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Un chef de la Police britannique appelle à la dépénalisation de l’usage de drogues pour réorienter les dépenses budgétaires

Alors que les experts se succèdent pour s’alarmer que l’interdiction n’empêche pas l’usage

En Grande-Bretagne, l’un des plus hauts responsables de la Police vient de proposer la dépénalisation de l’usage de drogues [1]comme le cannabis, pour consacrer davantage de ressources à la lutte contre les grands trafiquants.

Tim Hollis, chef de la police de Humberside, dit que le système de justice pénale n’offrirait qu’une solution « limitée » aux problèmes de la drogue au Royaume-Uni, une reconnaissance tacite que la prohibition a échoué.

Cette intervention intervient au moment où le gouvernement procède à l’examen de la Stratégie antidrogue pour une décennie, alors que de plus en plus d’experts s’alarment de ce que l’interdiction ne dissuade pas l’usage de drogues, et que la décriminalisation libérerait de précieuses ressources de la police pour réduire la criminalité.

Hollis, qui est aussi le président de l’Association du comité directeur des agents de police anti-drogues, a déclaré qu’il ne voulait pas criminaliser les jeunes pris avec de petites quantités de substances telles le cannabis. L’ouverture d’un casier judiciaire -qui pourrait ruiner leur carrière avant même d’avoir commencé- était disproportionnée, a-t-il ajouté.

Hollis estime que les coupes budgétaires contraignent la police à "prioriser" ses ressources vers la lutte contre les réseaux des organisations criminelles, plutôt qu’à l’encontre des individus en possession de drogues pour leur usage personnel. Il a également soutenu les appels pour le réexamen du système actuel de classification des drogues -classe A, B et C-, que des substances comme l’héroïne et l’ecstasy soient classées de manière identique est source de confusion.

« Nous préférons investir notre temps pour que les grands criminels soient devant les tribunaux, en saisissant leurs comptes et en supprimant leurs gains illicites, plutôt que de cibler les jeunes. Nous ne voulons pas criminaliser les jeunes, car dit sans langue de bois, si nous arrêtons des jeunes, des adolescents en possession de cannabis pour les mettre devant les tribunaux, nous savons quel en sera le résultat, donc il est parfaitement raisonnable de leur donner quelques conseils ou simplement de leur saisir."

Hollis a estimé que contraintes financières rendaient impossible l’arrestation de toutes les personnes en possession des nouvelles drogues de synthèse disponibles sur Internet et a même ajouté qu’un débat était nécessaire pour savoir si l’alcool et la nicotine, qui, ensemble, tuent plus de 120.000 personnes par an, devraient être inclus dans les mesures de lutte contre les drogues illicites.

"Ma conviction personnelle au niveau de l’ampleur des préjudices est que l’une des drogues les plus dangereuses dans ce pays est l’alcool. L’alcool est une drogue licite. De même, la nicotine est une drogue légale, mais les cigarettes peuvent aussi être mortelles", a-t-il dit. "Il y a un débat plus large sur les conséquences sur notre communauté de tous les aspects des drogues, et les drogues illicites n’en représentent qu’une modeste partie."

Les commentaires de Mr. Hollis viennent à propos, dans la dispute continue entre les scientifiques et les politiciens sur le cannabis. L’un des principaux chercheurs de Grande-Bretagne en matière de drogue, le Professeur Roger Pertwee, a fait valoir la semaine dernière que les décideurs devraient envisager l’autorisation de la vente sous licence du cannabis pour un usage récréatif, affirmant que la politique actuelle de criminalisation du cannabis est inefficace.

David Cameron et Nick Clegg ont déjà mis en doute publiquement l’efficacité des lois britanniques en matière de drogues.

Officiellement, le Ministère de l’Intérieur insiste sur le fait que la dépénalisation n’est pas une bonne approche, et qu’il y a des preuves sur les atteintes à la santé mentale causées par le cannabis. Cependant des sources proches confient à L’Observer que les fonctionnaires planchent sur une stratégie de « non-poursuite pénale ».

Le gouvernement a récemment étudié l’approche du Portugal où les autorités ont discrètement dépénalisé l’usage et la possession de substances, y compris l’héroïne.

Traduction-Adaptation par FG de l’article publié le 18/09/10

Voir en ligne : L’article de The Guardian


[1la réaction du Pr Nutt forcé à démissionner par l’ancien chef du gouvernement travailliste Gordon Brown 

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