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Mais qui profitera de la contre-réforme des retraites ?

par Farid Ghehiouèche

Comme le disait Antonio Gramsci, grand intellectuel : « la crise consiste justement dans le fait que le vieux meurt et que le neuf ne peut pas naître ».

Mais est-ce que la "réforme" des retraites en est une ? Est-ce une re-formation du contrat social alliant justice et équité, éthique et bon sens ? N’est-ce pas plutôt une contre-réforme ayant un seul but : en finir avec la retraite par répartition et d’instaurer définitivement la retraite par capitalisation ? Qui en profitera vraiment ?

Une donnée essentielle est celle de la répartition des richesses. Est-elle juste ?

http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/011010/pour-un-nouveau-socialisme

"Quelques chiffres suffisent à décrire l’évolution de la situation du salariat, en France, pendant les trente dernières années. Ces chiffres illustrent la régression sociale en cours. En 1982, salariés et chômeurs représentaient 84% de la population active et se partageaient 66,5% de la richesse, selon les chiffres de la Commission européenne. Ils constituent aujourd’hui 92% des actifs, mais ne perçoivent plus que 57% des richesses. La part des travailleurs dans la répartition de la richesse s’est réduite, et en outre elle est divisée entre un plus grand nombre de salariés. Pourtant, depuis 1982, la richesse créée par actif a augmenté de 30%. Que s’est-il donc passé ? La réponse est simple : les gains de productivité réalisés par le travail ont été accaparés par le capital ! La part du travail dans la répartition de la richesse créée est passée de 74,08% pour les années 1974-1984 à 67,54% pour les années 1997-2007." CQFD.

Le vrai visage de la réforme des retraites

Il y a six mois déjà, lors de la campagne pour les élections régionales, Cécile Dufflot et Pierre Larrouturrou avaient osé l’écrire, et maintenant c’est au tour de Médiapart d’en remettre une couche. Le frère du président -Guillaume- vise le pactole du marché de la retraite complémentaire privée. Et prépare pour cela une alliance avec des acteurs semi-publics.

Le site d’information Médiapart affirme jeudi 14 octobre 2010 que la réforme des retraites pourrait favoriser les intérêts du groupe Malakoff Médéric, dont le délégué général n’est autre que Guillaume Sarkozy, le frère du chef de l’Etat.

Selon Médiapart, la réforme « va conduire à l’asphyxie financière des grands régimes par répartition » et sera donc « propice à l’éclosion de ces grands fonds de pension qui n’étaient pas encore parvenus à s’acclimater en France, à quelques rares exceptions près ». Parmi les opérateurs privés d’ores et déjà sur les rangs, figure le groupe Malakoff Médéric.

Des alliés puissants

« Il ne s’agit pas que d’une coïncidence. Mais bien plutôt d’une stratégie concertée en famille », écrit Médiapart, « l’un assèche les régimes par répartition tandis que l’autre pose les fondements du système par capitalisation ». Le site ajoute : « Guillaume Sarkozy a engagé son entreprise dans une politique visant à en faire un acteur majeur de la retraite complémentaire privée. Et il a trouvé des alliés autrement plus puissants que lui, en l’occurrence la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), le bras armé financier de l’Etat, et sa filiale la Caisse Nationale de Prévoyance (CNP). Ensemble, tous ces partenaires vont créer, le 1er janvier prochain, une société commune qui rêve de rafler une bonne part du marché qui se profile. »

« Cette société n’aurait jamais vu le jour sans l’appui de l’Elysée », écrit Médiapart. En effet, la Caisse des Dépôts et Consignations est une institution publique présidée par un parlementaire. Pour sa part, la Caisse Nationale de Prévoyance (CNP) est une filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, de la Banque Postale et du groupe Caisses d’Epargne, lui-même présidé par François Pérol, ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée.

En outre, la Caisse des Dépôts gère le fonds de réserve des retraites.

« Pourquoi la CDC se lance-t-elle dans pareille aventure pour faire le jeu du système adverse, celui par capitalisation ? », demande Médiapart. « Et pourquoi, de surcroît, le faire avec une entreprise dont le patron est le frère du chef de l’Etat ? »

L’enjeu n’est pas mince. Le marché pourrait représenter « 40 à 100 milliards d’euros » : en fonction de l’aspect final de la réforme, les français connaîtront une baisse plus ou moins considérable du taux de remplacement, c’est-à-dire du montant de la pension rapporté au salaire, et donc se précipiteront sur les systèmes de retraite complémentaire. Médiapart publie notamment un « business plan » confidentiel, qui fixe pour objectif une part de marché de 17% d’ici dix ans.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20101014.OBS1278/guillaume-sarkozy-futur-beneficiaire-de-la-reforme-des-retraites.html

OU pour une version brut de décoffrage.

Pour trouver de nouvelles recettes, pour regonfler les caisses d’un état "en situation de faillite" selon les dires du Premier ministre Fillon, il n’y a rien de mieux que de créer de nouvelles "taxes", comme celle concernant la gestion des radars par des sociétés privées (le Canard Enchainé avait publié une enquête qui démontrait, preuves à l’appui, qu’une de ces sociétés appartenait à un membre de la famille de Gilles de Robien, alors ministre des transports).

Comme par hasard, une politique publique devient l’instrument et la manne pour des intérêts privés.
Pour les mesures en matière de sécurité routière avec les contrôles radars, il s’agit de centaines de millions d’euros, pour ce qui concerne la gestion des pensions de retraites, c’est à l’échelle de plusieurs dizaines de milliards.

Va-t-on longtemps encore supporter ces prébendes, ces petites affaires entre amis ou en famille, et réciproquement ?

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