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Communiqué N°66 : Cannabis, Hollande ou « le pouvoir du renoncement »

Mardi 16 octobre 2012

Alors qu’on veut faire croire que le débat sur le statut légal du cannabis est mort et enterré, il n’en est que plus vivant...

Pourquoi ? Parce que Vincent Peillon est cohérent et réaliste. En effet, il a osé dire des éléments de réflexions personnelles qui donnent du sens. En tant que Ministre de l’Education c’est aussi sa fonction que d’avoir une approche pédagogique dans un débat sociétal qui touche directement la jeunesse et l’apprentissage. Il ne peut nier la réalité de l’usage de substances illicites du collège à l’université, comme personne ne peut ignorer qu’il existe des usagers de drogues illicites dans la police, à l’armée, chez les pompiers, dans les hôpitaux et même dans les prisons françaises.

Comme l’UMP, et ceux qui préfèrent continuer dans la logique absurde de l’interdiction, on peut se draper dans une morale hygiéniste aux résultats désastreux : Faut-il continuer d’appliquer une politique aboutissant au funeste record de la plus forte consommation chez les plus jeunes ? Légaliser le cannabis est salutaire. Maintenir l’hypocrite prohibition, c’est faire le choix de conforter le pourrissement, celui de la prolifération de la gangrène mafieuse. Mais il aurait pu même être davantage pédagogue, en distinguant la dépénalisation qui ne fera qu’amplifier les problèmes, de la légalisation qui permettrait de fixer un nouveau cadre. Il a osé parler, on lui demande de se taire...

Tandis qu’Ayrault, de la sortie de Cécile Duflot en juin dernier à celle de Vincent Peillon dimanche soir, après avoir paru totalement ignorer le travail de Daniel Vaillant, semble vouloir rester sourd à la parole de ses ministres, par volonté de nier la réalité d’une consommation de cannabis en France. A moins qu’il ne pense qu’une politique de criminalisation ne justifie la répression massive, qui encombre les prisons de certaines catégories sociales, et qui suscite le sentiment d’insécurité dans les quartiers populaires en proie à la délinquance liée aux trafics...

Quant au président François Hollande, autant que son Premier ministre, il entend rester totalement aveugle, en gardant le cap symbolique d’un interdit pour ne pas donner l’impression de ramollir, puisqu’il est dans le mur ! Au contraire de ce qu’il croit, il est vraisemblable que cela renforcerait sa cote dans les sondages et rendrait plus populaire l’action gouvernementale. Mais pour le moment c’est le « pouvoir du renoncement » qui préside. Comme pour d’autres sujets, on entrevoit bien peu le changement dans la continuité.

Et c’est idiot, c’est même totalement déraisonnable, voire irresponsable, car tout porte à croire que cette question resurgira de manière encore plus forte avec les élections aux Etats Unis. D’ici-là, la presse se fera l’écho des 4èmes Rencontres nationales de la réduction des risques liés à l’usage de drogues le 25-26 octobre ou de la conférence au Parlement européen ce vendredi 19 octobre, à moins que ce ne soit une énième rixe meurtrière entre "bandes de X cités" qui encore une fois mettra en lumière l’urgente nécessité d’ouvrir le débat. Peut-être qu’on demandera à Gérard Filoche et Fabrice Rizzoli de présenter en détail leurs arguments, à propos de leur contribution pour la régulation au Congrès du Parti Socialiste de Toulouse.

Enfin, il demeure ridicule de vouloir se cacher l’évidence : la politique de prohibition est un échec total partout, c’est le constat de la Commission mondiale sur la Politique des Drogues qui recommande une autre forme de régulation du phénomène, comme s’en fait l’écho le nouveau rapport de la Commission Britannique pour la Politique des Drogues, prônant une approche renouvelée au Royaume Uni [1]. Il se pourrait aussi que la presse ose relater la décision du Ministre allemand de la Santé de garantir un accès légal au Sativex pour les personnes atteintes de la Sclérose en Plaques, et on verrait qu’au-delà de nos frontières les politiques ne restent pas figées comme en France, qu’il y a du changement et maintenant.

Notes

[1] Lire l’article du Huffingtonpost.fr

Contact Presse : Farid Ghehiouèche 06 14 81 56 79

CdP N°66 : Cannabis, Hollande ou "le pouvoir du renoncement"
A télécharger, imprimer ou diffuser librement partout.

[1Lire l’article du Huffingtonpost.fr

1 COMMENTAIRE

  1. Manoverde

    Entièrement d’accord !!De plus,c’est absolument incroyable que ce gouvernement(frappé d’un amateurisme certain)balaie d’un revers de main "ce débat",qui apparait aujourd’hui plus que nécessaire,alors que,sa ministre de la santé(Marisol TOURAINE) étudie les conditions dans lesquels elle pourrait lancer l’expérimentation des salles de conso.de drogues dures.On ne parle plus de cannabis mais d’héroïne !!! Sans vouloir entré dans ce débat ;il me semble quand même plus logique d’essayer de sortir les consommateurs de ce produit plutôt que de les "encourager" a se "shooter"...!!Complètement irresponsable !!Ceci étant dit,je constate également,que le pouvoir en place,serait prêt a dépenser de l’argent publique pour "ces expérimentations" alors que "la légalisation contrôlée du cannabis"(débat nécessaire pour savoir qui et comment contrôler ?)serait bénéfique pour l’état,économiquement et socialement...!!Bref,une vraie "politique politicienne" !! La route pour "la légalisation" sera encore longue et périlleuse...courage...

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