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Darmanin abuse des statistiques

Quand la politique du chiffre justifie le caractère raciste de la prohibition

Ce 27 septembre 2022, le journal Le Figaro décrypte une étude statistique rendue publique il y a 5 jours :

DÉCRYPTAGE - Le ministère de l’Intérieur souligne aussi la surreprésentation des étrangers dans certaines catégories.

La drogue, carburant du crime ? Ce vieil adage se confronte à la réalité des chiffres au travers d’une étude fouillée du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), rattaché à Gérald Darmanin. Ses analystes ont procédé à des recoupements dans les registres de la police et de la gendarmerie entre 2016 et 2021. Pour dégager des tendances solides. Verdict : au sein d’une même procédure, 12 % des personnes interpellées pour infractions relatives à la législation sur les stupéfiants sont également mises en cause pour d’autres crimes et délits. Les usagers de drogue sont 11 % dans cette situation et les trafiquants 18 %, quasiment un sur cinq, les concernant.

Pour retrouver l’analyse statistique et les données brutes, ainsi que le résumé de cette étude : https://www.interieur.gouv.fr/Interstats/Actualites/Info-rapide-n-23-Les-infractions-associees-aux-mis-en-cause-pour-usage-et-trafic-de-stupefiants-entre-2016-et-2021

Résumé :

Sur la période 2016-2021, 12 % des mis en cause pour trafic ou usage de stupéfiants ont également commis d’autres crimes ou délits. Cela concerne davantage les mis en cause pour trafic (18 %) que les mis en cause pour usage (11 %). Ces infractions associées sont différentes pour les mis en cause d’usage et de trafic de stupéfiants.

Entre 2016 et 2021, 28 % des mis en cause pour usage de stupéfiants avec des infractions associées ont également commis une infraction relative à la législation sur les armes. Ces derniers sont plus souvent des hommes que l’ensemble des mis en cause pour usage. Parmi les mis en cause pour trafic avec des infractions associées, 25 % ont aussi commis des infractions liées à la participation à une association de malfaiteurs.Ces derniers sont plus âgés que l’ensemble des mis en cause pour trafic.

Soulignons que sur le site du Ministère de l’Intérieur, le communiqué précise :

Les étrangers sont proportionnellement plus nombreux parmi les mis en cause pour usage de stupéfiants qui ont commis des infractions associées que dans l’ensemble des mis en cause pour usage. Les mineurs sont sous-représentés parmi les mis en cause pour trafic en lien avec d’autres infractions associées par rapport à l’ensemble des mis en cause pour trafic.

Entre 2020 et 2021, la part des mis en cause avec des infractions associées hors législation sur les stupéfiants diminue pour les personnes interpellées pour usage (-2 points), à la suite de l’introduction des amendes forfaitaires délictuelles pour usage de stupéfiants, et augmente pour celles interpellées pour trafic (+3 points), principalement sous l’effet des infractions d’entrave au fonctionnement de la justice.

Au-delà de cette présentation, on peut observer que le nombre d’interpellation pour usage continue de croitre et dépasse désormais la barre des 220 000 personnes interpellées en 2021.

A ce propos, dans une série de Tweets, le Pr Yann Bisiou d’abord s’étrangle puis procède avec quelques remarques de fond pour expliciter et démontrer que cette publication et l’analyse qui la précède n’est pas sérieuse sur le plan méthodologique, et que les conclusions sont donc biaisées :

Bonjour
@Interieur_stats
. J’ai déjà eu des soucis avec vos précédentes publications relatives aux #stups, mais en découvrant ça, je m’étrangle.
Pour dire les choses crûment : vous avez des prétentions scientifiques ? Parce que là rien ne va, ni la méthodologie, ni les conclusions

Rapides commentaires avant d’aller en cours
@Interieur_stats
 :
1° 4 références "pour aller plus loin" : 2 auto-citations, 1 renvoie vers l’ouvrage de JF Gayraud, commissaire de police membre du très droitier Cercle K2. C’est pas sérieux.

2° Comparer 2020 et 2021 n’a aucun sens pour des infractions constatées dans l’espace public en raison du COVID. Même reproche que vos publications précédentes sur les #stups.

3° Il y a un biais fondamental dans votre analyse : vous partez des ILS pour chercher des liens avec les autres contentieux alors que, pour les infractions d’usage, on sait qu’il s’agit pour l’essentiel d’infractions non recherchées par la police.
La logique aurait du vous amener à partir des autres contentieux pour rechercher la part d’usagers (ou de faits de trafic)

4° les qualifications de trafic/usage sont imprécises, certains services continuant à qualifier de détention ou de transport des faits d’usage.
Enfin et surtout ce que vous mesurez c’est l’action de la police et donc une stratégie de pluri-qualification pénale. Vous ne savez rien de la délinquance et encore moins de la part des étrangers dans celle-ci.

Vous savez seulement que les étrangers sont plus souvent interpellés.
(...)
en principe ça prétend au sérieux scientifique, mais clairement si c’est le cas il y a un gros problème. Un TRÈS gros problème.

yann bisiou
@yannbisiou

Pour élargir la réflexion sur l’usage des statistiques, on peut aussi lire et diffuser cette contribution documentée et précise, bien fournie par le collectif Poliice Contre le Prohibtion.

Voir en ligne : Pour visualiser les données statistiques officielles

Dans  Politique

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