« Punir… ou protéger les usagers de drogues ? »
AIDES organise un débat citoyen sur la loi de 70
Si AIDES est en première ligne pour accompagner les usagers de drogues dans leurs démarches de réduction des risques, notre travail est freiné par le retard pris par la France dans la mise en place de programmes innovants. En cause : la loi de 70 qui oriente les politiques publiques dans la voie de la répression. AIDES milite pour sa révision et invite les élus, travailleurs sociaux, experts… à un grand débat sur le sujet le mercredi 30 mai, de 19h à 21h à la Manufacture Atlantique, 226, Bd Albert 1er, 33800 Bordeaux.
Avec la participation à la table ronde :
Noel Mamère, Député maire de Bègles (EELV) Michèle Delaunay, Députée de Gironde (PS) Fabien Robert, Maire adjoint de Bordeaux (MODEM) Jean-Paul Garraud, Député de Gironde (UMP)
Avec la participation d’Anne COPPEL, Sociologue et Olivier DOUBRE, journaliste.
Engagée sur le terrain, notre association l’est aussi politiquement dans la perspective des futures échéances électorales. A cette occasion, nous proposons aux candidats 10 mesures pour mettre fin au sida[1]. Avec la conviction que le sort de l’épidémie dépend autant des avancées thérapeutiques et comportements de chacun que de la volonté politique. Volonté politique de donner des moyens à la lutte contre le sida et les hépatites virales. Mais volonté politique aussi d’abolir les mesures qui stigmatisent les populations concernées et font le lit de l’épidémie.
C’est le cas de la loi de 70 qui pénalise l’usage des drogues. Cela fait plus de quarante ans qu’elle sanctionne vendeurs et usagers, dans le but affiché de protéger les seconds. Mais comment croire encore à ses vertus alors que depuis plusieurs années les rapports d’experts s’amoncellent pour en dénoncer les effets contre-productifs ?[2] Loin de freiner la consommation – qui progresse dans toutes les couches de la société -, elle conduit les usagers de drogues à la clandestinité et donc à leur mise en danger. Eloignés du parcours de soins, ils sont des milliers à s’ajouter chaque année aux 500.000 personnes déjà infectées par l’hépatite C.
Dans une grande hypocrisie, cette loi nous interdit de mener des programmes d’échanges de seringues en prison, où la prévalence du VIH est de deux à quatre fois supérieures à la population générale. Elle nous interdit également d’installer les salles de consommation supervisées qui ont fait leur preuve dans bon nombre de pays européens (notamment en Suisse, Allemagne, Portugal…)[3]. Va-t-on continuer longtemps à regarder passer le train des contaminations pour la simple raison qu’une loi absurde nous empêche de faire notre travail ? Va-t-on enfin troquer l’aveuglement idéologique à la réduction des risques quand bien même 66% des Français se déclarent favorables aux programmes d’échanges de seringues en prison ?[4] Pourquoi, alors que la mode est à l’évaluation des politiques publiques, le coût efficacité de la politique des drogues n’est jamais évalué ?
Notre association, parce qu’elle est au plus près des usagers de drogues, pose la révision de la loi de 70 comme un enjeu majeur de santé publique. Les élus et futurs candidats doivent se positionner clairement en levant le flou qui entoure parfois certaines de leurs propositions. C’est pourquoi nous les invitons à un débat sur le sujet aux côtés des professionnels de santé, travailleurs sociaux, journalistes, experts.
[1] « AIDES entre en campagne », http://www.aides.org/presse/aides-entre-en-campagne-1262
[2] Voir le rapport de la commission mondiale sur les drogues : http://www.globalcommissionondrugs.org/Report
[3] Dans un rapport publié en 2010, L’INSERM en a pourtant démontré l’utilité. « Réduction de risques chez les usagers de drogues », http://
www.inserm.fr/thematiques/sante-publique/expertises-collectives
Pour tout renseignement : Anthony BROUARD 05 56 56 55 65 / 06 24 93 61 47