La guerre à la drogue et aux libertés, façon Robert Desnos
On dit que la fin de l’argent liquide
déracinerait les points de deal,
mais moi, je vois la ville qui s’effondre
sur ses mains vides.
Que reste-t-il alors, sinon
les ombres qui glissent sous les néons
et les voix qui murmurent dans le vent ?
Gérald, toujours à la tête de son navire,
un ministre à la tête de tout,
envoie une circulaire
qui sonne comme un coup de sifflet
pour les chiens errants du destin,
les téléphones, les corps, les noms,
tout s’efface sous la pluie des contrôles.
Ils disent : "Prenez, saisissez, confisque !"
Et moi je me demande :
qui est le voleur ici ?
Le jeune homme avec son joint,
ou celui qui prétend tout savoir
en effaçant les traces de l’humanité ?
La justice, comme un vieux chat borgne,
regarde ailleurs,
quand une sénatrice
se faufile avec son sac de tabac
et tout est oublié,
mais les jeunes, les pauvres,
les invisibles, eux,
ils ne peuvent s’échapper des mains du pouvoir.
La fin de l’argent liquide,
voilà la grande promesse,
mais je vois un désert de cartes bancaires,
un océan de transactions invisibles,
où ceux qui n’ont pas de compte
sont exclus,
abandonnés à l’air lourd
de la surveillance constante.
Les téléphones, disaient-ils,
les téléphones sont des clés,
mais quelles portes ouvrent-ils
à part celles des prisons invisibles
que nous bâtissons tous les jours,
les portes de la peur,
les murs du contrôle ?
Et là, dans ce monde de signes et de fils,
quelqu’un, quelqu’une,
lève la main, brise la chaîne.
"Pourquoi ne pas légaliser,
réguler, donner de l’air,
et ne plus crier dans le vide ?"
Le ministre sourit,
les yeux fermés sur la vérité,
et l’histoire continue de se raconter
dans les ruelles de béton
où l’argent liquide ne coule plus
mais les vies se consument,
petit à petit,
par cette guerre sans nom.
Et moi, je me dis que le problème
n’est ni dans l’argent
ni dans les téléphones
mais dans la peur,
la peur d’un monde libre,
la peur de la liberté,
la peur que la liberté
ne se fasse pas selon les ordres
mais selon l’élan de chacun.
Où allons-nous,
si ce n’est dans une nuit
où tout est contrôlé,
tout est filmé,
et l’argent n’est plus qu’un souvenir
dans les poches des oubliés ?