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Bulletin N°76 d’ENCOD

Les jours de la prohibition des drogues sont comptés.

La prohibition mondiale des drogues n’a aucun fondement, ni empirique ni scientifique, mais la plupart des politiciens ne semblent pas se préoccuper de ce manque de preuves. Ils continuent de faire ce qu’ils considèrent le plus sécurisant pour eux : s’accrocher à la prohibition des drogues. Mais tout cela commence à changer, et pas seulement dans quelques pays.

Beaucoup d’activistes nord-américains sont convaincus qu’après la toute relative défaite du référendum de cette année en Californie concernant la légalisation de l’usage récréatif du cannabis, le même thème surgira de nouveau dans plusieurs états aux élections de 2013, il est probable qu’alors deux ou trois états y soient favorables. Bien sûr, cela n’implique pas la fin du combat, au contraire, ce sera le début de la véritable lutte contre le gouvernement fédéral. Il a été dit dans une récente réunion à Washington DC, par un haut fonctionnaire du gouvernement américain, que pour le cannabis il ne s’agissait plus de savoir si OUI ou NON il faut légaliser, mais QUAND il faudra le faire. Evidemment Obama ne lancera un tel débat que si un second mandat lui est acquis.

Dans mon pays, les Pays-Bas, la politique progressiste du cannabis, en vigueur depuis 1976, a été un succès pour la santé publique. Malheureusement, la culture et l’offre du marché du cannabis n’ont pas été décriminalisés, et durant ces 35 années le marché noir c’est considérablement développé. Avec le "tourisme des drogues", la criminelle "backdoor" (NDT : se réfère à l’approvisionnement en cannabis par "la porte de derrière" puisqu’il est interdit de le cultiver) des coffee-shops est maintenant utilisée par le gouvernement hollandais comme argument pour une nouvelle politique destinée à étouffer petit à petit les coffee-shops. Nous avons toujours espoir que ce plan gouvernemental ne se concrétise pas. De nombreuses villes importantes résistent de façon radicale à ce gouvernement. Il y a quelques jours, après la publication du nouveau plan, le parti libéral progressiste d’opposition (Democrats66) a modifié sa position et défend la réglementation légale, non seulement du cannabis, mais aussi de toutes les drogues. La situation en Hollande n’a jamais été aussi mauvaise quant à l’émergence d’une résistance forte, mais c’est en train de changer. Cela pourrait mener à un débat sérieux.

Le 2 juin la Commission Mondiale sur la Politique des Drogues présentera son rapport sur la situation de la guerre aux drogues. Je suis en train d’écrire ce texte quelques jours avant cette date, mais nous savons déjà qu’ils demanderont la fin de la guerre aux drogues. Cette commission a débuté avec trois anciens présidents latino-américains et elle représente maintenant une liste impressionnante de politiciens très respectés, ayant tous terminé leur mandat (sauf le premier ministre grec Papandreou). C’est une preuve de la situation impossible dans laquelle se maintiennent les politiciens de tous les pays.

Seule la Bolivie travaille ouvertement pour échapper à ce système oppresseur. Sa proposition de retirer la feuille de coca des listes des drogues interdites a été rejetée par la Commission des Stupéfiants de l’ONU, parce qu’une vingtaine de pays ont objecté. La Bolivie a examiné la possibilité de présenter son cas à l’ECOSOC (Commission Economique et Sociale des Nations Unies ), ce qui serait conforme à la procédure en vigueur, mais on peut s’attendre à ce que la Bolivie renonce à son adhésion aux conventions sur les drogues, pour ensuite la solliciter de nouveau en formulant une "réserve" quant à la feuille de coca. Pour être réintégrée dans ces nouvelles conditions il faudrait que moins d’un tiers des pays membres fassent objection. C’est risqué, bien sûr, mais si la Bolivie réussit, elle ouvrira la voie pour d’autres pays, à des politiques plus libérales.

Des événements très intéressants ont eu lieu au Portugal concernant la décriminalisation de l’usage et de la possession de drogues pour usage personnel. La politique portugaise a amélioré la situation dans son ensemble depuis dix ans. D’autres pays comme l’Argentine, le Brésil et même la Pologne qui a été parmi les plus conservateurs en Europe suivent le même chemin.

Le modèle des clubs pour la culture et l’usage du cannabis, aussi bien récréatif que médical, apparu en Espagne, s’est étendu et s’organise de mieux en mieux. On voit se dérouler la même chose en Belgique à plus petite échelle. Cette solution n’est possible que dans les pays où l’on a décriminalisé ou légalisé formellement la culture et la possession de petites quantités pour usage personnel. Nous avons donc un objectif tangible pour l’activisme politique : dans chaque pays nous devons exiger du gouvernement que soient au moins tolérés la culture personnelle et le système des clubs.

Au niveau international, dans l’UE et à l’ONU, il y a deux possibilités pour obtenir le changement : au travers de la "Société Civile" ou à travers des politiques nationales et des gouvernements. Dans l’UE il existe un soutien important à la Réduction des Risques, mais seulement quand ces risques concernent la santé publique dans sa définition littérale. Quand les autres risques sérieux sont causés par la prohibition et la guerre aux drogues ( communément appelés "conséquences non intentionnelles") l’UE suit la ligne de l’ONU. Pourquoi n’y a-t-il pas de débat dans l’UE sur la manière dont la guerre aux drogues est en train d’évoluer ? Les états membres ne le veulent pas. De nombreux détails de la politique des drogues sont discutés mais on ne touche pas à la question centrale.

Nous devons exiger de nos partis politiques et de nos gouvernements qu’ils réalisent en profondeur une révision de la politique des drogues, en tenant compte des systèmes alternatifs de régulation qui ne soient pas basés sur le code pénal. Régulièrement nous arrivent des requêtes et des déclarations, avec quelques résultats probablement, mais sans changements politiques significatifs.

Si un seul des grands pays déclare qu’il est en faveur d’une reconsidération de la politique des drogues, cela signifiera la fin de la prohibition dans peu de temps. L’Allemagne est la mieux placée pour le faire, mais il est peu probable qu’elle le fasse bientôt. Si plusieurs pays s’unissent et le proposent, cela peut provoquer un débat.

L’autre voie possible est le débat au travers de la Société Civile. Encod est représenté à l’UE et à l’ONU en tant qu’ONG (Organisation Non Gouvernementale). Le collectif d’ONG qui participent à ces réunions se considèrent représentatifs de la société civile, ou autrement dit : des citoyens d’Europe qui se sont organisés pour s’exprimer sur ce sujet spécifique. Tout cela est aussi discuté dans des partis politiques, mais dans les ONG les citoyens sont unis sur des sujets qu’ils pensent importants, sans avoir de connexion directe avec la politique. J’espère que nous en discuterons plus largement durant l’Assemblée Générale de Prague.

Par Fredrick Polak

Voir en ligne : L’article original sur le site de l’ENCOD

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1 COMMENTAIRE

  1. borack

    Je trouve désespèrant de voir la politique ne la drogue ne change pas.Japprends de plus que Bayrou est contre la dépénalisation.

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