Il y a quelques temps, se laissant emporter sous les feux des projecteurs, Nicolas Sarkozy, président de tous les français, avait déclaré que la France ne laisserait aucun de ses ressortissants croupir arbitrairement dans des geôles étrangères.
Comme c’est le cas de Salah Hamouri, jeune originaire de Bourg-en-Bresse (Ain), détenu en Israël, près du lac de Tibériade.
Il ne s’agit pas ici d’otage, comme c’est malheureusement le cas des journalistes de France Télévision, en Afghanistan dont le plus grand crime a dû de s’être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Il y a sans doute des surenchères modulables, des négociations certainement molles de la part du Quai d’Orsay qui comme souvent doit compter d’abord sur le temps pour faire pourrir la situation... Les journalistes représentent une monnaie d’échange, la faction des talibans qui les retient se l’imagine. A tout le moins leurs confrères peuvent se manifester, ce qu’ils font maintenant après quasi six mois de silence.
Dans le cas de Salah, ce n’est pas ça du tout. C’est juste l’histoire d’un garçon pacifiste, étudiant à Bethléem, qui a eu le malheur de passer deux ou trois fois de suite devant la maison d’un rabbin ultra orthodoxe, qui a été arrêté à un check point banal, "jugé" et condamné pour la préparation supposée d’un attentat meurtrier, et illico emprisonné dans des conditions détestables par une sorte d’état se voulant occidental, mais à qui les Droits de l’Homme sont aussi parfaitement étrangers qu’à la Chine.
Parfois, la France tente réellement et arrive à rapatrier ceux ou celles qui se trouvent emprisonnés sur des bases dont l’arbitraire outrancier saute aux yeux. Peut-être aussi que leurs soutiens réussissent à nouer des connexions souterraines avec le pouvoir.
Mais quelle importance stratégique peut avoir pour la République cet obscur franco palestinien ? Aucune.
Son réseau de soutien est composé de braves gens, sans strass ni paillettes, obscurs et sans grades, même si il comporte quelques députés et une sénatrice Alima Boumédienne Thiery, bien connue pour ses actions solidaires, en Palestine ou dans les prisons françaises.
Gilad Shalit Vs Salah Hamouri. La vie d’un soldat de Tsahal franco-israélien vaut-elle plus que celle d’un étudiant franco-palestinien ? Même le philosphe et écrivain Régis Debray pose la question à propos de ce qu’il appelle "Deux voix, deux mesures" : "Et pourquoi un détenu franco-palestinien est-il une non-personne, quand un otage franco-israélien a son portrait sur la mairie ? ".
Alors pourquoi prendre la peine de s’occuper du cas Hamouri ? Pourquoi recevoir une maman angoissée, qui depuis 5 ans, tous les 15 jours pendant à peine 45 minutes, voit dépérir son fils, dans ce type de prisons surnommées "cimetières à numéro" ?
Bernard Kouchner n’a jamais eu de grands pouvoirs, tout le monde le sait, et les justifications de JC Ruffin n’y changeront rien. Mais ce ministre de la République pourrait néanmoins ne pas renier son lointain passé, et finalement s’honorer de s’occuper des "petites" causes. Le "French doctor" s’attaquant aux drames humains relevant d’erreurs monstrueuses broyant sans pitié ceux qui n’arrivent même pas à comprendre pourquoi ils y sont mêlés. Mais ce doit être plus voluptueux de barboter dans les compromissions.
Alors la vie de Salah se désagrège chaque jour davantage, oublié de tous sauf de sa famille. Comme tous les autres, dont on ne connait pas l’existence, anonymes victimes dont leur pays préfère signer de gros accords commerciaux, sans petites contreparties humanitaires pourtant facilement négociables à ce moment, plutôt que de s’occuper de ses citoyens.
Voir en ligne : Le site de soutien à Salah Hamouri