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Droits citoyens solubles dans les prétoires

Le procès du 6 Septembre à Evry, pour lequel le porte parole de Cannabis Sans Frontières , candidat aux élections législatives dans la 8ème circonscription de l’Essonne était poursuivi pour outrage à agents dans l’exercice de leur fonction a donc eu lieu.
Mais il laisse une impression un peu amère.
Rapidement, le problème de fond, l’interpellation excessivement arbitraire et plutôt brutale ayant entraîné des débordements de langage, a été évacuée.
Par contre fut développée largement l’argutie d’une autorisation de réunions de campagne que la préfecture n’a pas fait suivre à la municipalité, qui donc n’a pu la répercuter à ses agents.
Farid Ghéhiouèche a bien tenté de resituer un peu l’origine du procès, mais la Présidente du tribunal , qui n’avait aucune notion du concept de circonscription, les avocats, le procureur qui semblait s’ennuyer plus que de raison, n’ont pas voulu suivre , au cas où cela aurait débouché sur une véritable mise en cause d’agissements fondamentaux déplorables.
Les plaignants eux mêmes oblitérant les soi disant outrages se sont obstinés à ne parler que d’autorisations de rassemblement qu’ils reçoivent d’habitude, chaque fois qu’une association d’Evry fait une petite manifestation festive.
Il n’y avait pas de regroupement pouvant menacer l’ordre public, le 8 Juin 2012, place des Droits de l’Homme à Evry. Il y avait un citoyen en campagne électorale, avec un ami, qui tentait de se faire entendre au milieu de jets d’eau. Le choix de l’endroit ayant été dicté par le nom de la place, les Droits de l’Homme. Pas d’attroupement, puisque les agents se sont manifestés au tout début de la tentative d’expression du candidat.
L’appel au débat public nécessaire et urgent pour la cause sulfureuse de la régulation du cannabis n’a pas été évoqué. Rien de ce qui paraissait faire le motif de la plainte, les injures, n’a été abordé sauf en argumentant sur le général et le particulier. Bien que furent vaguement effleurées au début, en passant, les douleurs morales des plaignants. Sans d’ailleurs que la notion ne soit reprise pour le prévenu en ce qui concerne son agression et ses conséquences psychologiques.
Les témoins ont joué vaillamment leur rôle. Il faut les en remercier.
La réquisition du procureur s’est basée sur l’encombrement du prétoire par une cause sans importance, les amendes sans sursis, 1400 € au total ont été fixées dans ce sens.
La relaxe pure et simple demandée par l’avocat n’a pas paru susciter beaucoup d’intérêt. Il ne reste qu’à espérer qu’elle ait été entendue.
Ce procès aurait dû être celui des interpellations arbitraires, celui du déni de respect des libertés citoyennes militantes, celui des outrances policières ciblées sur les apparences "de la diversité" qui fait partie intégrante de notre pays.
Il n’en a rien été. Le fond a disparu au profit de l’anecdotique.
Ce fut habile, très bien fait, totalement dénué d’intérêt.
Souhaitons que le verdict dont le délibéré sera connu le 17 ne suive pas exactement les recommandations de la cour. Peut-être le sursis sera t il appliqué …..
Il devient décidément bien difficile par les temps qui courent de faire reconnaître ses droits élémentaires responsables, tant cela paraît effrayer finalement ceux qui devraient en être les gardiens.

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