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Libération immédiate et sans condition d’Aung San Suu Kyi

S.O.S. Aung San Suu Kyi : Jane Birkin publie deux tribunes de soutien à la lauréate du prix Nobel de la Paix

Deux tribunes parues jeudi 30 juillet dans les quotidiens français Le Monde et Libération pour appeler à la libération d’Aung San Suu Kyi

LIBERATION - 30.07.09

SOS POUR AUNG SAN SUU KYI

A l’initiative de Jane Birkin, de l’association Info-Birmanie, et du collectif ‘SOS Aung San Suu Kyi’, et à la veille du verdict du procès frappant l’opposante birmane et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, plusieurs dizaines d’artistes en appellent solennellement à sa libération immédiate et sans condition.

Seule Prix Nobel de la Paix au monde à être actuellement incarcérée, Aung San Suu Kyi, 64 ans, attend son verdict à la prison d’Insein, l’une des plus dures du pays. Elle risque cinq années de prison. Son tort est d’avoir laissé dormir chez elle un citoyen américain arrivé épuisé après avoir traversé un lac à la nage. Ce dernier aurait miraculeusement déjoué la surveillance des forces de sécurité pour s’introduire dans la résidence la mieux gardée de Rangoon…

Aung San Suu Kyi est la dirigeante de la Ligue Nationale pour la Démocratie, parti démocrate fondé en 1988 ayant remporté à plus de 82% les élections en 1990, et dont les généraux actuellement au pouvoir n’ont jamais accepté les résultats. Le prix international Mahatma Gandhi lui a été décerné le 20 juillet 2009, pour son engagement non-violent en faveur de la liberté et de la démocratie en Birmanie et elle vient de recevoir le titre d’ « ambassadrice de conscience » par Amnesty International.

Le procès dont est victime Aung San Suu Kyi, mascarade de justice et odieuse provocation, a pris fin mardi. L’accusation avait pu aligner ses témoins à loisir, quatorze se sont succédé. Les avocats d’Aung San Suu Kyi n’ont pu en présenter que deux et leur droit à la parole a été allègrement bafoué. Une telle mise en scène ne peut qu’aboutir à sa condamnation, quelques mois supplémentaires d’assignation à résidence au mieux, cinq années de prison au pire. Les deux dames qui vivent avec elle, Khin Khin Win et Win Ma Ma, sont également poursuivies pour les mêmes motifs. Toutes trois risquent fort de rejoindre les 2160 prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles birmanes, sans soins ni nourriture, en raison de leurs activités politiques, sociales, religieuses ou syndicales.

Le simulacre de justice proposé par la junte birmane n’est qu’un prétexte supplémentaire pour définitivement mettre à l’ombre cette militante pacifiste. Les généraux attendent qu’elle meure, et qu’elle emporte avec elle dans sa tombe la démocratie et la liberté auxquelles aspire le peuple birman.

Au cours des 20 dernières années, Aung San Suu Kyi aura été assignée à résidence durant 14 ans : soit 5.000 jours de privation de liberté. Depuis juillet 1988, les généraux de Rangoon qui s’évertuent à la faire taire n’ont pas réussi à réfréner les ardeurs qu’elle suscite. Ces 20 années qu’elle a déjà passées en détention n’ont pas fait retomber l’espoir de paix et de démocratie qu’elle incarne pour la population birmane.

Le destin de cette femme hors du commun nous rappelle le meilleur de « l’être humain ». Son courage personnel est un exemple pour chacun de nous, la puissance de ses convictions nous invite à nous dépasser nous-mêmes. Voila pourquoi il faut continuer à prononcer ce nom, Aung San Suu Kyi, difficile pour nos bouches, continuer à scander le nom de la grande Dame de Rangoon, car notre silence et l’oubli restent les meilleures armes des généraux birmans.

Les premiers signataires :

Isabelle Adjani, Marcel Amont, Fanny Ardant, Arno, Arthur H, Yvan Attal, Agnès B., Josiane Balasko, Kate Barry, Charles Berling, Juliette Binoche, Jane Birkin, Carole Bouquet, Philippe Calvario, Antoine de Caunes, Cali, Alain Chamfort, Géraldine Chaplin, Patrice Chereau, Jeanne Cherhal, Ludivine Clerc, Etienne Daho, Gérard Darmon, Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Michel Didym, Lou Doillon, Anny Duperey, André Dussollier, Fabell, Charlotte Gainsbourg, Roger Hanin, Françoise Hardy, Robert Hossein, Isabelle Huppert, Catherine Jacob, Agnès Jaoui, Patrice Leconte, Thierry Lhermitte, Jean-Louis Martinelli, Ariane Mnouchkine, Jeanne Moreau, Wajdi Mouawad, Bulle Ogier, Michel Piccoli, Hugues Quester, Charlotte Rampling, Régine, Robin Renucci, Jean-Michel Ribes, Sonia Rykiel, Olivier Rolin, Christian Schiaretti, Barbet Schroeder, Alain Souchon, Bertrand Tavernier, Danièle Thompson, Jean-Louis Trintignant, Agnès Varda, Lambert Wilson,...

LE MONDE - 30.07.09

SOS pour Aung San Suu Kyi

par Jane Birkin, Catherine Deneuve, Robert Hossein, Michel Piccoli, Alain Souchon

Nous attendons avec frayeur le "verdict" du procès d’Aung San Suu Kyi par la cour militaire birmane... Connaissant la férocité, le mépris et la mauvaise volonté des militaires à son égard, on peut se préparer sans illusions au pire. La lauréate du prix Nobel de la paix est en effet la proie des généraux depuis deux décennies. Ils ont déjà essayé de l’assassiner en 2003, et ils ne cessent, depuis, de la harceler. Nous savons qu’ils veulent l’"écarter" pour au moins un an, le temps de préparer et de gagner leurs "élections", le temps de s’assurer qu’aucune résistance démocratique n’est possible...

Nous savons Aung San Suu Kyi courageuse, mais en mauvaise santé. Nous la savons sereine, mais combien de temps ce corps de femme pourra-t-il tenir ? Les "accusations" contre elle, nous les connaissons : tout vient d’un Américain qui, déjouant les soldats qui la gardent, a nagé jusqu’à sa "résidence surveillée" et est resté chez elle une journée et deux nuits. Elle l’a supplié de partir, ce mormon, muni d’une bible ! Mais il a refusé. Et cela arrange bien les affaires de la junte militaire.

Le crime d’Aung San Suu Kyi ? N’avoir pas dénoncé l’intrusion de cet illuminé aux soldats entourant sa résidence surveillée ! Soldats qui, il faut bien le reconnaître, se sont montrés ce jour-là d’une étonnante distraction alors qu’ils l’ont séquestré pendant près de quatorze ans sans que personne jamais ne puisse l’approcher, la confinant dans un isolement total. Certains parlent d’une manipulation ou d’un piège. C’est, en tout cas, une occasion rêvée pour les militaires au pouvoir.

Tout cela serait risible et ridicule, si la vie d’Aung San Suu Kyi n’était pas en jeu, car, de nouveau emprisonnée dans la prison d’Insein, à l’âge de 64 ans, elle a une santé de plus en plus fragile.

Son destin est étroitement lié à celui de ses compagnons de malheur, d’autres prisonniers politiques, torturés et maintenus en prison avec des peines allant pour certains jusqu’à soixante-cinq ans d’emprisonnement, pour avoir participé à la "révolution safran" ou encore parlé aux étrangers. Dans cet Etat de terreur qu’est la Birmanie des généraux, pour le peuple birman, le seul espoir qui subsiste, c’est Aung San Suu Kyi et la Ligue pour la démocratie dont elle est la dirigeante.

Depuis vingt ans elle tient bon, mais cette fois-ci nous redoutons le pire : une sentence qui pourrait la faire taire à tout jamais.

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