère de la jeunesse et des sports, donne son avis sur la loi condamnant les consommateurs directs ou indirects de drogues dites douces. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la vidéo en question risque de faire un tabac.

« Moi personnellement, je suis pour la dépénalisation totale de la consommation des drogues douces […] le cannabis au moins » dixit Slim Ammamou, secrétaire d’Etat du ministère de la jeunesse et des sports, lors d’une interview-vidéo, qui fait actuellement un tabac sur Facebook. Le responsable a en effet répondu ainsi à une question concernant l’application d’un futur projet de loi permettant d’alléger ou d’abolir la loi concernant la consommation des drogues douce, à l’ère Zaba. (...)

Indiquant au passage que ce projet de révision était déjà en cours de préparation depuis l’ancien régime, Slim Ammamou a expliqué que cette nouvelle mesure ne pouvait être décidée par le gouvernement provisoire. « Ca sera plutôt la tâche de l’assemblée constituante qui va peut être s’y atteler. Mais il faudra y mettre la pression ! J’y veillerai puisque je ne serais plus au gouvernement à ce moment là ! » conclut-il.

Connu pour ses propriétés psychotropes, le chanvre (appelé également marijuana, hachisch et cannabis en latin), est catalogué en tant que drogue douce. Mais contrairement à certains pays où il est en vente libre, l’utilisation du cannabis continue jusqu’à présent à susciter la polémique, notamment dans les pays où sa consommation demeure interdite.

En Tunisie, la loi n°52, (datant du 18 mai 1992), relative à la consommation des drogues dites douces, à fini par créer bon nombre d’injustices selon certains qui estiment que les sanctions encourues sont exagérées.

En effet, il faut avant tout savoir qu’en Tunisie, la seule consommation de cannabis conduit à des peines d’emprisonnement allant de 20 ans à la réclusion à perpétuité et ce, sans parler des cultivateurs-trafiquants et autre indépendants qui écopent des sanctions maximales ! Mais le plus grave, c’est que même les consommateurs passifs (en contact indirect avec la plante) sont susceptibles d’écoper d’une peine prison qui varie entre 1 et 5 ans et d’une amende pouvant atteindre les 5000 dinars. Alors que le cannabis, comme le stipule bon nombre d’études, n’a pas toujours été considéré comme étant un stupéfiant. C’est ce que souligne un article paru dans l’encyclopédie en ligne Wikipedia qui présente le haschisch comme étant une « plante utilisée depuis à la nuit des temps, pour ses vertus thérapeutiques ». Dans la médecine moderne, des études sérieuses ont même déjà prouvé que le cannabis permet de soulager efficacement les douleurs des patients atteint de certains cancers ou de sclérose en plaque. Mieux : Une institution britannique spécialisée dans les troubles de la santé mentale (Fondation Beckley) aurait mené une étude selon laquelle cette plante douce serait moins nocive que l’alcool et le tabac !

VENEZUELA/ COLOMBIE/ ETATS-UNIS. Guéguerre diplomatique pour un narcotrafiquant

LIBERATION – 3.05.2011 - Par JULIE PACOREL

Walid Makled, 42 ans, emprisonné en Colombie, est la nouvelle pomme de discorde entre le Venezuela et les Etats-Unis. Cet entrepreneur vénézuélien arrêté en août serait le troisième plus gros trafiquant de cocaïne recherché par la DEA (le service antidrogue de la police fédérale américaine). Ex-patron de la compagnie aérienne Aeropostal, il affirme peser 1,2 milliard de dollars (800 millions d’euros). Une fortune réalisée en moins de dix ans et pour laquelle il remercie… le gouvernement d’Hugo Chávez.

Dans une interview diffusée par le groupe américain de télévision en espagnol Univision, il affirme avoir corrompu 40 officiers de l’armée bolivarienne et 5 députés, et envoyé chaque jour une demi-douzaine d’avions chargés de cocaïne à destination d’Amérique centrale et du Nord. Il se vante aussi d’avoir financé à hauteur de 2 millions de dollars la campagne de Chávez pour le référendum constitutionnel de 2007, en échange de la concession du plus grand port du pays.

Depuis sa prison colombienne, l’homme d’affaires ne cesse de parler et a suscité l’intérêt des Américains, toujours à l’affût d’informations discréditant Hugo Chávez. Eux aussi ont demandé l’extradition du « Turc », comme on le surnomme malgré son origine syrienne, qui doit être jugé à New York pour trafic de stupéfiants. Makled assure que s’il est envoyé aux Etats-Unis, il révélera tout. Le gouvernement socialiste accuse le criminel de monter un « show médiatique » pour s’attirer les faveurs des gringos. Pour prouver sa bonne foi, le ministre de la Défense, Carlos Mata, a même promis l’ouverture d’une enquête pour déterminer la véracité des accusations. Le président colombien, Juan Manuel Santos, a tranché mi-avril en donnant son accord pour extrader le présumé narcotrafiquant chez son voisin.

Un camouflet pour l’allié habituel de la Colombie, Washington, dont Santos se distancie chaque jour davantage. « Nous avons un accord d’extradition avec le Venezuela, pas les Etats-Unis », s’est justifié ce dernier. Autres éléments en faveur du Venezuela : Caracas a déposé sa demande d’extradition avant Washington, et les crimes dont Walid Makled est accusé dans son pays sont plus graves que ceux commis aux Etats-Unis : envoi de 5,5 tonnes de cocaïne au Mexique depuis l’aéroport de Maiquetia, et planification de deux assassinats. La justice colombienne a toutefois garanti à la DEA le droit de l’interroger à volonté avant son départ pour le Venezuela. A Caracas, le président de l’Assemblée a déjà refusé la demande de Walid Makled de s’exprimer devant l’hémicycle et estimé que « son cas relève de la justice ordinaire, pas du Parlement ».

VIETNAM. Les centres de traitement forcé sont « contre-productifs »

IDPC – Alerte mensuelle – Mai 2011

Des experts internationaux de la santé, y compris l’ONUSIDA, ont fortement critiqué les 70 centres de traitement forcé opérant actuellement au Vietnam. L’Association médicale mondiale et la Fédération internationale des organisations de santé et des droits humains ont particulièrement critiqué cette pratique et ont exhorté les gouvernements à remplacer les centres de traitement forcé par des centres de traitement volontaires et opérant selon les données empiriques disponibles.

Lire davantage (en Anglais)
http://idpc.net/fr/alerts/wfo-ifhhro-call-for-closing-of-compulsory-treatment-centres?

DROGUES LEGALES

ALCOOL. Un nouveau « remède miracle » à la gueule de bois ?

LES INROCKS – droguesnews – 2 mai 2011 – par Arnaud Aubron

On vous parlait en janvier du « meilleur » remède contre la gueule de bois, en l’occurrence un cocktail aspirine-café mis au point par un scientifique de Philadelphie. Mais telle la quête du Graal, la recherche de la solution miracle à l’envie de vomir, au mal de tête et à la remise en cause du sens de sa vie suivi d’une furieuse volonté de se retirer dans les ordres qui sont généralement consécutifs aux soirées trop arrosées est sans fin.

Dave Shor, un fondu de neurosciences de New York, prétend donc à son tour avoir trouvé le meilleur remède à la gueule de bois. Et entend bien en faire commerce, ce qui, il faut le dire, rend sa trouvaille un poil moins crédible. Assez toutefois pour que le très sérieux Time lui consacre un article, m’interdisant de passer cette info sous silence.

Le produit miracle a été baptisé Mercy et contient essentiellement du potassium et du glucose. Son originalité consisterait dans le fait qu’il entend s’attaquer à plusieurs causes de la gueule de bois en même temps, causes multiples qui expliquent la difficulté de l’exercice. Il suffirait d’en boire une canette pour cinq verres d’alcool (et donc deux pour dix…) avant de se coucher pour se réveiller comme une princesse. Mercy jouerait essentiellement sur deux raisons de la gueule de bois : la déshydratation et l’insuffisance de glutathion, produit par le foie pour résister à la toxicité de l’alcool. Lorsque nous buvons trop, le foie ne produit plus assez de glutathion, d’où intoxication.

Sur le papier, ça semble imparable. Mais dans les faits, rien ne dit que cette recette miracle fonctionne mieux que les autres. Une scientifique interrogée par le magazine Time doute ainsi sérieusement de la recette. De manière plus générale, en 2005, des chercheurs publiaient une étude dans le British Medical Journal affirmant que sur les 15 remèdes soit-disant miracles à la gueule de bois qu’ils avaient testé, aucun ne fonctionnait réellement…
« Il n’y a pas de preuve suggérant qu’une intervention conventionnelle ou alternative soit efficace pour prévenir ou traiter la gueule de bois. La manière la plus efficace pour éviter les symptômes de la gueule de bois provoquée par l’alcool est de pratiquer l’abstinence ou la modération. »

Mais comme ni l’une ni l’autre n’ont bonne presse, il y a fort à parier que la quête du Graal est appelée à durer. Une dernière info en passant, histoire que cet article n’ait pas servi à rien, selon Wikipédia, si l’on dit « gueule de bois » c’est parce que l’on aurait la bouche sèche comme du bois… Et si l’on veut rester poli, on peut dire « veisalgie », du norvégien « kveis », signifiant « inconfort succédant à la débauche ».

ALCOOL. La Rochelle interdit la consommation d’alcool en centre-ville

LIBERATION – 25.05.2011

La mairie de La Rochelle (Charente-Maritime) a interdit depuis mercredi la consommation d’alcool sur l’espace public en centre-ville, une décision prise selon le maire PS Maxime Bono afin de "corriger certains excès".
Les nombreuses plaintes et demandes d’intervention relevées par les services municipaux ont conduit à la prise de cette mesure vis-à-vis des "comportements bruyants portant atteinte au bon ordre, à la sûreté, la sécurité et la salubrité publique", stipule l’arrêté municipal.

"C’est un peu la mort dans l’âme que je me suis résolu à suivre un certain nombre de villes qui ont déjà pris des dispositions semblables", a ajouté M. Bono. "Le but n’est pas de mettre onze euros d’amende quand quelqu’un boit dans la rue, mais surtout d’instaurer un dialogue".
Si cette interdiction est permanente sur un territoire précis, des dérogations seront possibles à l’occasion de manifestations culturelles ou festives. "La Rochelle ne cessera pas d’être une ville où on s’amuse, mais il fallait corriger certains excès", assure le maire.

Pour tenter de contrecarrer le phénomène d’alcoolisation massive et rapide, le binge-drinking, la ville de La Rochelle avait tenté des actions de médiation et d’aide auprès des jeunes qui se retrouvent sur la plage pour consommer de l’alcool. Mais cela n’a pas suffi.

Avec cet arrêté, "c’est tout un dispositif qui est plus large que le répressif", précise le maire. "Des mesures d’accompagnement ont été mises en place, avec notamment un service de veille qui fait une tournée des lieux les plus fréquentés par les fêtards les soirs de fin de semaine", dit-il.

La Rochelle a également décidé de prendre part à la lutte contre l’hyper alcoolisation des jeunes et de prévenir les risques sanitaires et sociaux qui y sont liés.

Elle organise ainsi jusqu’au 27 mai, aux côtés des représentants de trois villes françaises (Bordeaux, Brest et Nantes) ainsi que six villes belges (Anvers, Liège), anglaise (Kingston upon Thames), italienne (Reggio Emilia), allemande (Stuttgart) et néerlandaise (Rotterdam), la première réunion du projet européen "Lieux de boisson sécurisés".

TABAC. La Chine interdit de fumer dans ses espaces publics fermés

LEMONDE.FR avec AFP | 01.05.11

L’interdiction de fumer dans les espaces publics fermés est entrée en vigueur dimanche en Chine, mais peu sont ceux qui tablent sur le respect de cette mesure, dans un pays "accro" à la cigarette et qui compte plus de 300 millions de fumeurs. Le texte entend mettre la Chine en conformité avec les règlementations liées au tabac dans les pays développés. Mais aucune campagne de sensibilisation digne de ce nom n’a été prévue dans ce pays où l’on tire volontiers sur sa cigarette dans les ascenseurs des immeubles ou dans les salles d’attente des hôpitaux.

La nouvelle loi prévoit de restreindre les distributeurs automatiques de cigarettes. Selon le texte, les "opérateurs d’établissements commerciaux dans des lieux publics" doivent afficher des notices "interdit de fumer" et prendre l’initiative d’empêcher les fumeurs d’en griller une. Selon la presse, les usines et les bureaux ne seraient pas concernés par l’interdiction de fumer. Quant aux bars, restaurants, transports publics, une grande inconnue plane sur la mise en application des règles.

Le tabac tue plus d’un million de personnes chaque année en Chine. Certains paquets coûtent seulement 3 yuans (0,33 euro). Les experts médicaux chinois et étrangers craignent un triplement du nombre de morts d’ici 2030. Les autorités avaient promis des jeux Olympiques de 2008 à Pékin et une Exposition universelle de Shanghai (2010) "non-fumeurs", des engagements très peu respectés dans les faits.

TABAC. Journée sans tabac : Bertrand promet une meilleure application des textes

LEMONDE.FR avec AFP | 31.05.11

A la veille de la Journée mondiale sans tabac, le ministre de la santé français, Xavier Bertrand, a annoncé, lundi 31 mai, un nouveau train de mesures contre "l’herbe à Nicot". Afin de contrecarrer une reprise récente du tabagisme en France, mise en évidence par les données du Baromètre santé 2010 et corroborée par les indicateurs de vente, une circulaire sur le "respect de l’interdiction de fumer dans les lieux publics en vigueur depuis le décret Bertrand de 2006, l’interdiction de vente aux mineurs et l’interdiction de vente des cigarettes aromatisées" sera signée prochainement.

Un groupe d’experts sera en outre installé, avant mi-juillet, "pour étudier les différentes possibilités de renforcement de la lutte contre le tabac", a indiqué le ministère de la santé. M. Bertrand et la secrétaire d’Etat Nora Berra ont également annoncé, lors d’une visite d’une consultation d’aide à l’arrêt du tabac, une augmentation du forfait annuel pour aider les femmes enceintes à arrêter de fumer. "Dès le mois de septembre", le forfait sera multiplié par trois, à hauteur de 150 euros. Le ministère a par ailleurs annoncé l’interdiction de la vente en pharmacie des cigarettes électroniques, dont l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé a déconseillé la consommation.

FORTE HAUSSE CHEZ LES FEMMES

L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) a lancé de son côté une nouvelle campagne de communication "pour dédramatiser l’arrêt du tabac". Entre 2005 et 2010, sur l’ensemble de la population des 15-75 ans, la part de fumeurs quotidiens a augmenté de 2 points, passant de 27 à 29 %. Un chiffre tiré à la hausse par les femmes : la part de fumeuses quotidiennes est passée de 23 à 26 %, contre une augmentation de 31 à 32 % chez les hommes.

La France impose depuis avril des "images chocs" sur les paquets de cigarettes, une mesure qui a montré son efficacité outre-Atlantique. Les associations de lutte contre le tabac continuent en revanche à réclamer une hausse massive des taxes.

La Ligue contre le cancer souhaite en effet l’instauration au niveau mondial d’"un prélèvement solidaire sur les ressources engendrées par les produits du tabac", selon le principe du pollueur-payeur. "Les fonds collectés seront ensuite destinés à la prise en charge des conséquences sanitaires et sociales de l’usage du tabac au niveau mondial, dans les pays industrialisés comme dans les pays émergents", indique la Ligue dans un communiqué diffusé lundi. Pour la Ligue, qui rappelle que le tabac tue 6 millions de personnes par an dans le monde, il s’agit d’"une mesure populaire et économiquement indiscutable".
De son côté, Yves Trévilly, porte-parole de British American Tobacco France, a indiqué "ne pas bien comprendre cette proposition du président de la Ligue contre le cancer, puisque la taxe sur le paquet de cigarettes existe déjà". "Cette taxe est même de 80 % du prix public, ce qui fait du tabac le produit le plus taxé en France", a-t-il réagi.

"BEAUCOUP RESTE À FAIRE"

L’OMS a appelé, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, à "une application totale" de sa convention-cadre, adoptée par cent soixante-douze pays et l’Union européenne. Si des progrès significatifs ont été enregistrés dans de nombreux pays, "beaucoup reste à faire", a souligné le directeur général de l’OMS, le Dr Margaret Chan. Les pays signataires de la convention-cadre s’engagent notamment à protéger la population de l’exposition à la fumée du tabac, à interdire la publicité en faveur du tabac et la vente aux mineurs, à apposer de grandes mises en gardes sanitaires sur les paquets de tabac et à augmenter les taxes.
En France, le tabac tue soixante mille personnes par an.

TABAC. Le Champix ne sera plus remboursé par la Sécu

LEMONDE.FR avec AFP | 31.05.11

Le médicament Champix, prescrit pour le sevrage tabagique, ne sera plus remboursé par l’assurance-maladie, a annoncé mardi 31 mai sur France 2 le ministre de la santé, Xavier Bertrand. Ce médicament, commercialisé en France depuis 2007, est suspecté de provoquer des troubles de l’humeur et des idées suicidaires.

"Le Champix ne fera plus partie des médicaments remboursés pour arrêter de fumer", a indiqué le ministre mardi, journée mondiale sans tabac, alors que ce médicament est actuellement éligible au remboursement par l’assurance-maladie dans le cadre d’un forfait annuel de 50 euros. "Il y a des questions qui sont posées sur le Champix, donc j’ai décidé qu’il ne serait plus pris en charge par l’assurance-maladie, au titre de ce pack, de cet ensemble remboursé au titre des substituts nicotiniques", a-t-il ajouté.

"Il n’a pas apporté la preuve d’une efficacité supplémentaire, dans ces cas-là, ce qu’on remboursera, ce sont les patchs et notamment les gommes", a-t-il poursuivi. Début janvier, la filiale française de British American Tobacco s’était dite étonnée du silence des associations anti-tabac à propos des plaintes aux Etats-Unis contre les effets secondaires du médicament de Pfizer.

TABAC : non au choc des photos !

LEMONDE.FR | 31.05.11 – Point de vue – par Olivier Bernard, médecin tabacologue

"Images ’choc’ sur les paquets de cigarettes : efficacité prouvée !", voilà ce que l’on peut lire sur le blog de Mme la secrétaire d’Etat à la santé. Chacun n’a plus qu’à s’incliner puisque, d’après les autorités compétentes, montrer ces photos choquantes est le prix à payer pour améliorer la santé publique. Sauf que les chiffres avancées en guise de démonstration – 1/3 des fumeurs envisagerait d’arrêter de fumer en visualisant ces images, un autre 1/3 serait incité à ne pas reprendre grâce à ces photos - ne sont pas probants.

Les tabacologues savent depuis longtemps que ce sont les fumeurs les plus dépendants – une minorité, certes, mais qui a tant de mal à s’arrêter – qui payent le plus lourd tribut aux maladies liées au tabac. Quand on s’intéresse à l’efficacité d’une intervention thérapeutique dans le domaine du tabagisme, parler des fumeurs dans leur globalité n’a aucun sens. Le chiffre officiel mis en avant – 1/3 de fumeurs sensible à ces images impressionnantes – sert de caution scientifique à la prise de décision politique. On ne sait pourtant rien de ces fumeurs.

S’ils ne sont pas dépendants, ils n’ont pas besoin de ces photos lugubres pour arrêter de fumer : en effet, les fumeurs non accros renoncent à leur tabagisme sans aide et sans difficulté (pas de nervosité, ni de prise de poids, ni de déprime). S’ils sont très dépendants, à l’inverse, ils ont besoin, s’ils le demandent, d’un accompagnement éclairé, pas d’images angoissantes qui augmentent la culpabilité et diminuent les chances d’arrêt.

Une rapide revue de la littérature scientifique sur le sujet fait apparaître que les images sur les paquets de cigarettes ont une efficacité discutable. Il y a des études plutôt positives, mais beaucoup sont mitigées ou négatives. Dans une étude, par exemple, ces photos pourraient augmenter la motivation des gros fumeurs à arrêter de fumer, mais ces effets seraient de court terme. Dans une deuxième étude, il est mis en évidence une différence d’effet des avertissements photographiques entre petits et gros fumeurs, ce qui n’est pas étonnant : effet possiblement positif chez les petits fumeurs, mais contre-productif (!) chez les gros fumeurs. Une troisième mentionne dans le suivi une augmentation de la motivation des fumeurs, mais pas de retentissement en termes de consommation. Une quatrième montre qu’il y aurait une certaine augmentation des potentialités du fumeur à arrêter du fait de la prise de conscience du problème et du malaise ressenti vis-à-vis du tabac, mais sans augmenter les chances réelles d’arrêt ni aider à éviter les reprises, ce dernier effort concentrant le maximum des difficultés. Une cinquième conclut à l’absence d’effet sur le taux d’arrêt du tabac. Il conviendrait qu’un collectif d’experts indépendants affine la question, mais ce premier travail de recherche sème au minimum le doute.

QUESTIONS ÉTHIQUES

Mme la secrétaire d’Etat écrit plus loin : "…Le gouvernement met en place une politique variée de lutte contre le tabagisme… qui se solde par un constat encourageant : sur les cinq dernières années, le tabagisme a reculé… mais trop lentement", alors que les chiffres officiels disent exactement le contraire. Depuis cinq ans, comme le confirme le président de l’Office français de prévention du tabagisme, le baromètre santé de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé indique que l’on est passé entre 2005 et 2010 de 27,3 % à 29,1 % de fumeurs quotidiens âgés de 15 à 75 ans. Une augmentation irréfutable, malgré toutes les lois récentes.

Plutôt que de remettre en cause notre façon d’aborder la question très complexe du lien au tabac, ce comportement qui rend certains fumeurs dépendants et d’autres pas, on préfère faire des déclarations d’intention dont le sens échappe parfois : "La France doit continuer à tout mettre en œuvre pour que le tabagisme recule, la lutte contre le tabac n’admet aucun tabou !", dit la secrétaire d’Etat. "Nous devons redoubler d’efforts" renchérit le président de l’OFT. De beaux discours. Si l’on n’interroge pas la méthode employée, à ce rythme-là, le doublement de l’effort recommandé ne risque-t-il pas d’aboutir à un doublement de l’augmentation déjà constatée en cinq ans, soit 36 % de fumeurs à l’horizon 2020 ? Qu’en pensent nos experts ?

Aujourd’hui, au nom du bien commun et sous couvert de rigueur scientifique, nous avons tous, adulte ou enfant, fumeur ou non, des images très violentes devant les yeux. Ceci ne va pas sans poser des questions éthiques d’autant plus prégnantes que l’utilité de ces photos est sujette à caution. La lutte contre le tabagisme a fait naître ces dernières années un discours teinté d’idéologie et de moralisme. Au détriment de l’objectivité, voire de l’honnêteté ? Que dire des résultats et de la cohérence des politiques menées ? La Journée mondiale sans tabac du 31 mai donne l’occasion de se questionner.

TABAC. L’Afssaps met en garde contre la consommation de cigarettes électroniques

LE MONDE – 1er.06.2011 - Extrait :

L’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (Afssaps) recommande de ne pas consommer de cigarettes électroniques, dans un communiqué rendu public lundi 30 mai : « Aucune cigarette électronique ne dispose d’une autorisation de mise sur le marché. » Elle ne peut donc être considérée comme un médicament et vendue comme tel en pharmacie, explique l’agence. L’Afssaps estime que l’usage de ces substituts au tabac, disponibles sur Internet, « peut exposer les utilisateurs qui n’étaient dépendants ni aux cigarettes ni à la nicotine à un risque de dépendance primaire, quelle que soit la quantité de nicotine contenue dans la cartouche ».

MEDIAS

LIVRE. “DRUGS AND CULTURE Knowledge, consumption, and policy”

Communiqué de presse OFDT - 3 mai 2011

Rassemblant des contributions d’historiens, sociologues, anthropologues et politistes l’ouvrage publié aux éditions Ashgate prolonge les réflexions ouvertes par la conférence internationale « Drogues et Cultures »

À la fin de l’année 2008, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies et la Chaire santé de Sciences Po organisaient conjointement une conférence intitulée « Drogues et Cultures » (1) rassemblant des chercheurs en sciences humaines et sociales originaires d’Europe et des Etats-Unis pour trois jours de débats. Réalisée avec l’appui de deux organismes internationaux, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies et le Groupe Pompidou (Conseil de l’Europe) cette manifestation se proposait de faire émerger de nouvelles pistes de compréhension du phénomène des drogues en abordant la problématique sous un angle multidisciplinaire.

L’ouvrage Drugs and Culture. Knowledge, Consumption, and Policy aujourd’hui publié par les éditions anglo-saxonnes Ashgate (2) prolonge les réflexions et les enseignements présentés lors de cette conférence. Edité sous la direction de Geoffrey Hunt, Maitena Milhet et Henri Bergeron (3), la publication se structure en trois grandes parties, reprenant et développant chacune un des aspects évoqués lors de la conférence. Seize contributions des orateurs du colloque permettent aux différents chercheurs sollicités de présenter les axes de leurs travaux sur ces thématiques.

Le premier ensemble d’articles centré sur la connaissance (Knowledge : Science, Médicine, and discourses on drugs) s’interroge sur la structuration de notre savoir actuel sur les drogues. La prééminence de certaines disciplines (épidémiologie, psychiatrie et neurobiologie) dans l’approche dominante, ainsi que le poids des mythes et des a priori dans la façon d’appréhender ces thématiques sont notamment évoqués.

La deuxième partie, Consumption : Cultures of drug use, se concentre sur les usages, leurs contextes et motivations. L’importance de l’aspect rituel de certaines consommations, la prise en compte de la dimension du plaisir dans les usages sont examinés tandis que sont décrites les ressemblances et divergences des pratiques au plan géographique.

Enfin, dans sa troisième partie Policy or Politics ? The cultural dynamics of public responses, l’ouvrage analyse les réponses publiques. Outre l’approche historique qui revient sur les évolutions les plus marquantes dans nos sociétés modernes, différentes contributions décrivent les mécanismes à l’oeuvre dans l’élaboration de ces politiques et leurs conséquences.

1 Drogues et cultures 11-13 décembre 2008 http://www.droguesetcultures2008.com

2 Drugs and Culture. Knowledge, Consumption and Policy, Hunt G., Milhet M., Bergeron H. (dir.), Ashgate,
2011. http://ashgate.com/default.aspx?page=637&calctitle=1&pageSubject=2915&sort=pubdate&forthcoming=1&pagecount=2&title_id=9926&edition_id=13102

3 Geoffrey Hunt, Institute for Scientific Analysis, Etats-Unis, Maitena Milhet, OFDT et Henri Bergeron, Sciences Po

FILM. Voyage au cœur de l’alcool(isme) Un documentaire de Christophe Otzenberger

LIBERATION - 26 mai 2011

[Diffusion le 26 mai à 22h50 sur France 2.] Hommes, femmes, jeunes, vieux, citadins, ruraux, alcoolos mondains ou soiffards du matin : « On est tous des alcooliques de base », tranche une ancienne buveuse. Ni faiblesse ni vice : pour Voyage au cœur de l’alcool(isme), tout le monde est égal devant cette maladie aux causes multiples. Recherche d’anesthésie, d’isolement, face à des problèmes de famille, d’argent, de boulot… D’emblée, le documentariste

Christophe Otzenberger (Fragments sur la misère, En cas d’urgence, Filmer le politique…), expose sa propre faiblesse, son alcoolisme : « Je la tutoie depuis longtemps cette maladie », avoue-t-il, en introduction.
Grâce à de jolis cadres, et d’étonnants plans fixes, très larges, jamais la forme du documentaire ne vient abîmer une parole délivrée en toute sincérité. Sans véritable structure, Voyage au cœur de l’alcool(isme) s’articule autour de longs témoignages, à peine montés, à peine coupés.

En confiance, ces malades, proches de malades ou ex-malades prennent le temps de raconter l’ennui, les idées noires, la dépression, qui ont engendré l’alcoolisme — « Ça te ronge, ça te ronge. » Puis les ambiances de bistrot, le pastaga sur le zinc, les copains qui t’entraînent dans la chute. Les paupières lourdes, la trogne abîmée, la diction pâteuse, la tremblote. Les envies de suicide. Ce père qui planquait les bouteilles dans la machine à laver. Cette femme qui se levait quinze fois par nuit pour picoler. Cet homme qui en était à « un cubi de 5 litres et une bouteille de Ricard par jour… Je voyais pas la différence entre le jour et la nuit ». Le médecin qui dit « le produit » pour dire bibine. Et la souffrance de la cure de désintox — « T’as l’impression de crever. »

Entre ces témoignages, Otzenberger a intercalé les très jolis portraits en noir et blanc de ceux qu’il interroge. À travers leur expérience, Voyage au cœur de l’alcool(isme) aborde cette chute, ce cercle vicieux de l’alcool, et tous ses sujets connexes : l’alcool et la route, l’alcool et la violence, l’alcool et l’entourage, la famille, la honte, les mensonges, les traitements… Le documentaire parvient à faire le tour de la question, sans posture morale ni artifice. Dans ce voyage-là, de cercles de parole en consultations médicales, on découvre des existences imbibées, brisées, ou à peine raccommodées.


CLIP. Drugs, un clip stupéfiant

LIBERATION, 5.05.2011 - par Alexandre Hervaud

On attendait depuis un petit moment d’avoir le « feu vert » pour partager Drugs, le dernier clip du groupe français No One is Innocent, actif depuis 1994. Car bien que prêt depuis plusieurs semaines, ce clip interactif sur fond de stupéfiants et d’alcool ne rassurait a priori pas le label du groupe, Naïve, sans doute effrayé à l’idée d’être accusé de faire l’apologie de la défonce.

Renforçant les avertissements (et les messages de prévention) et interdisant officiellement aux mineurs d’accéder aux clips (ils n’oseront pas cliquer sur « je suis majeur », évidemment !), Drugs est fin prêt à faire son petit ramdam.

L’internaute peut donc choisir d’avancer dans le clip en fonction de sa consommation de produits pas très sains (LSD, coke, vodka, etc.), quitte à finir en bien mauvaise posture. Cliquez sur l’image pour tester avec ou sans modération : http://www.ecrans.fr/Drugs-un-clip-stupefiant,12655.html

Le résultat est bien moins trash que le cultissime Smack my bitch up de Prodigy déjà plus tout jeune, mais l’efficacité du morceau, issu de l’album Drugstore récemment sorti, fait passer la pilule (d’ecsta). Pour info, le groupe sera bientôt en concert, le 10 mai, au Batofar.

BD. Fellini a voulu voir Tulum

COURRIER INTERNATIONAL - 19.05.2011 - Sergio R. Blanco – in : Gatopardo

Dans les années 1980, le cinéaste italien avait fait un voyage au Mexique dans l’idée de tourner un film inspiré des écrits de Carlos Castaneda. Le film n’a jamais vu le jour. Les raisons ? Aussi ésotériques que les livres de l’anthropologue péruvien.

- Pour lire l’article (très long) : http://www.courrierinternational.com/article/2011/05/19/fellini-a-voulu-voir-tulum

PEOPLE. Bob Dylan a été héroïnomane

LIBE NEXT - 23 mai 2011 (Source AFP)

La légende de la musique populaire américaine Bob Dylan avait confessé, dans une interview enregistrée en 1966 mais révélée pour la première fois lundi par la BBC, qu’il était accro à l’héroïne et était traversé par des pensées suicidaires.
« J’ai arrêté de prendre de l’héroïne à New York. J’étais très très accroc (...). Ca me coûtait 25 dollars par jour, et j’ai arrêté », confesse Bob Dylan dans une interview difficilement audible, enregistrée par son ami Robert Shelton, le critique qui a lancé sa carrière. C’est la première fois que le chanteur, icône de la contestation dans les années 1960, révèle qu’il était héroïnomane.

Il admet aussi dans ce même document avoir eu des pensées suicidaires. « Pour moi, la mort n’est rien (...). Ca ne veut rien dire à partir du moment où je peux mourir rapidement. Plein de fois, j’aurais pu mourir rapidement et (...) j’aurais pu le faire », affirme-t-il. « Je ne suis pas le genre de mec qui se couperait l’oreille (...). Je me tirerais une balle dans la tête si les choses tournaient mal. Je sauterais d’une fenêtre », poursuit-il.

L’interview a été réalisée pendant une tournée du chanteur aux Etats-Unis, en mars 1966, dans l’avion qui le conduisait de Lincoln, Nebraska (centre), à Denver, Colorado (centre-ouest).

Bob Dylan, pionnier de la chanson engagée, fête mardi ses 70 ans. Il a chanté le mois dernier pour la première fois au Vietnam, dans le cadre d’une tournée mondiale pour ses 50 ans de carrière. Tout un symbole pour l’auteur de Blowin’ in the Wind, sa chanson pacifiste qui sera reprise comme un hymne dans les années 1960 par les adversaires de l’engagement américain dans ce pays.

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